Le
père Guillot, c'était une histoire de gamin de son
grand-père [allusion à l'histoire qui a été
racontée précédemment], mais moi, c'est
une histoire de gamin qui m'est arrivée à moi. J'avais...
Je ne sais pas... Je n'allais pas à l'école encore.
J'avais quatre, cinq ans.
Et
mon père et mon grand-père m'avaient emmené
au jardin. Le jardin, [chez]
nous,
il était vers la maison vieille qui était à
trois, quatre cents mètres de la maison que nous habitions
et pour passer, pour aller dans le jardin, il fallait passer par
le cuvage. Sous la maison vieille il y avait un grand cuvage et
une petite porte qui donnait dans le jardin..
Et moi - je ne sais pas ce qu'ils faisaient au jardin - ça
m'embêtait. Je restais dans le cuvage pour m'amuser. Et
dans le cuvage il y avait une vieille... un vieux placard, une
ancienne armoire mais qui n'avait plus de portes. Et dedans, il
y avait des rayons qui avaient toutes sortes de vieilles choses
[barafutaria, barafuterie]. Il y avait des vieux
bechus (1) à trois becs plats. Il y avait des vieilles
serrures, un peu de tout.
Et
je trouvais une hermine, ce dont on se servait, dans le temps,
pour équarrir les bois. Et j'essayais de m'en servir parce
qu'il y avait de gros morceaux de bois au bord du mur, qui avaient
servi de carcasse à un ancien pressoir qui avait une vis
en bois. Et j'essayais bien dessus mais je n'y fis que quelques
copeaux ["bucheilles"].
Et puis c'était lourd,
je n'étais pas bien costaud.
Et
puis, en furetant, je trouvai un vieux couteau, un vieux couteau
de dans le temps, avec un manche en corne. Ce couteau avait deux
lames. Il y en a une, je ne sais pas si elle aurait coupé
du beurre parce que... mais l'autre c'était une scie. Je
ne sais pas si ça existe toujours ce [genre
de] couteau
mais il y avait une scie qui avait 10 centimètres de long.
Et ça m'intéressait, cela. J'essayais, un peu, sur
les morceaux de chêne mais ça les rayait seulement.
Et
puis, dans le cuvage, il y avait un pressoir, une cuve, des tonneaux.
Je regardais la cuve et je trouvais que la bonde de la cuve était
un peu petite suivant la hauteur de la cuve. Alors j'eus l'idée
de l'agrandir un peu. Alors je me mis à scier ; ça
n'allait pas mal, c'était à ma portée. Et
les douelles n'étaient pas bien épaisses, cinq,
six centimètres. Elles étaient en chêne mais
enfin, tout tranquillement [bellement]...
Mais
je fus dérangé. Mon grand-père vint chercher
un outil, je ne sais pas quoi, et il me vit. Alors ça ne
se passa pas [de]
la même
[façon] !
Il me sortit le couteau des mains. Il me tira les oreilles et
il se mit à gueuler : "Ce petit polisson ! Il est
en train d'en faire du propre ! Il esquinte la cuve !" Mon
père monta. Bien sûr la cuve... Je vis bien que je
n'avais pas vraiment fait du bon travail.
J'avais
bien commencé de l'agrandir, le trou, mais que d'un côté,
alors ça faisait une encoche. Et, plus tard, pour mettre
la fontaine (2), il fallait tailler un morceau de liège
dans un bouchon pour boucher et, parfois, cotonner. Alors on dit
que les enfants il faut les surveiller comme le lait sur le feu
mais je crois que, cette fois, il aurait fallu le faire.
(1)
Pioche recourbée pour arracher les pommes de terre.
(2) Gros robinet pour vider la cuve.
La
fontaine
retour