Patois vivant

 


Cliché J. Barou

Ancienne église de Lézigneux


 
 

Souvenirs d'école

par une dame
parlant le patois de Lézigneux


enregistrement dans les années 2000 au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison
, 13, place Pasteur

pour écouter cliquer ci-dessous

(4 min 56 s)

Quand je suis née, ma grand-mère dit à mes parents : cette petite il faudra lui parler en français. Et alors mes parents me parlaient en français à la maison et puis j'ai grandi et je suis allée à l'école, à Vallensanges, un petit hameau de la commune de Lézigneux. Et l'institutrice nous parlait en français, bien sûr. Mais les petits, entre nous, à la récréation, ils parlaient en patois. Eh bien, moi, j'ai appris le patois à l'école, comme ça.

C'était une école publique, une école communale. Il n'y avait que… il y avait une institutrice. Elle était originaire de Lézigneux. Elle était du hameau de Mérigneux. Elle s'appelait Marie Thinet [?]. C'était son premier poste d'institutrice. Alors il y avait… C'était une école à classe… Il n'y avait qu'une classe, quoi. On commençait à aller à l'école à cinq ans en ce moment. Et puis après, ça allait jusqu'à quatorze ans. Quand je suis allée à l'école, moi, j'avais cinq ans et j'étais dans la même classe que les grands de quatorze ans. Et j'ai appris beaucoup de choses, à l'école, dans une seule classe comme ça. Parce que la maîtresse nous donnait des devoirs, à écrire, n'importe, à compter… et quand nous avions fini nous écoutions ce qui se disait dans la classe. Et on apprend beaucoup de choses comme ça. Il a des choses qui étaient rentrées et après, le jour où j'en ai eu besoin, je les savais.

Ça allait jusqu'au certificat, oui.

[Combien vous étiez ?]

Ouh ! On était beaucoup. Mais combien ? Garçons et filles. On était peut-être une vingtaine, oui. Peut-être bien.
[
C'était dur pour la maîtresse ?]

Peut-être dur, oui. Mais les petits, les petits n'étaient pas aussi polissons qu'aujourd'hui. Ils étaient bien plus sages. La maîtresse disait quelque chose, tout le monde la bouclait. Ça travaillait, c'est pas comme aujourd'hui. Ce n'était pas comme aujourd'hui, pas du tout.

A la récréation, nous nous amusions, nous nous amusions tous ensemble, oui. Les grands jouaient aux billes [les "gobilles"], les garçons jouaient aux billes quand c'était le printemps. On jouait souvent aux gendarmes et aux voleurs. Nous faisons… nous faisions la ronde. Et puis on jouait - ce qu'on appelait - à la "patte". Mais alors, à la patte, à la patte nous nous courrions après et puis, je crois, nous nous touchions, oui. Nous faisions une ronde et nous chantions - ça il faut que je le dise en français puisqu'on chantait quand même en français :
Pon pon passera trois fois, la dernière, la dernière,
pon pon passera trois fois, la dernière restera.

Nous nous tenions par la main et puis la ribambelle passait dessous. On en arrêtait un à chaque fois et puis je ne me rappelle plus ce qu'on disait. Ah ! voilà. Il y avait un choix : Que veux-tu ? Pomme ou poire ? supposons. S'il y en a une des deux qui se tenaient la main qui était la poire l'autre était la pomme ou… je ne me rappelle plus exactement. Et on se mettait derrière, justement.
Ah ! Ça se fait encore ? Ah ! Je ne vais plus à l'école, je ne le sais pas !

Et puis on jouait, on fait des rondes. On faisait une ronde et puis on chantait :
Mon père avait un âne
Tout comme toi
Semblable à toi.

Il y en a une qui se mettait au milieu de la ronde et puis tout le monde chantait :
[En français]

Mon père avait un âne
Tout comme toi
Semblable à toi.
Je crois bien que c'est toi,
Oui, c'est bien toi.
Mon père avait un âne
Tout comme toi
Semblable à toi.
Oui, c'est bien toi.

[Et alors on tendait la main. Celui (ou) celle qui se trouvait en face de la main]

Reprise en patois :
Celui qui se trouvait en face de la main, il venait prendre la place de celui qui était au milieu. Et ça recommençait. Ça durait un certain temps. Il y en a qui jouaient longtemps. Je ne me rappelle plus bien. Il me faudrait retourner à l'école.

Ah ! ben, on allait à l'école avec des sabots ou des galoches si on en avait, bien sûr. Et à midi, moi je demeurais pas bien loin, alors à midi, j'apportais mon repas [mon gouta] et j'allais… je mangeais dans une famille. Et alors il y avait des plats chauds, et j'apportais, je ne sais pas, un œuf… je ne me rappelle plus, il y a un certain temps de ça. Et puis, le soir, on retournait à la maison, à pied, à travers les prés. Et par tous les temps. Et quand il y avait de la neige, parfois, il y avait des congères dans le pré où on passait. Et puis il y avait de la glace aussi qui gonflait. Plus il gelait plus elle gonflait. Et puis quand il y avait des congères, il fallait faire le tour des congères pour pouvoir trouver le chemin.

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