Soleil ou pluie, chaleur ou frimas.
Le temps est un perpétuel sujet de conversation. Aujourd'hui,
comme autrefois, comme toujours. En mai et juin 1889, à
Montbrison, on s'attend au déluge.
Le feu du ciel au Tour de la Roue et à Rigaud
Le
16 mai 1889, vers 4 heures du soir, un violent orage s'abat
sur Montbrison. Pluie torrentielle mêlée de grêle
durant un quart d'heure avec force éclairs et tonnerre.
Et la foudre tombe plusieurs fois.
D'abord au Tour de la Roue, sur
un pavillon du clos de M. Coudour,
avoué, à quelques mètres de sa maison.
Le fluide bouleverse la toiture. Il pénètre
à l'intérieur, traverse une muraille, met en
pièces volets et fenêtres. Enfin il suit et fait
fondre les fils de fer d'une treille avant de rejoindre le
sol. Un ouvrier travaille justement dans ce local. Le plâtrier
Gaurand se trouve dans une pièce
du 1er étage, à quelques mètres. Pendant
quelques instants il a le bras droit et la jambe gauche paralysés.
Fortement choqué, il échappe à la mort
par miracle.
Pour faire bonne mesure, Jupiter frappe presque en même
temps à Rigaud, à deux pas de chez Coudour.
La maison de Joseph Crozet en
fait les frais. Un violent incendie se déclare spontanément.
Les pompiers accourent avec une compagnie du 16e régiment
de ligne et les voisins. Leurs efforts sauvent le mobilier
et le 1er étage de la maison. Il y a tout de même
2 000 F de pertes. La foudre ! Et pourtant, à Montbrison,
elle ne tue jamais, dit-on, et cela tant que les soeurs
Sainte-Claire y auront un couvent. Il est vrai que
Rigaud et le Tour
de la Roue ne sont pas "intra-muros".
Le Vizézy quitte son lit
Cette
année-là, à Montbrison, l'arche de Noé
serait utile. En juin, le chroniqueur du Journal
de Montbrison note avec un certain fatalisme :
"Les orages se succèdent
dans notre région avec une persistance désespérante.
Chaque jour des pluies plus ou moins abondantes viennent détremper
la terre déjà imprégnée outre
mesure ; les rivières et ruisseaux débordent,
causant aux riverains des dégâts sérieux".
Le samedi 22 juin, une trombe d'eau s'abat sur les monts du
Forez, vers la Grande Basane
et Gourgon. Les conséquences
se font vite sentir à Montbrison. "En
quelques minutes le Vizézy déjà grossi
par les pluies journalières, est devenu un torrent
impétueux ; les eaux descendant comme une barre se
précipitaient entraînant tout sur leur passage.
A Montbrison en l'espace d'un quart d'heure le niveau s'est
élevé de 1 m 90, atteignant les clefs de voûte
des ponts Notre-Dame et Saint-Louis.
Dans le quartier Saint-Jean l'eau
monte rapidement jusqu'au trottoir. Le petit barrage près
du pont cède. Le niveau baisse alors un peu mais le
flot libéré cause de gros dégâts
en aval : à l'Abbaye,
à Pleuvey, au Champage.
Les cultures des jardiniers sont ravagées.
De tout temps, dans ce quartier, le plus bas de la ville,
les inondations sont presque une coutume. En 1572,
des maisons de la rue Saint-Jean
avaient été tout bonnement emportées.
Et en octobre 1907, le Vizézy
fait encore des siennes. Vraiment Montbrison n'est pas visité
par "un long fleuve tranquille".