De
djïn le tan le burou ne se faye pè kouma ouro.
O se faye tout a la man. Voué kou n'y ave ji de machine
a ko mouman.
E betavon la kréma dedjïn d'espésse de
biche in gré ; n'y ave de petchtoune, n'y ave de grande.
E é léssavon kela kréma sékan
de jor tchi, juska se kél'ére in pok épéssi.
Apré kelé biche ou y avè in partu o fon,
avé ïn bouchon.
E l'inlevave ko bouchon ; ou sourte ïn èspéssi
d'égo ke se séparave de la kréma è
ké gardavon po lu peur ; él'èron byan
kontan.
Apré é prenyon ina grande bagueta, ina granda
kuyéri in bo è é batyon tyin lontan,
de vé doué our, po fouére prindre kela
kréma ke devene le burou ; è kant le burou ère
pré, ko kouminsave de se separè é l'y
betavon oun pouk d'égo dedjïn è é
batyon toujour tyin ; è kan le burou ère byan
séporo, ïn gro morsyo, é retchiravon le
bouchon de ko partu è ou sourte ïn éspéssi
d'égo touto blanchi.
Kel'égo é s'apelave la burèt è
vouère bon a beur, tou le monde o z'ouamavon byan.
E fayon sotre kela burèt è éz y betavon
dïn lè, è apré é n'in fayon
de barato. E kouzyon ïn tourchon, ina gueniyi in pouïntchi
è é betavon tyin ké l'avyon foué
chofè ;è ou se kayave è ou faye de barato
; è tou le monde, le devéssé, é
minjavon de barato.
Le burou apré é le sourtyon de kelé biche
; é le betavon djïn léspéssi de
benon in bo, é betavon d'égo, è lavavon
tyin, zu batyon byan juska se kou ne sinte plu l'égro,
ke le burou ère byan proprou. Apré n'in fayon
de tchité moulete de djemé livro, d'ina livro.
E
portavon tyin o marché, byan sur, è le payizan
n'in minjave pa ïn gro moursé po zu pourtè
vindre, po li fouére katr so !
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Dans
le temps le beurre ne se faisait pas comme aujourd'hui. Il
se faisait tout à la main. C'est qu'il n'y avait pas
de machine à cette époque.
On mettait la crème dans une sorte de biche en grès
; il y en avait des petites, il y en avait des grandes. Et
on laissait cette crème là beaucoup de jours,
jusqu'à ce qu'elle soit un peu épaisse. A cette
biche il y avait un trou au fond, avec un bouchon.
On enlevait ce bouchon ; il sortait une sorte d'eau qui se
séparait de la crème et qu'on gardait pour les
porcs ; ils étaient bien contents.
Après on prenait une grande baguette, une grande cuillère
en bois et on battait ça longtemps, parfois deux heures,
pour faire prendre cette crème [et] qu'elle devienne
le beurre ; et quand le beurre était prêt, qu'il
commençait de se séparer on mettait dedans un
peu d'eau et on battait toujours ça ; et quand le beurre
était bien séparé, en gros morceaux,
on retirait le bouchon du trou et il sortait une sorte d'eau
toute blanche.
Cette eau s'appelait la "burette" et était
bonne à boire, tout le monde l'aimait bien. On faisait
sortir cette "burette" et on la mettait à
part, et après on en faisait du "baratton"(1).
On cousait un torchon, une guenille en pointe et on mettait
ce qu'on avait fait chauffer ; et ça caillait et faisait
du "baratton" ; et tout le monde, le soir, mangeait
du "baratton".
Le beurre ensuite on le sortait de ces biches ; on le mettait
dans une sorte de baquet en bois ; on mettait de l'eau, on
lavait ça, on le battait bien jusqu'à ce que
ça ne sente plus l'aigre, que le beurre soit bien propre.
Ensuite on en faisait des petites molettes d'une demi-livre,
d'une livre.
On portait ça au marché, bien sûr, et
le paysan n'en mangeait pas un gros morceau, pour le porter
vendre, pour lui faire quatre sous !
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