Patois vivant



Belle grange à Arcy
(Essertines-en-Châtelneuf)

 

La clôture électrique

Gilbert Passel

(patois d'Essertines-en-Châtelneuf)

enregistré au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison
, 13, place Pasteur

pour écouter cliquer ci-dessous

(1 min 3 s)


C'était dans le temps, ce n'était pas le progrès dans les fermes. Ils labouraient avec les vaches. Après le garçon se marie. Et il fallait "tirer devant", atteler les vaches pour labourer (charouler). Alors - pense ! - la mariée devant les vaches. Comme ils étaient jeunes, ils faisaient deux trois tours, ils essayaient, ils voyaient comment ça faisait, ils s'amusaient, quoi !
Eh ! Il faut les laisser se reposer, un peu, les vaches… Tous les deux trois tours, ils faisaient l'amour. Oh ! mon Dieu, c'était bon.

Après les années passent, passent. Et un jour Marius dit à la Marie : Eh ! Marie, tu t'en rappelles de ce qu'on avait fait dans cette terre, étant jeunes ? Elle ne répondait pas. Un tour de plus. Il le lui redit :

- Alors, tu t'en rappelles de ce qu'on a fait là ?
- Alors fais pas le […?] ; tu ne sais pas ce que tu dis. C'est passé, cette chose, pour nous, maintenant.

Alors ils font encore d'autres tours.

- Hein, Marie ?
- Oh, tu me casses la tête !

Ça dura bien une heure, ça. Et tout par un coup.

- Qu'est-ce tu veux ? Qu'est-ce que tu veux faire ? Tu veux recommencer ?
- Eh bien ! on va essayer, si ça va toujours bien.

Ils ont bien essayé. Et il dit :

- Hé ! sacrée Marie, tu te démènes mieux qu'il y a vingt ans !

Mais le progrès était arrivé. Elle s'était couchée les fesses sur la clôture électrique.

 

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mise à jour le 16 avril 2013