Marthe Défrade (de
Châtelneuf) au
cours d'une veillée Patois Vivant
au Centre social de Montbrison
en avril 2004
La
valise
Marthe
Défrade
(patois
de Châtelneuf)
enregistrée
au cours d'une
veillée du groupe Patois Vivant
dans les années 2000
au Centre social de Montbrison,
13, place Pasteur
pour écouter cliquer ci-dessous
(2 min 26 s)
Petite
histoire souvent racontée avec des variantes au cours des
veillées patois.
Moi, toujours
sur les mariages Mais il y a cinquante ans, de ça.
Alors, on ne marchait qu'à pied. On ne marchait pas
Les plus riches avaient une moto. Alors c'était deux jeunes
qui se mariaient, un de Saint-Bonnet et un de Sauvain, je ne sais
pas d'où
Et puis
après ils portaient leurs dragées [farmailles]
mais alors ce n'était pas comme aujourd'hui. Tu commençais
à te fréquenter pour le dimanche de Quasimodo, tu
allais "garder les agneaux". Et puis les filles et les
garçons ne se connaissaient qu'en champ [en
gardant les bêtes].
Tu n'allais pas dans les boîtes de nuit comme ils vont aujourd'hui.
Et puis il ne fallait pas se faire voir au commencement, il ne fallait
pas D'abord le dimanche des Rameaux, tu ne fréquentais
pas, le jour de Pâques tu ne fréquentais pas
Alors le dimanche de Quasimodo tu "gardais les agneaux
(1)"
- Et [tu]
embauchais les nigauds ! [yaro
: nigaud, niais, demeuré]
[intervention
d'une dame]
- Eh oui !
Bon, enfin, ces deux jeunes voulaient se marier. Puis après,
bon, ils se marient. Pour se marier ils ne mettaient pas autant
de temps qu'aujourd'hui. En quinze jours c'était fait. On
faisait les fiançailles, quinze jours après tu te
mariais. Enfin il fallait acheter les bagues, il fallait faire des
papiers quand même. Alors ces deux jeunes ils étaient
en moto. Ils descendirent, ils allèrent à Boën.
Ils allaient acheter leurs bagues de fiançailles. Et ils
arrivèrent à Boën c'était un peu tard,
les magasins étaient fermés. Et ils dirent : "Que
faire ?" Il n'y a qu'à aller à l'hôtel.
Ils allèrent à l'hôtel [ ?]
soit-disant. Et ils n'avaient pas de chambre. Ils n'avaient qu'une
chambre pour deux. Et alors [adon
(2)]
on ne couchait pas ensemble avant de se marier
Alors la
maîtresse
(3)
dit : "Mais il y a un grand lit, j'ai une grande valise. On
va mettre la valise au milieu. "Ils mirent la valise. Ils dormirent
toute la nuit, ça se passa très bien [fran
bion].
Et puis après, le lendemain, il fallait remonter à
Sauvain. Alors ils remontaient en moto. A cette époque [adon]
les jeunes avaient des chapeaux, des chapeaux à voilette
et compagnie. Et en montant il faisait un peu de vent. Le vent emporta
le chapeau. Et le jeune dit : "Oh ! la la ! Ne bouge pas !
Je vais descendre pour aller chercher le chapeau." Il fallait
sauter une muraille.
"Ah ! - elle lui dit - c'est pas la peine de descendre, cette
nuit tu n'as pas pu sauter la valise !"
(1) En se
laissant courtiser par n'importe qui.
(2) Adoune : alors, en ce temps-là, cf. Louis-Pierre
Gras, Dictionnaire du patois forézien, 1863.
(3) Il s'agit de la jeune fille, "presque" mariée
et déjà considérée comme la "maîtresse",
femme du maître.