Patois vivant



Maurice Brunel en avril 1999
au cours d'une veillée patois
au Centre social de Montbrison

 

Une farce

Maurice Brunel

(patois d'Essertines-en-Châtelneuf)

enregistré au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison
, 13, place Pasteur

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 24 s)


A Essertines, il y a quelques années... Je vais vous parler de ce qui s'est passé à Bard. Je connais un peu Bard, étant gamin [j'y suis resté] mais je n'y étais plus à cette époque ; ça se passait au temps de la guerre d'Algérie mais je ne me rappelle plus l'année. Mon cousin - enfin le cousin germain de mon père - était mobilisé en Algérie. Alors un samedi, il trouva mon père ; il trouva mon père et ils convinrent que j'aille lui "donner la main" pour la machine [le battage]. Et j'y allai pour la machine.

A midi, il y a le Marcel Joannin de Prassouroux, qui est mort il y a quelques années, qui se mit à raconter - je ne sais pas comment cela "tomba sur la table" - [une histoire] sur les farces. Et il se mit à raconter une farce qu'on lui avait faite. Je me rappelle toujours, il était assis à côté de moi. Et ça se passait pour la mi-août à Essertines, ça. La nuit de la mi-août, du 15 au 16. A cette époque la mi-août c'était toujours le jour, ce n'était pas, comme aujourd'hui, avancé ou reculé.

[une voix de femme]
C'est pas avancé, c'est toujours le jour, le jour...

Ah ! mais, aujourd'hui, les fêtes, non ! A Essertines, la fête, ils avancent la fête. Ah ! mais pas la fête religieuse...

Et cette fois, la nuit, c'était clair de lune. Et Marcel Joannin, il avait une terre d'avoine qui était moissonnée et les gerbes étaient liées par terre. Et le lendemain, le lendemain de la mi-août, quoi, il alla pour "accrocher" [rassembler] ses gerbes. Qu'est-ce qu'il vit : en passant la nuit, on lui avait fait un "cuchon".

[une voix dans l'assemblée] Il avait de la chance !...

Et il ne sut pas qui c'était. C'était des "vaillants" [courageux]. C'était des jeunes qui étaient allés à la fête à Essertines et "en se rendant" [en rentrant], ils dirent : "On va faire une farce à Marcel". Alors ils se mirent à rassembler les gerbes et firent un "cuchon" mais le "cuchon" était cuché à rebours. Il était cuché l'épi plus bas que le derrière de façon à ce que, s'il avait plu, ça boive la tasse. Et il ne savait pas qui c'était...

Un samedi - enfin je ne me rappelle plus exactement comment il l'a raconté - il trouva une bonne femme du Montel, une veuve. Je ne sais pas de quoi ils discutèrent. Elle lui dit : "J'ai un garçon, je ne sais pas où ils ont passé le jour de la fête à Essertines. Il "s'est rendu" [est rentré] c'était pas jour [juste avant le lever du jour], ses habits tout "bouduchonnés" [fripés] et les pleines poches de "baloufe" [balle] d'avoine..."

Alors il dit : "J'en connais déjà un !" Je crois bien que le jour où il l'a racontée [cette farce], à la machine, à table, il y en avait deux autres qui y étaient.



Un jour de battage


re
tour


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mise à jour le 5 août 2011