Patois vivant


 

 

Damien Ruffier

 


La fourmi et le grillon


Damien Ruffier
né en 1926 à Cottance

d'après une fable de La Fontaine transcrite en patois par l'abbé Magat

(patois des montagnes du Matin)

enregistré au cours d'une veillée du groupe Patois Vivanten 1999
au Centre social de Montbrison, 13, place Pasteur

pour écouter cliquer ci-dessous

(1 min 58 s)


Présentation du récit (en français) par Damien Ruffier (19 s) :

[Fable écrite en patois] par un curé. C'était le - comment c'était son nom déjà ? - le curé Magat. Il était originaire de Bussières et il avait écrit ça au début du siècle [le XXe]. Il parlait tout le temps patois. Je crois qu'il parlait… - je ne sais pas s'il enseignait le catéchisme en patois - mais avec les parents des enfants, il ne parlait que patois.

[en patois]

Alors :

La fourmi [lo mazote] et le grillon [le morillon, "noiraud"]

Employons bien notre temps
Ne l'usons pas mal à propos.
Un certain grillon
Pendant tout le bon temps
A eu la bouche ouverte.
Mais quand vint le froid
Il fut bien attrapé.
Notre grillon n'a pas une croûte de pain
A mettre dans sa soupe.
Et aucun travail de fait
… ?
Il alla trouver une riche fourmi

… ?
Qui était toujours pressée
Avait amassé beaucoup de bien
et avait beaucoup d'argent.
Ma foi, je suis bien …. ?
Lui dit le grillon
A l'oreille tout doucement.
Il fait froid
Et je n'ai que cette mauvaise [
matru] blouse
A me mettre sur la peau,
Et bien pire,
Je n'ai plus de pain.
Dites, prêtez-moi donc
- vous n'êtes pas si juste -
Une dizaine d'écus.
Des intérêts et de la somme
Je vous rendrai tout
Autour de la Saint-Jean.
Sûr, aussi vrai que je m'appelle Jean.
Ouh ouh ! ben, oui !
Lui répondit la fourmi.

Tu voudrais que je te prête mon argent !
Eh ben ! mon Jean,
Je ne suis pas si sotte !
Et puis tu sauras
Que je ne prête jamais rien.
Et au beau temps
As-tu bien fait des siestes,
Tu dois bien avoir travaillé, hein ?
Ma foi, je n'ai fait que rêver
(1)
Et chanter la [
marlita ?] et rire
Je n'ose presque pas le dire.
Ah ! pendant le bon temps
Chanter la [
marlita?]
J'en suis bien aise
Et bien contente.
Et tu as eu du bien meilleur temps que moi
Eh bien, maintenant, il faudra en jouer du mirliton.


(1) Bauyer : regarder avec étonnement, bayer aux corneilles (selon Louis-Pierre Gras, Dictionnaire du patois forézien, 1863 ; ici rêvasser, paresser.


Pour connaître Damien Ruffier
voir la page spéciale



Damien Ruffier
tisseur dans les montagnes du Matin


Retour


Ecoutons
le patois du Forez




Patois du Forez


page accueil

mise à jour le 31 mats 2013