Patois vivant

Les vendanges

Marie Coiffet

 

Les vendanges

une histoire de Marie Coiffet (née en 1919) enregistrée au début des années 2000
au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison


(patois de Champdieu)

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 15 s)

(traduction : Joseph Barou)

Eh ben, ma foi, ça se passait comme [pour] toutes les vendanges. Ils montaient d'abord les bennes. On allait vendanger, [alors qu']on avait encore des paniers en "ambre" [mot local pour osier], en osier. C'était lourd comme tout, quand c'était mouillé. Pour les mettre dans la hotte, pour les mettre dans la hotte, on "guenillait", moi qui n'ai jamais été grande !

Je tenais à peine ma rangée. Enfin, on m'aidait un peu, enfin, bon. Alors, ceux qu'il y avait ? Les copains, les voisins qui nous aidaient… Et puis alors, bon, il y avait un bon "goûtaron" (1)… un bon petit repas... enfin un déjeuner, un casse-croûte, le matin.

- Ça se faisait dans la vigne, ça ? [question d'André Guillot]

C'était à la vigne, oui. A la vigne, bon, quelques-uns venaient avec un panier à provisions. Alors on mangeait un casse-croûte et puis on recommençait jusqu'à midi. Et puis, à midi, il y avait souvent le civet, le jambon, les pommes de terre au four […?] et puis souvent un civet ou un pot-au- feu - un bouilli [buye] ils appelaient ça. Bon.

Et puis après il fallait seulement repartir. Et alors, on se dépêchait, les jeunes, nous autres, de finir parce que, d'abord, s'il y avait des garçons, ils nous faisaient la "batiole (2)". La batiole, qu'est-ce que c'était ? Eh bien, ils nous attrapaient derrière l'épaule, "par" les jambes. Il y en avait un qui se mettait dessous et ils nous tapaient les fesses sur le dos de… Voilà, bon !

Mais après, on se dépêchait de descendre, avant les bennes, on se dépêchait parce qu'on allait faire un petit tour de danse, chez Bouchet. Il y avait un "brunophone (3)". Ils le savaient [que nous vendangions], chez Bouchet. C'est un peu comme ça que ça se faisait, quoi.

Et puis après, on redescendait, bien sûr. Et voilà, voilà, je ne sais pas que vous dire, moi.

- Eh ben, c'est bien ! Il fallait rendre le temps chez les autres ? [André Guillot]

On se rendait le temps. Si, par exemple, il y avait des jeunes qui étaient venus chez nous, nous autres on allait chez eux. On ne se rendait que le temps, hein !

  1. Repas léger pris dans les champs.
  2. Batioler : basculer.
  3. Sorte de piano mécanique.

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