Patois vivant


 



Célestin Masson

Blancs et Rouges à Roche en 1927

 

 

Blancs et Rouges à Roche en 1927

Célestin Masson

(patois de Roche-en-Forez)

souvenirs enregistrés au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison, rue de Clercs, au début des années 80

pour écouter cliquer ci-dessous

(3 min 4 s)

En 1927 ou 1928, je n'étais pas encore électeur, je ne sais pas à quelle élection, il y en a eu en 1921. En 1927 ou 1928, élections municipales : alors à Roche il y avait… Ils étaient six [contre] six. Six Blancs, six Rouges, comme dit l'autre, ils allaient tous à la messe, qui étaient les plus blancs, les plus rouges, personne n'en savait rien.

Alors, à ce moment, c'était Grandpierre qui était maire. [Il y avait] mon père qui y est resté [au conseil municipal] je ne sais pas combien de temps aussi et puis l'autre Catchine (1), et compagnie. Et alors je ne sais pas ce qu'il y a eu pour les élections, non pour la 44 dont on a parlé, pour l'ancienne route qui passait là. Il fallait passer un peu plus haut. Ça coupait le morceau de celui-ci, ça ne coupait pas le "machin" de l'autre… Il fallait passer sous la Griotte (2), ils avaient passé un peu plus bas. Alors il y avait toujours six voix contre six. Le préfet, à la fin du compte, casse le conseil municipal : de nouvelles élections !

Bon ! Je ne sais ce qu'il y a eu comme "machin" [élection]. L'instituteur - nous autres, à Roche - nous monte le coup - une bande de barbichus, [alors] qu'on n'avait pas de barbe du tout, quoi… Je vois toujours la table de la mairie qui était comme ça. On avait 160 électeurs. Alors, au deuxième tour - je ne sais pas si c'était la gauche qui avait fait trop de propagande qui n'était pas comme il faut - les autres gagnaient de quatre ou cinq voix. Alors, pousser la table, comme ça, toc ! Tout par un coup la table à la renverse, la lampe par terre. Je ne sais pas qui…, ce n'est pas moi toujours, [mais] dans l'urne, quand le calme est revenu il manquait quarante bulletins. Quarante bulletins, alors donc, de ce coup, pour les élections d'après, quoi, ce fut Grandpierre qui fut renommé maire par le préfet, de ce coup, à cause des élections.

Alors ça ne fit pas la propagande pour la gauche parce que la seconde fois, il n'en resta que trois [conseillers] : mon père, Martin chez Griot et Pierre Forestier […]. Ça va, alors cette fois que je te dis, alors - je ne sais pas si nous étions plus batailleurs ou plus bandits, je n'en sais rien - mais alors, à la sortie du dépouillement, il y avait chaque café, ils se suivaient, quoi. Alors voilà, quand Marcoux partait, ils [ceux de l'autre camp] lui partent derrière, le patron, je ne sais pas qui… Les Blancs partent après mon "machin"… [Alors ils arrivent à Rocheberanne (3), chez Catchine, encore une fois ?], tous serrés dans cette cour, je ne sais, on se disputait fort [chani : aigre]. Il y avait des draps qui séchaient chez Durel, là-bas, une perche dans le fumier et le drapeau blanc sur le tas de fumier…

Ah ! mais à Roche… [voix de femme, en français]

Ça se bagarrait dur [Célestin Masson, en français].

Ils n'ont jamais rien pu faire parce qu'ils étaient toujours à se tirailler [voix de femme, en français].

Alors après, deux trois jours après, Pierre Rouzan, mon oncle, qui va aux Massons (4) faire de l'huile. Et aux Massons, ils l'avaient su. On lui dit - parce que Martin Catchine, de ce coup, je ne sais pas s'il avait été serré à la gorge [lé corniole], pas par moi, non plus, - il était resté enroué. Alors, on lui dit :

- Qu'est-ce qu'il y avait à Roche, que les gendarmes sont montés ?

Alors l'autre lui dit :

Il n'y a rien du tout que Martin Catchine qui avait avalé [… ?]


(1) Surnom d'une famille de Roche.
(2) Hameau de Roche.
(3) Hameau de Roche.
(4) Hameau de Saint-Bonnet-le-Courreau, sur le Vizézy, avec un ancien et important moulin.

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mise à jour le 7 avril 2013