Les
vendanges, comme toujours, il fallait se lever de bonne heure.
Il fallait partir à cinq heures du matin pour descendre
[de Châtelneuf à la vigne, près de Montbrison].
Il fallait descendre à pied et remonter, tous les jours.
Et quand arrivait le soir - facilement il pleuvait - il fallait
remonter à pied et faire le travail [soigner
le bétail] . Et le lendemain,
il fallait recommencer comme si... pendant huit jours de suite.
Et on faisait tout à pied.
Et
maintenant, pour vendanger, il y avait des jeunes, des vieux,
de tout. Les vieux faisaient aussi bien les jeunes comme les jeunes
[se comportaient de la même manière ?].
Alors,
il ne fallait pas laisser de raisins dans les ceps. Ce n'était
pas comme aujourd'hui ! Parce que, autant de raisins
tu laissais, autant de "batiolées" tu recevais
[rires].
Alors,
une batiole ? On t'attrapait. Un t'attrapait par les épaules,
l'autre t'attrapait par les pieds ; et un autre faisait l'âne
par dessous [rires]...
Et
aux repas ? Qu'est-ce que vous mangiez aux repas ?
[question
d'André Guillot]
Eh bien ! on mangeait le matin : jambon, saucisson... En arrivant
à la vigne, on mangeait, des fois, un morceau de pâté
; ça dépend, parce que tu avais dîné
à six heures du matin pour partir alors tu étais
à la vigne à huit heures. C'était déjà
bien digéré ce qu'on avait mangé.
De
Châtelneuf tu descendais à Champdieu ou tu venais
aux Royats [Montbrison]
, ou aux Grands Champs. Nous c'était aux Royats ; il fallait
bien y aller jusqu'aux Royats. Et maintenant, la vigne, c'est
la Ville qui nous l'a prise. Il fallait compter une heure, une
heure et demie pour monter.
A
midi, tu mangeais jambon, saucisson... Alors on portait des salades
de pâtes, de machin... et fromage. A quatre heures on mangeait
à nouveau jambon, saucisson. Le soir, ils mangeaient du
civet... le civet, la soupe.
Et
en montant, il ne se passait rien ? [question
de Gilbert Passel]
Eh
ben ! en montant, ça dépend ! ça dépend
comme on marchait vite. Des fois, tu marchais vite, des fois tu
mettais plus longtemps, ça dépend.
Mais
maintenant, c'est pas les jeunes qui le feraient, maintenant...
Parce que il fallait le faire tous les jours, huit jours de suite.
Ceux qui avaient beaucoup de vin, chez Meunier, au bourg, ils
avaient... Il fallait compter huit jours. La vigne était
aux Grands Champs [commune
de Champdieu].
Huit jours à descendre avec les boeufs. Et il fallait partir
des Grands Champs à deux heures de l'après-midi
pour arriver à sept heures du soir au bourg. Ils avaient
grand de vigne. Il fallait compter huit jours de suite. Les boeufs
montaient trois bennes. Eh bien, tu avais sept, huit [vendangeurs]
au
moins, chaque jour. Tu la
laissais
[la
vendange] à
travers la vigne. Si c'était maintenant, le lendemain,
tu ne trouverais plus rien.
Et
puis après il fallait tirer le vin. Il fallait décharger
les bennes en arrivant ; ça se faisait tout à la
veillée. Alors les veillées commençaient
au mois d'octobre, parce que ça se faisait tout à
la veillée.
Et
puis après, il fallait écraser... On ramassait des
pommes. Il fallait écraser les pommes. On passait le vin
de pomme sur le "gène"
[marc de raisin] comme
on disait.
En
automne, il fallait trier des noix. On ramassait des noix mais
il fallait toutes les "décaqueter" [enlever
le brou] pour
les apporter au marché le samedi. Tout aux veillées.
On ramassait des raves. Dans le temps, il fallait trier les raves
pour les donner aux vaches. Elles ne pouvaient pas les manger
toutes rondes. Alors ça se faisait tout aux veillée.
Il y avait pas de télé en ce moment. Quand on était
une bande, tu riais bien parce que la veillée durait plus
que... On se mettait deux ou trois pour le faire...
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