[Le Toine] et la Toinette ramassaient des pommes de terre. Il faut dire que leur garçon était parti au régiment il y a quelque temps. Pendant qu'ils ramassaient des pommes de terre, le facteur monte par le chemin. Il n'y avait pas d'auto à ce moment. Il ne marchait qu'à pied.
Il monte par le chemin et il dit au Toine : J'ai une lettre, ça doit être votre garçon. Alors il donne la lettre au Toine. Le Toine ouvre la lettre. Il lit cette lettre. C'était le garçon, le Guste. Il disait : Je viens en permission dimanche qui vient. Allons, bon ! Le Toine dit à la Toinette : Qu'est-ce qu'on va lui faire à manger à ce garçon ? Il y a longtemps qu'il n'est pas venu. Oh ! ce vieux coq, on va le saigner. On va faire le coq. Ça fera à manger.
Le Toine dit : Tu vas tuer le coq mais si, par hasard, il ne vient pas ? Qu'est-ce qu'on en fera après ? Elle va s'abîmer ["se petafiner"] cette viande.
La Toinette dit: [attrape ?] ce coq, je le plumerai. Elle plume le coq avant de le saigner. Il criait un peu, ça lui faisait mal. Comme ils avaient fini de plumer le coq, le facteur arrive une nouvelle fois, avec une lettre. Il était consigné, le Guste.
- Eh, heureusement ! On a bien fait de ne pas saigner ce coq. Mais c'est que c'est novembre. Il ne fait pas bien chaud. Il va avoir froid ce coq. Qu'est-ce qu'on va faire ?
- Oh Toinette ! Monte seulement au grenier, tu trouveras bien quelque chose dans les placards.
La Toinette monte au grenier. Elle trouve un joli petit gilet avec des petits boutons, bien boutonné, des petites culottes, bien boutonnées. Il était content le coq. Il monte sur le tas de fumier. Et toutes les poules […?]. Il se [grattait ?] sur ce tas de fumier : Ke, ke, ke, ke, content comme tout…
Et puis les semaines passent. Ils ne pensaient plus au coq, bien sûr. Ils continuaient à faire leur travail. Et puis le facteur vient à nouveau avec une lettre. Le Guste, il vient cette fois, c'est sûr. Il vient samedi.
- Eh, Toinette ! Où il est passé ce coq ?
- Mais je n'en sais rien.
Ils vont dans le hameau. Ils montent vers l'Adret, monte, monte à la Chanal… Ils demandent aux gens : Vous n'avez pas vu notre coq ? Et puis ils arrivent, ils arrivent chez le Pierre :
- T'as pas vu mon coq ?
- Ton coq ! Il y en a un, il y a trois jours qu'il est derrière la grange. Il veut "crêter" [cocher] une poule, il ne peut pas se déboutonner.