Patois vivant



Autrefois


la tonte des moutons

 

La tonte des moutons

enregistrement au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant

au Centre social de Montbrison, rue des Clercs, en 1979


Madame Poyet


(patois de Saint-Georges-en-Couzan)

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 54 s)


Lo tonte de lou moutou

Voici qu'arrivait le mois de mai, le dix, douze de mai. Tout le monde voulait tondre les moutons. Ils se réunissaient une fois dans une maison, une fois dans l'autre. Alors quatre ou cinq femmes se mettaient à tondre les moutons, les brebis.

Alors, pour ne pas avoir de peine, on les mettait sur une table pas trop haute. Et aux ciseaux
ça allait très bien. Par terre ça n'allait pas aussi bien parce que ça faisait mal aux reins et puis alors tu étais mal et ça n'avançait pas aussi bien. Sur la table, à la portée de la personne, ça allait très, très bien.

Alors, tous les après-midi, pendant huit, dix jours, on faisait ça, un jour chez l'un, un jour chez l'autre.
[Intervention d'une autre personne] Il fallait que la laine soit bien "mûre" ?
Bien sûr.
[Intervention de Jean Chambon] : Et les "barbillats (1)" ?
Bien sûr qu'il y en avait, mais ils restaient bien dans la laine.

C'était bien drôle parce qu'il y avait des vieilles personnes, des personnes âgées. Alors elles chantaient une petite chanson pendant qu'elles tondaient. Nous aussi nous tondions. Elles en tondaient bien plus que nous, bien sûr. Elles avaient la main plus agile. Alors le temps qu'elles tondaient... Alors elles en tondaient deux pendant qu'on en tondait une.

Et voici, tout se passait comme ça, ce mois de mai. C'était très bien.

Et puis il fallait laver la laine. C'était encore une autre corvée - et la faire sécher !

Non, on choisissait un jour de bon temps. Lavée le matin, il pleuvait à midi ; ça arrivait bien ; on la laissait dehors, tant pis ! Mais c'était rare quand même, il n'y a que l'orage... Autrement quand on voyait que c'était clair, que le temps était au beau temps, eh bien on se mettait à laver la laine...

On la faisait tremper à huit heures du matin. On se levait tôt à cette époque : cinq heures, cinq heures et demie, hein ! Pas question de rester au lit. Alors, à midi, c'était fini, terminé. On se mettait, à cinq, six femmes, il fallait voir ça ! La chaudière marchait tout le jour.
[Intervention de Jean Chambon] : Le bachat ?
On coupait l'eau quand même. Il ne fallait pas que l'eau soit trop chaude. Non, on coupait l'eau, juste coupée à la température de l'été, hein ! Juste coupée, tiède, quoi. Et puis alors, je dis bien, un jour chez l'un, un jour chez l'autre. Et après, on la rinçait, à l'eau tiède aussi puis on l'étendait
["on l'écartait", en français local] dehors. On mettait des cordes partout. Oh ! C'était drôle, ça allait bien.

Et puis alors après il fallait l'écharper aussi pour faire le
[tissu]"deux-laines" pour pouvoir faire les pantalons des hommes en hiver. Alors on écharpait la laine. On l'apportait à carder à Say (2), chez Bérard.

Alors on faisait du tissu. Alors il fallait chercher un tailleur pour faire les costumes et les manteaux des femmes et les manteaux pour aller "en champ" [garder les troupeaux]. Ils faisaient tout ça tout doucement. C'est étirer la laine, l'écharper, qui était long à faire...

(1) Poux qui vivent dans la laine des moutons.
(2) Hameau de Marcilly-le-Châtel.

Mme Poyet



La chaudière marchait tout le jour...

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                                                                                                                                                    Mise à jour le 3 octobre 2010