Conception : David Barou
gestion du site : Joseph Barou
questions, remarques ou suggestions
s'adresser :

 

 

Mélanges

L'Etoile contre les Chasseurs :

Match amical !

Match sanglant !


En sport les rencontres amicales ne le sont pas toujours. Et il faut accepter de perdre. Aujourd'hui comme hier, un score peut faire l'objet de polémiques.

11 août 1918 : passionnant match de football à Montbrison. L'équipe du 10e Chasseurs
à pied rencontre la jeune Etoile Sportive Montbrisonnaise. Beaucoup d'engagement physique de part et d'autre. Des maladresses aussi. Le foot est un sport tout nouveau. Chaude ambiance et match indécis : 0 - 0. Qui triomphera des militaires ou des pékins ?

Coup de Jarnac

Et voilà que le lieutenant Würtz qui garde les buts des Chasseurs reçoit un coup de tête en plein visage. Les Montbrisonnais profitent de l'occasion et envoient la balle au fond des filets. L'arbitre ne trouve rien à redire. 1 à 0 pour l'Etoile. Les Chasseurs ont perdu.

Le capitaine Bousquet, chevalier de la Légion d'honneur et Croix de guerre, assiste à toute la rencontre. Il se retire furibond. N'est-il pas le président d'honneur de l'équipe militaire si mal traitée ?

Pourtant le football avait eu d'heureux débuts à Montbrison. L'Armée encourage ce sport propre "à développer la force et l'agilité des futurs défenseurs de la France". La Municipalité a versé 50 F de subvention pour les jeunes recrues. L'équipe militaire a déjà rencontré une équipe à Saint-Romain-le-Puy. Tout s'est bien passé.

Les jeunes gens de Montbrison ont formé depuis peu un club : l'Étoile. Ils défient les Chasseurs. Et ils gagnent. C'est insupportable !

L'officier écrit aussitôt au maire de Montbrison pour protester :

Si le lieutenant Würtz, n'avait pas été blessé, l'Etoile Sportive Montbrisonnaise n'aurait certainement pas eu à marquer un but. Je lui interdis de prendre part à toute nouvelle lutte avec l'Etoile Sportive Montbrisonnaise… Le Match, qui ne serait d'ailleurs pas une revanche entre les deux équipes, la séance de dimanche dernier 11 août ayant eu comme résultat 0 contre 0.

Et il intime aux journalistes d'insérer sa protestation. Et vite, car la 10e compagnie des Chasseurs doit quitter la ville la semaine suivante. Il est obéi.

M. le Maire calme le jeu

Le Maire, "avec sa bienveillance habituelle", approuve la rectification. Il ajoute quelques bonnes paroles pour apaiser les deux camps. Il assure que :

Si quelques-uns de ses jeunes concitoyens, débutant dans la pratique des sports, ont pu céder à la vivacité de leur âge, ils sont animés, comme toute la population montbrisonnaise, des mêmes sentiments de reconnaissance et de grande sympathie pour l'armée. Cette sympathie va spécialement aux chasseurs dont l'allure alerte et fière et la tenue pendant leur séjour à Montbrison ont fourni un si réconfortant exemple.

Rappelons-nous que la Grande Guerre n'est pas encore achevée. Les pioupious ne méritent que des éloges. D'ailleurs dit la chanson : "Dans le lit de la marquise, il y avait quatre-vingts chasseurs", alors…

                                                                                               Joseph Barou

Sources
: Le Journal de Montbrison du 17 août 1918.

Pour en savoir plus : André Guillot, "Sport à Montbrison… Autrefois", Cahier de Village de Forez, n° 9, 2005

[La Gazette du 31 mars 2006]



Une des premières équipes
de football de Montbrison,
celle des P'tits Fifres Montbrisonnais
dans la cour de l'école Saint-Aubrin
( avant 1914)


Retour page accueil