Bon,
ça se passait toujours dans les montagnes où
il y avait une vieille femme qui vivait toute seule. Elle
avait trois, quatre chèvres, une brebis. Et puis elle
avait son gros matou, quoi. La pauvre femme avait deux trois
fromages. Elle mangeait ce qu'elle pouvait, de petits "bouts"
[des
cueillettes]
du jardin, des poireaux, des choux, des raves, des carottes
[parsounades]
Alors un soir, elle avait rentré ses chèvres.
Il faisait froid, elle a entendu quelqu'un qui frappait à
la porte. Elle alla voir. Il y avait une femme, une vieille...
-
Oh ! Madame, pouvez-vous me coucher cette nuit ?
- Oh ! Entrez donc, bien sûr ! Vous avez pas mangé
? Je n'ai pas grand-chose. J'ai encore un morceau de fromage.
J'ai fait cuire deux, trois pâtes.
Alors
elle partagea son repas, tout. La vieille se coucha. Elles
se couchèrent toutes les deux. Chacune dans leur
lit, bien sûr. Et le lendemain matin :
- Tu boiras bien un peu de lait de chèvre, avec
du café d'orge ?
Alors bon :
- Je vais m'en aller maintenant, dit la vieille. Mais avant
il faut que je dise quelque chose. Je suis une fée
et vous m'avez bien accueillie hier soir. Eh bien, je peux
vous exaucer trois vux
Pour le premier, qu'est-ce
que vous choisissez ?
Alors elle dit :
- Vous voyez bien : ma vieille maison, les tuiles sont
cassées, il pleut dedans. Si je pouvais avoir quelque
chose d'un peu mieux, quoi.
Alors
elle fit
[claquement
de doigts]
comme ça : une belle maison, une jolie cuisine, un
joli lit, la salle à manger. Elle n'en revenait pas.
Et
le second.
- Je suis trop vieille pour habiter ici. Si je pouvais
revenir plus jeune ?
La bonne fée, pareil
[un
claquement de doigts].
La voici une jeune femme, bien jolie.
- Le troisième, qu'est-ce que vous voulez que
je fasse ?
- Ah ah ! Je vais m'ennuyer toute seule dans cette maison.
Alors elle dit, il y avait son gros matou qui ronronnait
:
- Oh ! la la ! S'il pouvait devenir un joli garçon
!
Bien sûr, tac !
Le
voici, un bel homme. Elle l'embrasse, comme ça. A
l'oreille, il lui dit, ce garçon :
- Oh ! Tu ne regrettes pas de m'avoir fait castrer l'année
dernière.