Il s'agit bien
d'un château, cet élégant logis, sur une hauteur
près de la gare de Montbrison. Le château Lachèze
a été bâti en 1873, peu de temps après
l'ouverture de l'avenue (1865). Son nom rappelle celui d'une famille
montbrisonnaise qui, sous l'Empire, avait donné un maire
à la ville. En 1950, son dernier propriétaire, le
docteur Plotton, le met en vente.
Le château Lachèze
à vendre
C'est une opportunité pour la Ville. Depuis longtemps,
Montbrison cherche comment installer
correctement un établissement pour l'enseignement secondaire
des filles. Les garçons disposent depuis un demi-siècle
de l'Ecole primaire supérieure.
Pour les filles, il n'existe qu'un petit cours complémentaire
à l'école primaire de la place
Pasteur. Mais, malgré l'extension réalisée
en 1938, Pasteur ne suffit plus. Depuis longtemps, l'administration
presse la municipalité de trouver d'autres locaux.
Le 23 mars 1950, le conseil municipal
visite le château. Il comporte 4 grandes pièces de
35 à 40 m2 au rez-de-chaussée et de deux grandes
salles à l'étage. D'autres salles peuvent servir
à un logement. Le parc a 6 000 m2. Tout cela vaut environ
5 millions de F. Voilà de quoi bien installer les collégiennes.
Le 15 mai 1950, le conseil, à l'unanimité, décide
d'acquérir le domaine. Et un emprunt de 2 380 000 F à
6 % est contracté Des travaux d'aménagement dirigés
par M. Palmier, architecte de la
ville, sont conduits par les entreprises Rochon
et Desfilhes.
Le château Lachèze
est prêt. Le transfert va libérer sept classes à
l'école Pasteur. Il reste
à inaugurer le nouveau cours complémentaire. La
date est fixée au dimanche 30 septembre
1951, juste avant la rentrée scolaire. Le préfet,
le sous-préfet, l'inspecteur d'académie, l'inspecteur
de la circonscription sont invités.
"Un cadre magnifique"
Finalement il y a beaucoup d'excusés. Marius
Vicard, conseiller général, et le maire Victor
Patay sont là mais l'administration préfectorale
n'est représentée que par M. David,
secrétaire général de la sous-préfecture.
M. Guillaume, directeur de l'école
normale de garçons, préside en l'absence des autorités
académiques. Un professeur, Mlle Merle,
remplace la directrice, Mlle Vernat,
malade.
Au vin d'honneur, les discours sont très convenus.
M. Patay justifie le choix de la
municipalité et célèbre "un
cadre magnifique". En effet la nouvelle école
a des cheminées de marbre, des plafonds décorés,
un hall de prestige avec une "riche"
montée d'escalier. Elle est située à flanc
de coteau derrière un rideau de verdure
De sa terrasse
s'ouvre une belle vue sur la ville, la plaine et les monts
du Forez. C'est un peu du château de la Belle au
Bois dormant !
M. Guillaume souhaite une rapide
transformation du cours complémentaire en collège.
Il poursuit par un vibrant éloge de l'école de la
République : "l'école
publique a droit à la sympathie de tous et ne doit être
ni critiquée, ni attaquée ; c'est l'école
de la liberté, de l'égalité
"
Le 5 octobre suivant a lieu
la rentrée. Mlle Vernat, directrice
de l'école Pasteur, qui s'inquiétait beaucoup du
transfert d'une partie de son établissement, n'y exercera
jamais. Elle mourra le 24 novembre 1951,
laissant un grand souvenir. Mlle Andrée
Merle, professeur de sciences, prend la direction de l'école
désormais installée sur deux sites.
En 1964, après 13 années
de vie de château, le cours complémentaire devient
collège d'enseignement général
et rejoint l'avenue d'Allard. En
1967, il y a fusion avec le collège
de garçons issu de l'ancienne école
supérieure
Aujourd'hui les jeux et les
chansons d'une école maternelle égaient la digne
demeure. Pour longtemps, et c'est heureux.