Patois vivant




Marcel Brosse
(né en 1925)

 

Marcel Brosse

(patois de Sauvain)
Enregistré
aux Champs (Sauvain) le 11 octobre 2011
par Maurice Damon, André Guillot et Joseph Barou

A Glizieux (Roche)

pour écouter cliquer ci-dessous

(3 min 3 s)

[A Glizieux] nous y sommes montés [pendant] 34 ans. Quand nous avions fini de faner ici [à Sauvain] nous montions à Glizieux, parce qu'on fanait, on fanait [à Glizieux]. Et puis après quand nous avions fini de faner à Glizieux, nous ramassions des airelles parce qu'il y en avait, alors, des airelles. Il y en avait ! Mais nous fanions avant. Et puis nous ramassions des airelles.

Et nous redescendions à la fin de septembre, parfois avant, ça dépend comme nous étions... Alors nous descendions
[faire] manger le regain [par les bêtes]; il avait eu le temps de pousser, tu penses !

Nous remontions au milieu de juillet, ça dépend des années, comment on s'était avancé de faner. Nous y montions au milieu de juillet et nous redescendions au mois de septembre, pour la fête [patronale], le 8 septembre. Tu sais qu'elle est le 8 septembre, la fête ?

[dialogue avec André Guillot]

- Oui, à Sauvain, oui ; comme à Champdieu.
- Voilà.
- Et pour monter "vé Glizi" ?
- "Vé Glizio" ?
- "Vé Glizio, vous passiez par où ?
- Par Laval, ici ; la coursière, par Laval. A pied. A pied. Les vaches, à pied. Nous
[les] montions à pied, les vaches.
-
Il en fallait du temps pour monter ?
- Eh bien, un peu, oui. Une heure un quart, une heure et demie, ça dépend comme elles marchaient. Il y en avait qui n'étaient pas aussi agiles que d'autres.
- Oui, mais pour monter à Glizieux, il fallait passer à Courreau, non ?
- Oui, par Courreau. Puis, après, on coupait.
- A Roche, à Montvadan ? Non ?
- Non !
- Vous pouviez y rester toute l'année à Glizieux ?
- A Glizieux ? Ah ! mais, tout le temps.
- Oui.
- Ah ! mais, ils y restaient tout le temps. Ils avaient un hangar où ils mettaient le bois. Ils faisaient le pain, en plus. Ils coupaient des fagots de pin.
- Mais l'hiver, ce n'était pas trop dur pour y rester.
- Ah, c'était bien dur, mais... Il ne sortait qu'à pied ou à ski. Ah ! mais c'est sûr, oui. Les chemins étaient pleins
[de neige]. On passait à travers, à ski ou à pied. Ah ! oui.
Heureusement qu'ils faisaient du pain, encore. Mon beau-père, il avait appris, de la Mélie Mathevon, à faire le pain. Cette femme, elle était venue du Perrier.
- De Valcivières.
- De Valcivières. Elle était venue
[pour être] vachère chez Viallard. Elle était venue vachère. Et il y a Mathevon, Marius Mathevon, il fit connaissance de la vachère et ils se marièrent. Ils eurent trois enfants, une fille qui mourut à sept ans.

[la succession à la ferme de Glizieux, le beau-père de Marcel Brosse n'a pas trouvé de successeur...]

Eh oui ! Et après l'histoire de l'arrangement [la succession]. Quand mon beau-père vit ça, il vendit toute la propriété. A Viallon, de Chalmazel, le transporteur. Et, dans le temps, les industriels n'avaient pas le droit d'acheter mais à Roche il n'y avait pas de commission formée pour empêcher les industriels... Mais après ils avaient formé des commissions, ils n'avaient plus... après 1963. Mais c'était fait, en 1958, en 1960.

Le "patia" à Valcivières

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 35 s)

On avait fait une excursion, une fois : Louis Boibieux d'Espinasse, Louis Boibieux des Pinasses et Louis Simon de Genétey. Nous avions pris l'idée d'aller manger le "patia" à Valcivières, mais pendant la journée, dans la semaine, un jour, dans la semaine. Et je les menais jusqu'à Garnier en auto, moi. Et puis nous sommes partis à pied, là-bas. A Garnier, Pégrol... Nous sommes arrivés au col des Supeyres, au bord du bois. Nous ne voulions pas suivre la route.

Au bord du bois, il y avait un [nommé] Bret, que je connaissais, qui ramassait des airelles. Il en avait un plein baquet en plastique. Ah ! je lui dis :

- Si j'avais mon auto, je vous les achèterais.
- Ah ! mais je vous les vendrais.

Mais je n'avais rien pour les mettre, je ne voulais pas les... l'auto était restée à Garnier.
- Ah ! il dit, il faut descendre. Vous trouverez un chemin qui est pavé. Vous irez tomber au Perrier...

Seulement, ça dura un sacré moment, à pied...

[après le patia]

Et mes deux copains ne voulurent pas remonter à pied au col des Supeyres. Et la voiture qui était à Garnier ! Oh ! la la ! Alors, ils me disent :

- Tu ne connais pas quelqu'un de Valcivières
.
Ah ! je dis : Si j'en connais bien ! Il y a Marcel Voldoire, qui avait un atelier, qui faisait le charpentier. Il était en train d'arranger la porte, la porte de la salle polyvalente, parce que c'était le vendredi, ça, et ils
[les gens du village] faisaient la fête le dimanche [suivant].

Oh ! il me dit : Il ne faut pas vous en aller parce que la fête, c'est après-demain, vous couchez [ici] !

On avait trois femmes qui étaient là
[à nous attendre], on ne voulait pas coucher. Ces sacrés putains ne voulurent pas remonter à pied. Alors Marcel Voldoire - qui est toujours de ce monde, il est à la maison de retraite d'Ambert [alors] qu'il est bien plus jeune que moi - nous dit :

Je vous trouverai quelqu'un pour vous monter là-haut, au col des Supeyres, avec ma voiture.

Un petit jeune qu'il trouva dans le bourg ; ça fait qu'il nous monta jusqu'au col. Ah ben ! heureusement, parce que remonter à pied... Oh ! la la !



Valcivières

Né dans une loge de la montagne

pour écouter cliquer ci-dessous

(1 min 28 s)

- Oui... Oh ! la la ! Tu sais que je suis né dans une loge ?
- Oui.
- Le jour du 20 août
[1925].

On me l'a dit après bien sûr. Oh ! pas tellement longtemps après ! Ils m'avaient mis dans une corbeille à linge pour descendre jusqu'au village. Et puis j'avais une tante qui avait un char à bancs à quatre roues. C'est elle qui menait le cheval. Il y a cinq kilomètres pour descendre de Goutte-Claire (1) au bourg en passant par la route, quoi.

Après
[le baptême] ils me remontèrent, bien sûr, du village, par le pré de la Loge. En montant là-haut, il paraît que je criais. Je ne sais pas si le curé m'avait trop mis d'eau ou... Je n'en sais rien... à ce qu'ils m'ont dit. Et j'ai continué à parler ; ça va bien s'arrêter un jour. Oh ! la la ! Quand même...

Mes parents sont restés dix-sept ans
[comme] vachers, chez Couturier. Ils étaient loués pour toute l'année de la Saint-François [4 octobre] jusqu'au quatre...

[les provisions ?]

Ah Ben ! c'était le patron qui apportait, quand il venait chercher le beurre, le vendredi, il montait la..., la "becquetance". Il apportait : du pain, quelques saucissons de mauvaise viande, un morceau de lard ; un morceau de jambon, pas souvent.

Nous étions, nous étions trois valets chez Quérat parce que le patron était prisonnier...

(1) Goutte-Claire, 1 104 m d'altitude, le plus haut hameau de Sauvain.

Retour


Ecoutons
le patois du Forez




Patois du Forez