Quand je suis née, ma grand-mère
dit à mes parents : cette petite il faudra lui parler en
français. Et alors mes parents me parlaient en français
à la maison et puis j'ai grandi et je suis allée
à l'école, à Vallensanges, un petit hameau
de la commune de Lézigneux. Et l'institutrice nous parlait
en français, bien sûr. Mais les petits, entre nous,
à la récréation, ils parlaient en patois.
Eh bien, moi, j'ai appris le patois à l'école, comme
ça.
C'était une école publique, une
école communale. Il n'y avait que
il y avait une
institutrice. Elle était originaire de Lézigneux.
Elle était du hameau de Mérigneux. Elle s'appelait
Marie Thinet [?].
C'était son premier poste d'institutrice. Alors il y avait
C'était une école à classe
Il n'y avait
qu'une classe, quoi. On commençait à aller à
l'école à cinq ans en ce moment. Et puis après,
ça allait jusqu'à quatorze ans. Quand je suis allée
à l'école, moi, j'avais cinq ans et j'étais
dans la même classe que les grands de quatorze ans. Et j'ai
appris beaucoup de choses, à l'école, dans une seule
classe comme ça. Parce que la maîtresse nous donnait
des devoirs, à écrire, n'importe, à compter
et quand nous avions fini nous écoutions ce qui se disait
dans la classe. Et on apprend beaucoup de choses comme ça.
Il a des choses qui étaient rentrées et après,
le jour où j'en ai eu besoin, je les savais.
Ça allait jusqu'au certificat, oui.
[Combien vous étiez
?]
Ouh ! On était beaucoup. Mais combien
? Garçons et filles. On était peut-être une
vingtaine, oui. Peut-être bien.
[C'était dur pour la maîtresse
?]
Peut-être dur, oui. Mais les petits,
les petits n'étaient pas aussi polissons qu'aujourd'hui.
Ils étaient bien plus sages. La maîtresse disait
quelque chose, tout le monde la bouclait. Ça travaillait,
c'est pas comme aujourd'hui. Ce n'était pas comme aujourd'hui,
pas du tout.
A la récréation, nous nous amusions,
nous nous amusions tous ensemble, oui. Les grands jouaient aux
billes [les "gobilles"], les garçons jouaient
aux billes quand c'était le printemps. On jouait souvent
aux gendarmes et aux voleurs. Nous faisons
nous faisions
la ronde. Et puis on jouait - ce qu'on appelait - à la
"patte". Mais alors, à la patte, à la
patte nous nous courrions après et puis, je crois, nous
nous touchions, oui. Nous faisions une ronde et nous chantions
- ça il faut que je le dise en français puisqu'on
chantait quand même en français :
Pon pon passera trois fois, la dernière, la dernière,
pon pon passera trois fois, la dernière restera.
Nous nous tenions par la main et puis la ribambelle
passait dessous. On en arrêtait un à chaque fois
et puis je ne me rappelle plus ce qu'on disait. Ah ! voilà.
Il y avait un choix : Que veux-tu ? Pomme ou poire ? supposons.
S'il y en a une des deux qui se tenaient la main qui était
la poire l'autre était la pomme ou
je ne me rappelle
plus exactement. Et on se mettait derrière, justement.
Ah ! Ça se fait encore ? Ah ! Je ne vais plus à
l'école, je ne le sais pas !
Et puis on jouait, on fait des rondes. On faisait
une ronde et puis on chantait :
Mon père avait un âne
Tout comme toi
Semblable à toi.
Il y en a une qui se mettait au milieu de la
ronde et puis tout le monde chantait :
[En français]
Mon père avait un âne
Tout comme toi
Semblable à toi.
Je crois bien que c'est toi,
Oui, c'est bien toi.
Mon père avait un âne
Tout comme toi
Semblable à toi.
Oui, c'est bien toi.
[Et alors on tendait
la main. Celui (ou) celle qui se trouvait en face de la main]
Reprise en patois :
Celui qui se trouvait en face de la main, il venait prendre la
place de celui qui était au milieu. Et ça recommençait.
Ça durait un certain temps. Il y en a qui jouaient longtemps.
Je ne me rappelle plus bien. Il me faudrait retourner à
l'école.
Ah ! ben, on allait à l'école
avec des sabots ou des galoches si on en avait, bien sûr.
Et à midi, moi je demeurais pas bien loin, alors à
midi, j'apportais mon repas [mon gouta] et j'allais
je mangeais
dans une famille. Et alors il y avait des plats chauds, et j'apportais,
je ne sais pas, un uf
je ne me rappelle plus, il y
a un certain temps de ça. Et puis, le soir, on retournait
à la maison, à pied, à travers les prés.
Et par tous les temps. Et quand il y avait de la neige, parfois,
il y avait des congères dans le pré où on
passait. Et puis il y avait de la glace aussi qui gonflait. Plus
il gelait plus elle gonflait. Et puis quand il y avait des congères,
il fallait faire le tour des congères pour pouvoir trouver
le chemin.