Patois vivant


 



Célestin Masson

Les feux de joie

 

 

Les feux de joie

Lou railli


Célestin Masson

(patois de Roche-en-Forez)

et une dame de Champdieu

souvenirs enregistrés au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison, rue de Clercs, au début des années 80

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 19 s)

Célestin Masson, de Roche, et une autre personne, de Champdieu, racontent les feux de joie qui étaient organisés dans les villages des monts du Forez au moment de Mardi gras avant 1939.

Et alors, nous aussi, c'était les jeunes mariés qui étaient du hameau, quoi,
[qui avaient les honneurs du feu de joie]. Alors c'était eux, quoi, qui sautaient. Ils faisaient sauter la mariée. C'est elle qui allumait le feu, la plus jolie... Alors, comme vient de dire la camarade, s'il y avait [eu] un décès dans le hameau, alors, là, le feu de joie n'avait pas lieu.

Alors nous, nous étions de Montvadan, mon hameau à moi, nous allions le faire à la Griotte. On changeait de ferme, tu laissais... Il y avait quand même un petit feu de joie. Après le feu de joie, nous, on avait bal ; ça se terminait tout le temps comme ça, chez nous. Alors, naturellement, il ne fallait pas partir, comme je viens encore de dire...

On tournait. Nous, on faisait des "brandes", des brandes de paille
[des flambeaux], comme ça, qu'ils faisaient tourner, qui faisaient des feux d'artifice tout autour du machin [ le feu de joie]. En principe, s'il y en avait d'autres, des étrangers au hameau, ils venaient masqués, déguisés en toutes sortes..., une peau de lapin, s'il n'avaient pas autre chose sur la figure.

Alors pour lui faire "choser" [pour le démasquer], ils lui faisaient filer la brande de paille sous le nez, pour lui raser la barbe. Ce n'était jamais trop dangereux comme ça, mais enfin...

Quand le feu était éteint, ça se passait dans la première petite salle ; on faisait un petit bal quoi... pour la jeunesse... même les vieux qui venaient boire un petit canon...

[la dame de Champdieu]

Les jeunes ramassaient des [tiges de] topinambours, des brindilles, des fagots, tout ce qu'ils trouvaient. Quand ils trouvaient un paysan qui voulait donner quelques fagots de genêts, ils étaient bien contents. Mais c'est que les paysans, ils les brûlaient, les fagots, ils ne voulaient pas toujours les donner.

- Ils ne pouvaient pas les faire [les fagots], les jeunes ?

- Mais les jeunes, ils travaillaient bien un peu mais ils n'avaient pas bien le temps, vous comprenez ?

Alors ils faisaient quand même un bon tas. Et alors, le jour du Mardi gras, ils y mettaient le feu. Et puis alors ils avaient des pétards, il y en avait... Je me rappelle, une fois, il y avait un boulanger, de chez moi, à Champdieu, un boulanger qui aimait bien s'amuser. Alors un jour il dit :

- Oh ! là, là, attendez, je fais bien en faire péter.

Vous savez les pétards, ça se vend par paquet, des paquets de - je ne sais pas - de dix vingt... Il allume un pétard en croyant de le détacher. Mais le pétard ne se détacha pas, il resta dans le paquet. Le paquet péta tout à la fois ; ça lui arracha tout l'intérieur de la main. Il y en a un qui dit : Eh oui ! ça a bien pété !

Eh oui ! ça a bien pété et lui se dépêcha de courir sous le robinet pour y mettre la main...

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mise à jour le 29 septembre 2010