Patois vivant


 

Le matou

Jacques Barsalon
(patois de Palogneux)
enregistrée dans les années 2000
au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison, rue de Clercs



pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 25 s)

Bon, ça se passait toujours dans les montagnes où il y avait une vieille femme qui vivait toute seule. Elle avait trois, quatre chèvres, une brebis. Et puis elle avait son gros matou, quoi. La pauvre femme avait deux trois fromages. Elle mangeait ce qu'elle pouvait, de petits "bouts" [des cueillettes] du jardin, des poireaux, des choux, des raves, des carottes [parsounades]…

Alors un soir, elle avait rentré ses chèvres. Il faisait froid, elle a entendu quelqu'un qui frappait à la porte. Elle alla voir. Il y avait une femme, une vieille...

- Oh ! Madame, pouvez-vous me coucher cette nuit ?
- Oh ! Entrez donc, bien sûr ! Vous avez pas mangé ? Je n'ai pas grand-chose. J'ai encore un morceau de fromage. J'ai fait cuire deux, trois pâtes.

Alors elle partagea son repas, tout. La vieille se coucha. Elles se couchèrent toutes les deux. Chacune dans leur lit, bien sûr. Et le lendemain matin :
- Tu boiras bien un peu de lait de chèvre, avec du café d'orge ?
Alors bon :
- Je vais m'en aller maintenant, dit la vieille. Mais avant il faut que je dise quelque chose. Je suis une fée et vous m'avez bien accueillie hier soir. Eh bien, je peux vous exaucer trois vœux… Pour le premier, qu'est-ce que vous choisissez ?

Alors elle dit :
- Vous voyez bien : ma vieille maison, les tuiles sont cassées, il pleut dedans. Si je pouvais avoir quelque chose d'un peu mieux, quoi.

Alors elle fit …[claquement de doigts] comme ça : une belle maison, une jolie cuisine, un joli lit, la salle à manger. Elle n'en revenait pas.

Et le second.
- Je suis trop vieille pour habiter ici. Si je pouvais revenir plus jeune ?
La bonne fée, pareil … [
un claquement de doigts]. La voici une jeune femme, bien jolie.
- Le troisième, qu'est-ce que vous voulez que je fasse ?
- Ah ah ! Je vais m'ennuyer toute seule dans cette maison.

Alors elle dit, il y avait son gros matou qui ronronnait :
- Oh ! la la ! S'il pouvait devenir un joli garçon !
Bien sûr, tac !

Le voici, un bel homme. Elle l'embrasse, comme ça. A l'oreille, il lui dit, ce garçon :
- Oh ! Tu ne regrettes pas de m'avoir fait castrer l'année dernière.

 

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