Patois vivant

Le 14 mars 2021, Madame Jeanne Rizand, née à Saint-Bonnet-le-Courreau,
a reçu, pour ses 100 ans, Monsieur Bazile, maire de Montbrison. Mariée
à Joseph Rizand, ils ont eu 2 enfants, puis 2 petites-filles et 5 arrière-petits-enfants.décédée à la Toussaint 2021, dans sa 101e année.

(Sources : N°20 d'Ensemble, le magazine de la vie montbrisonnaise de juin 2021)

 

Le loup-garou

raconté par Jeanne Rizand en patois de Saint-Bonnet-le-Courreau

enregistré au débit des années 2000 au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison
, 13 place Pasteur

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 47 s)

(traduction Joseph Barou)

Bonjour [à] tous. Moi, je vais vous raconter le loup-garou. En avez-vous entendu parler, du loup-garou ? Non ? Marinette t'as entendu parler du loup-garou ? Je ne l'ai pas vu mais j'en ai entendu parler.

Mon oncle avait une ferme et puis il avait un troupeau de vaches et une bande d'enfants [gamins]. Ça poussait bien : tous les ans, ça ne ratait pas. Et puis, bien sûr, lui aussi, il n'avait pas assez grand [de terrain] pour nourrir tous ces enfants. Il avait pris une jasserie. Il avait mis… Il montait en jasserie l'été et puis, après, l'hiver, il enfermait les génisses dans une petite loge en allant vers Saint-Bonnet, vers la [P…?], comme on l'appelait.

Bon ! Et puis, bien sûr, il allait servir ses bêtes, matin et soir. Ça après, c'était à mon oncle, après. Et puis, bon, il servait ses bêtes le matin, le soir, ses génisses. Et puis après, le soir, il repartait chez lui, un peu loin. Il fallait bien… il fallait bien plus d'une demi-heure pour s'en aller. Et puis, il eut une rencontre qui le … ? [qui le surprit ?] comme il faut. Il en eut même bien peur. Et qu'il n'était pas peureux ! Henri [de chez] Biolégue (1) – y en a-t-il qui l'ont connu ?

Eh bien ! quand il vint à partir, [il y a] une chèvre qui sortit de derrière un buisson. Il dit : Tiens, il y a quelqu'un qui a encore oublié de faire suivre la [cette] chèvre avec les autres. Ils vont la chercher toute la nuit.

Et la chèvre, elle lui courait après. Elle passait devant, elle passait derrière, tout le temps... Eh ! il se dit : Mais cette chèvre elle n'est pas perdue, cette chèvre. Mais qu'est-ce que ? Mon ami ! Elle doit chercher un bouc. Elle doit chercher un bouc mais, ma foi, je ne sais pas qu'y faire, moi.

Il continuait, il filait. Et toujours elle lui passait devant, elle coupait [le chemin] puis elle passait derrière. Tout par un coup, il réfléchit et dit : Oh ! mais ce n'est pas une chèvre perdue, ça. C'est le loup-garou. On en parlait les jours passés, c'est le loup-garou.

Et mais il dit… Et il l'appelait. Elle s'approchait de lui. Il lui disait : bibi, bibi… Bibi s'approchait mais ne lui tendait que les cornes. Mais, il se dit : elle va me passer un coup dans le ventre !

Cela fit un petit moment, ça. Puis après il dit : ça ne peut pas faire, ça. Ça ne peut pas faire, ce n'est pas une chèvre, c'est le loup-garou. Oh ! mais il dit, attends ! Ça ne va pas durer longtemps.

Il sortit son couteau de sa poche [so saque]. A ce moment, les hommes avaient tous leur couteau dans leur poche, c'est vrai ou pas vrai ? Alors, bon ! Ça fait qu'il sortit le couteau de sa poche et puis appela : Bibi, bibi… Viens ! Bibi viens !

Mais Bibi ne fut pas si bête. Elle ne s'approcha pas trop. Elle lui répondit : Tu m'as bien délivrée.

Voilà, c'était le loup-garou, c'était une chèvre.

(1) Surnom donné à une famille.

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mise à jour le 28 juin 2021