
La Ruche
Première
mutuelle féminine
de la région
C'était
en Forez il y a cent ans :
Les abeilles n'avaient pas le bourdon
Au début du 20e siècle
la mutualité prend son essor. De multiples sociétés
de secours mutuels se créent un peu partout. Montbrison et le
Forez ne sont pas en reste. Voici l'histoire de "La Ruche",
première mutuelle féminine de la région.
Les femmes n'étant pas admises
comme membres actifs dans leur mutuelle, les Ouvriers Réunis
de Montbrison organisent une société filiale. Elle sera
réservée aux femmes. C'est l'une des premières
de la région. La "Ruche"
- un beau nom ! - est fondée le 15 juillet 1904.
Sa première présidente est Marie
Bonnet, épouse de Pierre Bonnet,
fabricant de chapeaux. Ce dernier avait été l'un des fondateurs
des Ouvriers réunis.
Le bureau comprend aussi des enseignantes : Mme Conte,
professeur à l'école supérieure, Mme
Avignant, directrice de l'école laïque et une rentière,
Mme Béal
Un reste de la tutelle
masculine : le notaire Pierre Dupin est
président d'honneur.
Sept candidates pour "un prix de vertu"
De temps à autre, la Ruche décerne des
récompenses aux ouvrières méritantes. En juillet
1904, le bureau doit attribuer le mobilier légué par Marie
Fillerat, veuve Dulac. Il y a sept
candidates.
Après un rapport sur les mérites respectifs de chacune
et vote à bulletins secrets, le bureau l'offre à deux
jeunes filles : Claudia Durand, tisseuse
et Joséphine Mervillon, couturière
C'est un peu un prix de vertu comme pour l'élection d'une rosière.
La mutuelle a un constant souci de moraliser
Une assemblée
générale pleine d'espoir
Le Journal
de Montbrison donne le compte-rendu de la réunion
du 28 janvier 1906. Deux ans après sa fondation, la "Ruche"
affiche une belle santé. Elle a près de cent membres.
Sa situation financière est "très prospère"
: 2 759 F en caisse. Le rapport d'activité fait état de
42 malades soignées. 1 160 F de secours de toute nature sont
allés aux malades ou aux accouchées. En somme, la solidarité
en action.
La Ruche montbrisonnaise
débute sa carrière. Elle va durer plus 55 ans, jusqu'en
1959. La société est alors absorbée par les Ouvriers
réunis de Montbrison. Retour au bercail, donc.
Il reste de cette belle association une superbe bannière
de velours noir brodée d'or que la Diana conserve. Et, surtout,
le travail accompli. Les "abeilles" ont préparé
les esprits pour des évolutions à venir : place de la
femme, démocratie, création de la sécurité
sociale
Ce n'est pas rien.
J. B.
[La Liberté
du 17 février 2006]
Marie Dulac
Madame Dulac,
née Marie Fillerat, veuve d'un adjudant
à la retraite, est inhumée à Moingt le 3 mai 1904.
Elle donne tous ses biens aux sociétés de secours mutuels
: Ouvriers réunis de Moingt, Ouvriers
réunis de Montbrison, Ruche montbrisonnaise,
Pompiers de Montbrison et aux associations
de bienfaisance : 250 F aux écoles laïques de la ville,
250 F aux enfants pauvres, 250 F à l'Harmonie
montbrisonnaise, 250 F au Rallye montbrisonnais.
Une mutualiste de la première heure