Présentation
du récit (en français) par Damien Ruffier
(19 s) :
[Fable
écrite en patois] par un curé. C'était
le - comment c'était son nom déjà ? - le
curé Magat. Il était originaire de Bussières
et il avait écrit ça au début du siècle
[le XXe]. Il parlait tout le temps patois. Je crois qu'il parlait
- je ne sais pas s'il enseignait le catéchisme en patois
- mais avec les parents des enfants, il ne parlait que patois.
[en
patois]
Alors
:
La
fourmi [lo mazote] et le grillon [le morillon,
"noiraud"]
Employons
bien notre temps
Ne l'usons pas mal à propos.
Un certain grillon
Pendant tout le bon temps
A eu la bouche ouverte.
Mais quand vint le froid
Il fut bien attrapé.
Notre grillon n'a pas une croûte de pain
A mettre dans sa soupe.
Et aucun travail de fait
?
Il alla trouver une riche fourmi
?
Qui était toujours pressée
Avait amassé beaucoup de bien
et avait beaucoup d'argent.
Ma foi, je suis bien
. ?
Lui dit le grillon
A l'oreille tout doucement.
Il fait froid
Et je n'ai que cette mauvaise [matru] blouse
A me mettre sur la peau,
Et bien pire,
Je n'ai plus de pain.
Dites, prêtez-moi donc
- vous n'êtes pas si juste -
Une dizaine d'écus.
Des intérêts et de la somme
Je vous rendrai tout
Autour de la Saint-Jean.
Sûr, aussi vrai que je m'appelle Jean.
Ouh ouh ! ben, oui !
Lui répondit la fourmi.
Tu voudrais que je te prête mon argent !
Eh ben ! mon Jean,
Je ne suis pas si sotte !
Et puis tu sauras
Que je ne prête jamais rien.
Et au beau temps
As-tu bien fait des siestes,
Tu dois bien avoir travaillé, hein ?
Ma foi, je n'ai fait que rêver (1)
Et chanter la [marlita ?] et rire
Je n'ose presque pas le dire.
Ah ! pendant le bon temps
Chanter la [marlita?]
J'en suis bien aise
Et bien contente.
Et tu as eu du bien meilleur temps que moi
Eh bien, maintenant, il faudra en jouer du mirliton.
(1) Bauyer : regarder avec étonnement, bayer aux
corneilles (selon Louis-Pierre Gras, Dictionnaire du patois
forézien, 1863 ; ici rêvasser, paresser.