Patois vivant



Le kouté


chanson chantée par Jean Chambon

 

Le kouté
ancienne chanson transcrite en patois et chantée par


Jean Chambon

(patois de Saint-Bonnet-le-Courreau)

enregistrée en 1983 au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison, rue de Clercs

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 30 s)

Le kouté

1
Pordon mossio le formi
Si de neu je déranjou
Me je voudrïn tan po durmi
0 fon de votro granji.
Mon pour'ami, lo granji é pleno
Do blé de lo mésson.
Baye te don plutouo lo peno
D'ïntrè djïn mo mouézon.

2
Mon bon mossio, je sé tro gueu
Je vou salirè tou.
Je sé pié décho, sèle è boueu
E tou plon de glassou.
Mon pour'ami kito bion vite
To vésto on lanbo.
0nfilo éko triko de suitchi,
Chosso ékeluz'éklio.

3
De tan morchè o l'obandon
J'é lo gorji bion sechi
Mon bon mossio, boyè me don
In vere d'ego fréchi.
L'ego vo ron kan ou o fré,
Le cidrou guére moi.
Mon boun'ami trïnko vé me
Gouto me éko vïn vie.

4
Mon bon mossio, dongu m'an riïn
Boyo le Ion de lé route,
Léssè me ové votron chiïn
Portojê koké kroute.
Si donpeu le modjïn te rodé
Te dé être afomo.
Vétchio de krépé chodé,
Vétchio de lèr fumo.

5
Chassé do koin de votron fuo
Éko rodur ke n'on bouje.
Eté vou blan, été vou bluo ?
Me je sé plutouo rouje,
K'inporte ékion, républiko
Koumuno ou royoté.
Mélanjon pè lo politchiko
0vé lo chorité.

6
Pui le formio s'ondurmi,
Lo méneu étan prochi.
0lor le vogobon sourtchi
In kouté de so pochi,
Le bade, le fi briyè o lo siamo
Pui se levan soudan,
0 plante lo teribio lamo
Djïn lo michi de pan.

7
O modjïn jour, le gueu s'on fu,
Son ron vouli ontondre,
0ublian son kouté pointu
0 métan do pan tondre.
Vou durmiri on pé, o riche !
Vou è voutru kopito
Tan ke lu gueu oron de miche
Po planté luru couto.

 



Le couteau


1
Pardon, monsieur le métayer
Si de nuit je dérange,
Mais je voudrais bien sommeiller
Au fond de votre grange.
Mon pauvre ami, la grange est pleine
Du blé de la moisson,
Donne toi plutôt la peine
D'entrer dans ma maison.

2
Mon bon monsieur, je suis trop gueux,
Quel gâchis vous ferais-je !
Je suis pieds nus, sale et boueux
Et tout couvert de neige.
Mon pauvre ami quitte bien vite
Tes hardes en lambeaux,
Mets-moi ce tricot de suite,
Chausse-moi ces sabots.

3
De tant marcher à l'abandon,
J'ai la gorge bien sèche.
Mon bon monsieur, baillez moi donc
Un grand verre d'eau fraîche.
L'eau ne vaut rien lorsque l'on tremble,
Le cidre guère mieux.
Mon bon ami trinquons ensemble.
Goûte-moi ce vin vieux.

4
Mon bon monsieur, on ne m'a rien
Jeté le long des routes,
Laissez-moi avec votre chien
Partager quelques croûtes.
Si depuis ce matin tu rôdes,
Tu dois être affamé.
Voici des crêpes chaudes,
Voici du lard fumé.

5
Chassez du coin de votre feu
Ce rôdeur qui n'en bouge.
Etes-vous blanc, êtes-vous bleu ?
Moi je suis plutôt rouge.
Qu'importe ces mots : république,
Commune ou royauté.
Ne mêlons pas la politique
Avec la charité.

6
Puis le métayer s'endormit,
La minuit étant proche,
Alors le vagabond sortit
Un couteau de sa poche,
L'ouvrit, le fit luire à la flamme,
Puis se dressant soudain,
II planta sa terrible lame
Dans la miche de pain.


7

Au petit jour, le gueux s'en fut,
Sans rien vouloir attendre,
Oubliant son couteau pointu
O milieu de pain tendre.
Vous dormirez en paix, ô riches !
Vous et vos capitaux
Tant que les gueux auront des miches
Pour planter leurs couteaux.

Qui était Jean Chambon ?
Jean Chambon (1915-1994)

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Patois du Forez


mise à jour le 2 mars 2010