[J'avais]
cinq ans, pas bien plus. Et ma mère m'avait emmené
"en champ les vaches" avec elle. C'était l'été.
Parce que je faisais un peu le polisson à la maison, alors
elle m'emmena avec elle.
Bon, alors je continue. Alors, avec ma mère j'allai "en
champ" à ce fameux pâturage de Cul-fier.
Et, à côté, il y a [les gens de] chez
Berlande qui avaient un morceau de terre, un pâturage et
une étroite bande de pré (éna lingouéne)
qu'ils fauchaient juste au-dessus de nous. Et il y avait la
mère Berlande qui était "en champ" ses
vaches. Alors, ma mère et moi, nous sommes montés
vers la mère Berlande. Elles raccommodaient, elles bavardaient.
Au bord de cette langue de pré, il y avait deux saules
et puis il y avait deux petites "boutasses" qui avaient
été creusées dans le rocher. C'était
pas grand ; ça pouvait faire - je ne sais pas - deux mètres
carrés. Et puis, la plus profonde, elle pouvait avoir 40
cm. Ce n'était pas bien profond.
Et
moi, pendant qu'elles discutaient et qu'elles raccommodaient,
je m'amusais à attraper les têtards. Et puis, je
ne sais pas comment j'arrangeais, je me penchais un peu trop.
Je ne me retrouvais qu'étendu dans l'eau.
Bon,
ce n'était pas profond, je suis sorti bien vite . Mais
j'étais tout mouillé. Alors, ni une ni deux, ma
mère me deshabilla et mit sécher mes affaires au
soleil.
Bon,
j'avais un peu de limon sur la tête. Elle m'essuya. Et puis,
ma foi, je fus en pénitence tout le soir. Parce que, pieds
nus, assis dans l'herbe, les fesses me piquaient, l'herbe me piquait
les fesses, ç'avait été fauché. Et
je ne pouvais rien faire... en pénitence.
Mais
c'est pas tant l'histoire d'être tombé dans l'eau
mais plutôt que j'avais fait voir mes fesses et tout ce
qui va avec à la mère Berlande.
