Patois vivant



Maurice Brunel en avril 1999
au cours d'une veillée patois
au Centre social de Montbrison

 

Le petit sonneur de cloches de Bard

Maurice Brunel

(patois d'Essertines-en-Châtelneuf)

enregistré au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison
, 13, place Pasteur

pour écouter cliquer ci-dessous

(3 min)


J'allais en vacances chez ma grand-mère, enfin ce n'était pas chez ma grand-mère, c'était chez son frère, le tonton Pierre, chez Grillet, au bourg de Bard. Et il [tonton Pierre] faisait le marguillier, il sonnait les cloches. Et de temps en temps, j'allais - quand il y avait des noces, des choses comme ça - , jallais avec eux parce que Marcel y allait avec son garçon [son fils]. Nous montions au clocher.

Pour monter au clocher, les escaliers en pierre en colimaçon sont en dehors de l'église et, après, il y avait une montée d'escalier en planches, en bois. Et pour monter à la grosse cloche, il fallait grimper par une échelle parce que, la grosse cloche, on ne la balançait plus. Je ne sais pas si le clocher n'était pas assez solide, ce qu'il y avait. Elle était fixée en haut, elle ne bougeait pas. Alors il fallait monter par l'échelle sur des planches et puis balancer le battant à la main, quoi ! Au-dessous - Marcel - il y avait une petite cloche. Et il y avait deux poignées. Je ne sais pas si elles étaient attachées avec des cordes ou des chaînes, et ça fait un peu le carillon, je ne sais pas quoi, quelque chose comme ça.

Bon ! Mais moi, j'y montais, je regardais, ce n'était pas moi qui sonnais les cloches. Mais quand c'était midi, parfois, on m'envoyait sonner midi. Bon ! Sonner midi, j'étais bien content. Je me gonflais un peu [de fierté] parce que ce n'était pas tout le monde qui allait tirer les cordes à l'église pour sonner les cloches !

A midi, ça allait mais parfois [des moments], c'était l'hiver, ils m'envoyaient le soir pour sonner l'Angélus. Oui, mais enfin, à midi, il faisait jour tandis que le soir c'était nuit. Et moi, je ne voulais pas leur dire que je ne voulais pas y aller. Mais j'avais un peu la frousse, même beaucoup. Parce que, l'hiver, il fait nuit. Je ne sais pas à quelle heure on sonnait l'Angélus. Sept heures ? C'était nuit.

Alors, bon, je sortais de la cour. Jusqu'à la route ça allait mais après il fallait prendre la rue qui descend à l'église. A gauche il y avait la maison des soeurs où il n'y avait personne. C'était abandonné. A droite, c'était chez le "Pejou". Il n'y avait que le petit Pallay qui y habitait mais la cuisine était de l'autre côté, du côté de Jean ...? De là [du côté de la route] c'était l'ancienne salle du café. Dessous c'était la Grand' Marie. La Grand' Marie habitait dans la cour. Je la connaissais bien parce que, parfois, ma grand-mère m'envoyait garder les chèvres par les adrets de Bard et je prenais celles de la Grand' Marie en passant. Mais enfin, la nuit... Et en face il y avait l'ancien cimetière. L'ancien cimetière, le jour nous nous y amusions, mais la nuit... bon !

Je rentrais dans l'église - ce n'était pas que c'était bien loin, ça fait 30 à 40 mètres de chez Grillet - , par la petite porte, une marche d'escalier et dans le noir. Il n'y avait qu'une lumière au choeur. Et, bien sûr, je sonnais puis je fermais la porte et je me "ramassais" en vitesse parce que j'avais la frousse.

Et quand j'arrivais [à la maison] parfois on me disait : "Tu as bien fait vite, aujourd'hui !" Le soir on sonnait trois fois trois coups. Il y a, des fois..., je n'en sonnais que huit parce que j'étais tellement pressé...

 

Vé Bar



Au bourg de Bard

                 

                                                                            Il faisait le marguillier, il sonnait les cloches...

La rue qui descend à l'église


Il n'y avait qu'une lumière au choeur...


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mise à jour le août 2011