Patois vivant



Jeanne Fenon


(82 ans en 2011)

 

Jeanne Fenon

née à la Brosse (Sauvain)

Enregistrée
à Sagne-Vernay (Sauvain) le 18 janvier 2011

A l'école du hameau

(Aux Champas, hameau de Sauvain, dans les années 30)

pour écouter cliquer ci-dessous

(43 min 54 s)

Il y en avait qui parlaient français mais pas tellement. Ils commençaient à parler... (Denise Roche) mais tout de suite après, par contre, ils ont parlé français, après moi, tout de suite, ils ont parlé...

L'école aux Champas, tu y allais... Enfin, moi, j'étais à côté parce que j'étais chez ma grand-mère. J'y suis allée toute petite. Un hiver, on était seulement deux. Parce qu'il y avait de la neige comme (?) ; ça fait que, nous, on nous portait sur les épaules
(a pati, à patère) ; nous étions à côté. On nous portait à "patère".

Eh bien, la demoiselle, il fallait avoir du courage. Elle était ici. Enfin, elle ne chauffait pas la classe, nous demeurions avec elle dans la cuisine, assis par terre. Elle nous amusait.

Elle faisait du feu. Après, enfin - j'étais plus grande, là - j'étais plus grande parce que je me rappelle. Et, une fois - on était plus nombreux - elle voulut, elle voulut faire... Elle voulut allumer le poêle. Alors pour allumer son poêle, quoi, elle coupait de petites bûchettes (bucheilles) sur un... Elle se coupa le doigt, comme ça !

Et après, elle l'empaqueta, je ne sais pas ce qu'elle fit, là. Et après, j'étais la première, la première... Il y avait des grands, je ne sais pas combien ? On était bien quinze. La maîtresse tombe, passe dans les pommes. Oh ! la ! la ! Nous étions ennuyés. Alors nous sommes allés chercher les femmes du hameau (vialage, "village" en français local). Les femmes vinrent du hameau. Je ne sais pas ce qu'elles firent. Je n'en sais rien. Elles ne l'emmenèrent pas "au" médecin, toujours. Elles la soignèrent (civader, soigner, réconforter) seulement comme elles purent. C'était vite fait le médecin ; ç'a bien dû se souder tout seul parce que ...

Celles qui venaient faire l'école aux Champas, par exemple, eh bien elles avaient vingt ans, dix-huit ans, vingt ans. C'était leur premier poste. Eh bien elles arrivaient dans le hameau... C'est bon qu'il y avait les femmes [qui] les aidaient un peu, elles parlaient bien... Mais elles ne pouvaient pas... Elles étaient seulement à pied. Alors six kilomètres, au bourg... Les commissions (Denise Roche)... Le plus proche c'était presque à Chalmazel parce qu'on passait à travers bois.

Il y en a une, une fois, qu'ils trouvèrent dans le car... Le Joseph y était bien ici... les jeunes de Sauvain, de Chalmazel. Et puis elle les reconnut, elle les connaissait un peu :

- Ah ! vous êtes là ! Eh bien, vous m'accompagnerez bien ? (en français)

Ils l'accompagnèrent. Ils avaient des vélos mais ils portèrent leurs vélos tant qu'ils accompagnèrent l'institutrice, jusqu'aux Champas, quoi. Et puis elle avait une petite fiole d'arquebuse, de je ne sais pas quoi, de goutte. Ils lui burent toute sa goutte (rires). Il fallait bien se remonter.

Et les provisions ? Alors, le pain sec.... Quand on saignait le cochon, peut-être qu'on lui portait un peu. Il y avait une chambre. Il y avait une cuisine et une chambre.

- C'était l'ancienne école ? (Maurice Damon, en français).

Elle "a tombé" après cette école... Un jour, elle s'écroula. Et puis quand elle fut tombée, ils la firent
[l'école] chez Plagne, ici. Chez Plagne, [ils] donnèrent une pièce, enfin donnèrent..., prêtèrent une pièce. Elle se fit chez Plagne en attendant que ce soit construit, parce que d'ici que ce soit..., que ça soit passé à toutes les administrations et que ce soit fait. Et maintenant, ils la louent. Et il y avait eu, on disait, jusqu'à trente enfants à l'école.

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