Patois vivant



Maurice Brunel en avril 1999
au cours d'une veillée patois
au Centre social de Montbrison

 

La bonde de la cuve

Maurice Brunel

(patois d'Essertines-en-Châtelneuf)

enregistré au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison
, 13, place Pasteur

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 47 s)


Le père Guillot, c'était une histoire de gamin de son grand-père [allusion à l'histoire qui a été racontée précédemment], mais moi, c'est une histoire de gamin qui m'est arrivée à moi. J'avais... Je ne sais pas... Je n'allais pas à l'école encore. J'avais quatre, cinq ans.

Et mon père et mon grand-père m'avaient emmené au jardin. Le jardin, [chez] nous, il était vers la maison vieille qui était à trois, quatre cents mètres de la maison que nous habitions et pour passer, pour aller dans le jardin, il fallait passer par le cuvage. Sous la maison vieille il y avait un grand cuvage et une petite porte qui donnait dans le jardin..

Et moi - je ne sais pas ce qu'ils faisaient au jardin - ça m'embêtait. Je restais dans le cuvage pour m'amuser. Et dans le cuvage il y avait une vieille... un vieux placard, une ancienne armoire mais qui n'avait plus de portes. Et dedans, il y avait des rayons qui avaient toutes sortes de vieilles choses
[barafutaria, barafuterie]. Il y avait des vieux bechus (1) à trois becs plats. Il y avait des vieilles serrures, un peu de tout.

Et je trouvais une hermine, ce dont on se servait, dans le temps, pour équarrir les bois. Et j'essayais de m'en servir parce qu'il y avait de gros morceaux de bois au bord du mur, qui avaient servi de carcasse à un ancien pressoir qui avait une vis en bois. Et j'essayais bien dessus mais je n'y fis que quelques copeaux ["bucheilles"]. Et puis c'était lourd, je n'étais pas bien costaud.

Et puis, en furetant, je trouvai un vieux couteau, un vieux couteau de dans le temps, avec un manche en corne. Ce couteau avait deux lames. Il y en a une, je ne sais pas si elle aurait coupé du beurre parce que... mais l'autre c'était une scie. Je ne sais pas si ça existe toujours ce [genre de] couteau mais il y avait une scie qui avait 10 centimètres de long. Et ça m'intéressait, cela. J'essayais, un peu, sur les morceaux de chêne mais ça les rayait seulement.

Et puis, dans le cuvage, il y avait un pressoir, une cuve, des tonneaux. Je regardais la cuve et je trouvais que la bonde de la cuve était un peu petite suivant la hauteur de la cuve. Alors j'eus l'idée de l'agrandir un peu. Alors je me mis à scier ; ça n'allait pas mal, c'était à ma portée. Et les douelles n'étaient pas bien épaisses, cinq, six centimètres. Elles étaient en chêne mais enfin, tout tranquillement [bellement]...

Mais je fus dérangé. Mon grand-père vint chercher un outil, je ne sais pas quoi, et il me vit. Alors ça ne se passa pas [de] la même [façon] ! Il me sortit le couteau des mains. Il me tira les oreilles et il se mit à gueuler : "Ce petit polisson ! Il est en train d'en faire du propre ! Il esquinte la cuve !" Mon père monta. Bien sûr la cuve... Je vis bien que je n'avais pas vraiment fait du bon travail.

J'avais bien commencé de l'agrandir, le trou, mais que d'un côté, alors ça faisait une encoche. Et, plus tard, pour mettre la fontaine (2), il fallait tailler un morceau de liège dans un bouchon pour boucher et, parfois, cotonner. Alors on dit que les enfants il faut les surveiller comme le lait sur le feu mais je crois que, cette fois, il aurait fallu le faire.

(1) Pioche recourbée pour arracher les pommes de terre.
(2) Gros robinet pour vider la cuve.



La fontaine


re
tour


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mise à jour le 8 août 2011