(patois
de Sauvain) Enregistré
aux Champs (Sauvain) le 11 octobre 2011
par Maurice Damon, André Guillot et Joseph Barou
A
Glizieux (Roche)
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(3 min 3 s)
[A
Glizieux] nous y
sommes montés [pendant]
34
ans. Quand nous avions fini de faner ici [à
Sauvain] nous
montions à Glizieux, parce qu'on fanait, on fanait
[à
Glizieux].
Et puis après quand nous avions fini de faner à
Glizieux, nous ramassions
des airelles parce qu'il y en avait, alors, des airelles. Il y
en avait ! Mais nous fanions avant. Et puis nous ramassions des
airelles.
Et nous redescendions à la fin de septembre, parfois avant,
ça dépend comme nous étions... Alors nous
descendions [faire]
manger le regain [par
les bêtes];
il avait eu le temps de pousser, tu penses !
Nous
remontions au milieu de juillet, ça dépend des années,
comment on s'était avancé de faner. Nous y montions
au milieu de juillet et nous redescendions au mois de septembre,
pour la fête [patronale],
le 8 septembre. Tu sais qu'elle est le 8 septembre, la fête
?
[dialogue
avec André Guillot]
- Oui, à Sauvain, oui ; comme à Champdieu.
- Voilà. -
Et pour monter "vé Glizi" ?
- "Vé Glizio" ?
- "Vé Glizio, vous passiez par où ?
- Par Laval, ici ; la coursière, par Laval. A pied. A pied.
Les vaches, à pied. Nous [les]
montions
à pied, les vaches.
- Il
en fallait du temps pour monter ?
- Eh bien, un peu, oui. Une heure un quart, une heure et demie,
ça dépend comme elles marchaient. Il y en avait
qui n'étaient pas aussi agiles que d'autres.
- Oui, mais pour monter à Glizieux, il fallait passer à
Courreau, non ?
- Oui, par Courreau. Puis, après, on coupait.
- A Roche, à Montvadan ? Non ?
- Non !
- Vous pouviez y rester toute l'année à Glizieux
?
- A Glizieux ? Ah ! mais, tout le temps.
- Oui.
- Ah ! mais, ils y restaient tout le temps. Ils avaient un hangar
où ils mettaient le bois. Ils faisaient le pain, en plus.
Ils coupaient des fagots de pin.
- Mais l'hiver, ce n'était pas trop dur pour y rester.
- Ah, c'était bien dur, mais... Il ne sortait qu'à
pied ou à ski. Ah ! mais c'est sûr, oui. Les chemins
étaient pleins [de
neige].
On passait à travers, à ski ou à pied. Ah
! oui.
Heureusement qu'ils faisaient du pain, encore.
Mon beau-père, il avait appris, de la Mélie Mathevon,
à faire le pain. Cette femme, elle était venue du
Perrier.
- De Valcivières.
- De Valcivières. Elle était venue
[pour être]vachère chez Viallard. Elle était venue vachère.
Et il y a Mathevon, Marius Mathevon, il fit connaissance de la
vachère et ils se marièrent. Ils eurent trois enfants,
une fille qui mourut à sept ans.
[la succession à la ferme de Glizieux, le beau-père
de Marcel Brosse n'a pas trouvé de successeur...]
Eh
oui ! Et après l'histoire de l'arrangement
[la succession].
Quand mon beau-père vit ça, il vendit toute la propriété.
A Viallon, de Chalmazel, le transporteur. Et, dans le temps, les
industriels n'avaient pas le droit d'acheter mais à Roche
il n'y avait pas de commission formée pour empêcher
les industriels... Mais après ils avaient formé
des commissions, ils n'avaient plus... après 1963. Mais
c'était fait, en 1958, en 1960.
Le
"patia" à Valcivières
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(2 min 35 s)
On
avait fait une excursion, une fois : Louis Boibieux d'Espinasse,
Louis Boibieux des Pinasses et Louis Simon de Genétey.
Nous avions pris l'idée d'aller manger le "patia"
à Valcivières, mais pendant la journée, dans
la semaine, un jour, dans la semaine. Et je les menais jusqu'à
Garnier en auto, moi. Et puis nous sommes partis à pied,
là-bas. A Garnier, Pégrol... Nous sommes arrivés
au col des Supeyres, au bord du bois. Nous ne voulions pas suivre
la
route.
Au
bord du bois, il y avait un [nommé]
Bret,
que je connaissais, qui ramassait des airelles. Il en avait un
plein baquet en plastique. Ah ! je lui dis :
-
Si j'avais mon auto, je vous les achèterais.
- Ah ! mais je vous les vendrais.
Mais
je n'avais rien pour les mettre, je ne voulais pas les... l'auto
était restée à Garnier.
- Ah ! il dit, il faut descendre. Vous trouverez un
chemin qui est pavé. Vous irez tomber au Perrier...
Seulement, ça dura un sacré moment, à pied...
[après le patia]
Et mes deux copains ne voulurent pas remonter à pied au
col des Supeyres. Et la voiture qui était à Garnier
! Oh ! la la ! Alors, ils me disent :
- Tu ne connais pas quelqu'un de Valcivières. Ah ! je dis : Si j'en connais bien ! Il y a Marcel Voldoire,
qui avait un atelier, qui faisait le charpentier. Il était
en train d'arranger la porte, la porte de la salle polyvalente,
parce que c'était le vendredi, ça, et ils [les
gens du village] faisaient
la fête le dimanche [suivant].
Oh
! il me dit : Il ne faut pas vous en aller parce que la fête,
c'est après-demain, vous couchez[ici]
!
On avait trois femmes qui étaient là [à
nous attendre], on ne voulait pas coucher. Ces sacrés
putains ne voulurent pas remonter à pied. Alors Marcel
Voldoire - qui est toujours de ce monde, il est à la maison
de retraite d'Ambert [alors] qu'il est bien plus jeune
que moi - nous dit :
Je
vous trouverai quelqu'un pour vous monter là-haut, au col
des Supeyres, avec ma voiture.
Un
petit jeune qu'il trouva dans le bourg ; ça fait qu'il
nous monta jusqu'au col. Ah ben ! heureusement, parce que remonter
à pied... Oh ! la la !
Valcivières
Né
dans une loge de la montagne
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(1 min 28 s)
-
Oui... Oh ! la la ! Tu sais que je suis né dans une loge
?
- Oui.
- Le jour du 20 août [1925].
On me l'a dit après bien sûr. Oh ! pas tellement
longtemps après ! Ils m'avaient mis dans une corbeille
à linge pour descendre jusqu'au village. Et puis j'avais
une tante qui avait un char à bancs à quatre roues.
C'est elle qui menait le cheval. Il y a cinq kilomètres
pour descendre de Goutte-Claire (1) au bourg en passant par la
route, quoi.
Après [le
baptême]
ils me remontèrent, bien sûr, du village, par le
pré de la Loge. En montant là-haut, il paraît
que je criais. Je ne sais pas si le curé m'avait trop mis
d'eau ou... Je n'en sais rien... à ce qu'ils m'ont dit.
Et j'ai continué à parler ; ça va bien s'arrêter
un jour. Oh ! la la ! Quand même...
Mes parents sont restés dix-sept ans [comme]
vachers, chez Couturier. Ils étaient loués pour
toute l'année de la Saint-François [4
octobre] jusqu'au quatre...
[les provisions ?]
Ah
Ben ! c'était le patron qui apportait, quand il venait
chercher le beurre, le vendredi, il montait la..., la "becquetance".
Il apportait : du pain, quelques saucissons de mauvaise viande,
un morceau de lard ; un morceau de jambon, pas souvent.
Nous étions, nous étions trois valets chez Quérat
parce que le patron était prisonnier...
(1)
Goutte-Claire, 1 104 m d'altitude, le plus haut hameau de Sauvain.