On désigne toujours à
Montbrison sous le nom de "Providence de Rigaud" le bel
immeuble dominant la ville des hauteurs de Rigaud dont l'appellation
actuelle est "Maison d'enfants Jean-Baptiste d'Allard".
En
lui donnant, il y a une trentaine d'années, le nom de son
fondateur, le conseil d'administration de la maison rendait un
hommage tardif à un gentilhomme forézien grand bienfaiteur
de notre cité qui, en 1836, s'était plus particulièrement
intéressé au sort des orphelines pauvres. Il avait
fait construire à grands frais sur un terrain lui appartenant
un vaste bâtiment pour les accueillir et les héberger
jusqu'à leur majorité en les rendant capables de
gagner leur vie. Ce fut d'abord par le tissage de la soie et la
fabrication de la dentelle, puis par des travaux de lingerie.
Ainsi naquit la Providence sous la direction des Surs de
Marie-Joseph dont il est bon de rappeler l'historique. Nous devons
ces renseignements à notre ami Jo Barou qui eut dernièrement
le plaisir de rencontrer un groupe de ces religieuses venues à
Montbrison.
Jean Baptiste d'Allard
Les
Surs des Prisons
La
fondatrice de l'ordre se nomme Anne-Marie Quinon. Elle est née
le 8 septembre 1799 à Saint-Priest dans la banlieue de Lyon.
sixième enfant d'une famille de petits commerçants.
Anne-Marie
Quinon (1799-1859)
A
l'âge de dix-huit ans, le 26 septembre 1817, elle est reçue
comme "Charlotte" à la prison Saint-Joseph de
Lyon. Les "Charlottes" étaient des femmes qui,
à Lyon, formaient une société charitable
consacrée à la visite des prisonniers. Elles constituaient
une petite communauté et vivaient dans la prison. En 1819
elles étaient affiliées aux Surs Saint-Joseph.
En avril 1820, Anne-Marie Quinon prend le voile et devient Sur
Saint-Augustin. En 1824, à vingt-cinq ans, elle devient
supérieure de la communauté résidant à
la prison Saint-Joseph de Lyon.
C'est en 1824 que les Surs Saint-Joseph arrivent à
la prison de Montbrison. Elles devaient rester chez nous cent
quarante-neuf ans de 1824 à 1973, date de leur départ
définitif.
Outre
leur présence à la maison d'arrêt, elles avaient
beaucoup d'autres activités. On les rencontrait au "Bureau
de bienfaisance municipal" dans leur maison du Calvaire, distribuant
aux indigents de la soupe et des bons de pain... On les voyait aussi
à l'église Saint-Pierre où elles accomplissaient
diverses tâches matérielles, celle de chaisière
en particulier... Mais elles excellaient aussi à l'ouvroir
où elles initiaient les jeunes filles à des travaux
de broderie et de lingerie...
La
"Providence du Calvaire"
(clichés J. Barou)
On les appelait aussi plus communément les Surs de la
Providence. Nous les avons bien connues avec leurs amples jupes noires
auxquelles s'accrochaient parfois trois ou quatre bambins avides de
protection... Leurs voiles noirs soulignés d'un trait d'azur...
Le bandeau blanc éclairant leur visage... Nous avons connu
aussi la triste cohorte des orphelines tout de noir vêtues elles
aussi, descendant deux par deux de Rigaud pour se rendre à
la messe à Notre-Dame.
Leur seule coquetterie était une médaille
suspendue à un ruban de couleur variant suivant leur âge
: rouge pour les petites, vert ou bleu pour les moyennes, violet pour
les plus âgées !...
Religieuses et orphelines faisaient en quelque sorte partie du paysage
montbrisonnais aussi l'annonce de leur départ, au début
de 1973, jeta-t-elle la consternation dans notre cité. On multiplia
les démarches pour les conserver, mais ce fut en vain ; on
se heurta à une décision irrévocable, motivée,
comme tant d'autres, hélas ! à notre époque par
le manque de vocations religieuses. Celles qui restaient furent rappelées
à la maison-mère du Dorat (Haute-Vienne) et affectées
aux prisons qu'elles servaient encore (celles de Fresnes. Fleury-Mérogis,
le dépôt de la Préfecture de Police de Paris,
la Centrale de femmes de Rennes, Cahors...). C'est pour cela que l'ordre
avait été fondé, les maisons d'enfants et autres
établissements de bienfaisance ne venaient qu'après...
Depuis 1973 il n'y a plus à Montbrison de Surs de la
Providence mais la maison de Rigaud existe toujours. Avec une nouvelle
direction et un personnel qualifié elle continue à recevoir
des enfants confiés soit par la Direction Départementale
d'Action Sanitaire et Sociale (DDASS) soit par le tribunal à
la suite de problèmes familiaux. II y en a actuellement une
cinquantaine.
1967 a vu la création d'un lycée d'enseignement technique
élevé sur le terrain de Rigaud à proximité
de la Maison d'enfants. Il est fréquenté par plus de
deux cents élèves qu'il prépare à des
carrières sanitaires et sociales. A la Maison d'enfants comme
au lycée, le nom de Jean-Baptiste d'Allard est à l'honneur...
Et c'est justice.
Un autre nom qui devrait l'être c'est celui d'Anne-Marie Quinon,
la fondatrice des Surs de Marie-Joseph. Pourtant personne ne
sait qu'après une vie de dévouement et de prière,
elle a voulu venir finir ses jours à Montbrison, dans la maison
de l'ouvroir du Calvaire où elle meurt le 4 août 1859
dans une chambre près de la chapelle. Elle a été
inhumée le 7 août 1859 au Dorat.
Le groupe de religieuses que Jo Barou y a rencontré il y a
quelques jours venait dans notre ville comme en pèlerinage...
Ne serait-ce pas un nom à ajouter au florilège des saints
qui, à travers les âges, ont protégé Montbrison
?
Marguerite-Victor
Fournier
Souvenirs
de Madame Simone Michel
qui a fréquenté l'ouvroir du Calvaire pendant sa jeunesse
pour écouter cliquer ci-dessous
(9 min)
La
Providence de Rigaud
Cartes postales anciennes
Dans
la chapelle
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En
décembre 1916, décès de Mère Saint-Jean-Baptiste,
de la communauté des religieuses de Marie-Joseph de la Providence
du Calvaire
Journal de Montbrison (décembre 1916)
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Ecole de la Providence de
Rigaud
devenue le lycée Jean-Baptiste d'Allard
Spectacle donné dans la salle du Rex le 5 juin 1962
par les élèves de l'école de la Providence de
Rigaud
(clichés
de Marguerite Fournier)
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Centenaire
de la Providence
1836-1936
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2018 : La maison Jean-Baptiste d'Allard se rénove
(article de Laetitia Cohendet, Le Pays du 21 juin 2018)