Le

 

Patois vivant



Denise Roche


(86 ans en 2011)

 

Denise Roche

née à Saint-Just-en-Bas

Enregistrée
à Sagne-Vernay (Sauvain) le 18 janvier 2011

Le pain et le migoure (1)

pour écouter cliquer ci-dessous

(42 min 40 s)

[Mon père] il mettait son levain l'après-midi. Il fallait mettre le levain... Il fallait garder le levain pour la fournée suivante. Ils (les gens) gardaient un morceau de pâte qu'ils avaient bien serré ; ils mettaient ça dans un saladier. Et puis ils le prenaient pour faire lever la fournée suivante.

Alors il [mon père] le faisait le soir. Il faisait un tas de pâte dans la maie ; la maie, le pétrin. La maie c'était le pétrin. On appelait ça la maie. Et le lendemain il faisait ses tourtes, [il] pétrissait, tout.

Et après, [il les] couvrait. Chez nous, il n'y avait que la cuisine qui était un peu chaude, en hiver... On mettait les tourtes autour du fourneau dans la cuisine jusqu'à ... Il faisait les tourtes le soir vers cinq, six heures. Et puis il enfournait vers huit heures... jusqu'à....

Le four était chauffé au bois. Il fallait chauffer et mon père n'enfournait les tourtes que quand les briques étaient blanches, quand les briques étaient bien blanches ; elles devenaient blanches quand...

Alors, ça mettait - je ne me rappelle plus combien ça mettait pour cuire - une heure peut-être. Puis on défournait. Il était bon le pain. Du pain noir ? (intervention Maurice Damon). Il sentait bon. Du pain noir ? (intervention Maurice Damon) Ah ! oui ! du pain noir, du pain de seigle, pain de seigle (en français).

Et dans le four à pain, quand c'était le temps des cerises [on] faisait du "migoure". C'était bon le "migoure" dans une biche. Oh ! la, la, c'était bon ça ! Le "migoure", on le mettait quand on avait défourné... C'était ma mère qui le mettait. C'était bon le "migoure" avec des cerises.

Il y avait beaucoup de cerises à Saint-Just (Saint-Just-en-Bas). Il y avait des arbres fruitiers "affreux" (en grande quantité), "affreux". Mon père, il ramassait trois semaines de suite les poires, les pommes. [Il y en avait] comme ça (geste de la main, hauteur de 1 m environ), dans une pièce qu'il y avait à côté (de la cuisine).

[0n prenait ] les cerises et puis on prenait la farine, la farine du pain, la farine de seigle. On le couvrait avec de l'eau, de l'eau. Et les cerises étaient plus sucrées [que maintenant]. Des cerises noires parce qu'il y a deux sortes de cerises, des noires et des plus... On mettait toujours les noires. Et on mélangeait ça comme ça. Et la pâte, il fallait que ce soit bien - les cerises - que ce soit bien réparti, quoi ! Et puis dans une petite biche, haute comme ça, qui tienne quatre, cinq litres.

Eh ! bien, la recette était faite. C'était bon ! C'était bon ! Tout le monde faisait ça.

*

*     *

(1) Migoure : Louis-Pierre Gras donne la définition suivante : Migouri : cerises cuites avec de la farine entre deux feuilles de choux. Très usité à Boën, Saint-Germain-Laval, etc. (Dictionnaire du patois forézien, 1965).

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