Eh ben, ma foi, ça se passait comme [pour] toutes les vendanges. Ils montaient d'abord les bennes. On allait vendanger, [alors qu']on avait encore des paniers en "ambre" [mot local pour osier], en osier. C'était lourd comme tout, quand c'était mouillé. Pour les mettre dans la hotte, pour les mettre dans la hotte, on "guenillait", moi qui n'ai jamais été grande !
Je tenais à peine ma rangée. Enfin, on m'aidait un peu, enfin, bon. Alors, ceux qu'il y avait ? Les copains, les voisins qui nous aidaient… Et puis alors, bon, il y avait un bon "goûtaron" (1)… un bon petit repas... enfin un déjeuner, un casse-croûte, le matin.
- Ça se faisait dans la vigne, ça ? [question d'André Guillot]
C'était à la vigne, oui. A la vigne, bon, quelques-uns venaient avec un panier à provisions. Alors on mangeait un casse-croûte et puis on recommençait jusqu'à midi. Et puis, à midi, il y avait souvent le civet, le jambon, les pommes de terre au four […?] et puis souvent un civet ou un pot-au- feu - un bouilli [buye] ils appelaient ça. Bon.
Et puis après il fallait seulement repartir. Et alors, on se dépêchait, les jeunes, nous autres, de finir parce que, d'abord, s'il y avait des garçons, ils nous faisaient la "batiole (2)". La batiole, qu'est-ce que c'était ? Eh bien, ils nous attrapaient derrière l'épaule, "par" les jambes. Il y en avait un qui se mettait dessous et ils nous tapaient les fesses sur le dos de… Voilà, bon !
Mais après, on se dépêchait de descendre, avant les bennes, on se dépêchait parce qu'on allait faire un petit tour de danse, chez Bouchet. Il y avait un "brunophone (3)". Ils le savaient [que nous vendangions], chez Bouchet. C'est un peu comme ça que ça se faisait, quoi.
Et puis après, on redescendait, bien sûr. Et voilà, voilà, je ne sais pas que vous dire, moi.
- Eh ben, c'est bien ! Il fallait rendre le temps chez les autres ? [André Guillot]
On se rendait le temps. Si, par exemple, il y avait des jeunes qui étaient venus chez nous, nous autres on allait chez eux. On ne se rendait que le temps, hein !
- Repas léger pris dans les champs.
- Batioler : basculer.
- Sorte de piano mécanique.