Patois vivant


 

Chez nous, à Saint-Georges...

 

La vache perdue

Célestin Doitrand

(souvenir)

Enregistrement dans les années 2000
au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison, 13 place Pasteur


(patois de Saint-Georges-en-Couzan

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 18 s)


Dédé, c'était un ami, hein ! Ah ! il nous faisait rire. Il trouvait toujours un mot pour nous faire rire, quoi… Alors il avait, il avait sa ferme… Il l'abandonna… Il avait pris une autre ferme à Saint-Just-Saint-Rambert. Il ne s'y était pas enrichi, non plus… Puis quand il prit sa retraite, il remonta à la Place (1). Il avait gardé un hectare de terre du côté de l'adret pour… Il avait gardé une vache. Il avait gardé une vache, une bonne vache pour lui faire son lait, quoi.

Alors cette vache - il y a quand même pas mal de paysans, par là -, elle était "courière (2)", cette vache. Elle sautait les "trappons (3)" , mon ami, oh ! la la ! Elle était "courière", quoi. Vous voyez ce que ça veut dire. Pour l'entraver [?], pas commode, hein ! Alors, pour l'entraver, il [lui] avait mis une corde [l'étache] [autour du cou] et un pneu de quatre-chevaux (4) , un pneu qui était lisse. Un pneu de quatre-chevaux pour l'entraver, quoi.

Alors, bon. Alors, il la faisait inséminer, quoi. Et puis elle engraissait son veau. Et puis, les matins, il allait la traire [mouidre]. Ça lui faisait son lait, et puis les fromages. Et puis il avait le veau, quoi.

Et puis, tout par un beau jour - ils avaient saigné le veau - et puis le matin, il se lève, - bonjour ! la vache ? -, plus de vache dans la "sagne (5)" ! Elle avait disparu, bonjour ! Alors il regarda, il fit le tour du hameau [vialage]. [Avec] les voisins, ils cherchaient cette vache. Introuvable, cette vache, mon vieux ! Ils passèrent dans les remises. Impossible à trouver, quoi. Alors, oh ! la la ! Ils la cherchèrent. Elle a foutu le camp. Elle a foutu le camp ? Lui, il croyait qu'on l'avait volée, quoi. Alors il se mit à faire comme ça :

- Ah ! les salauds !  ah ! les bandits !  ah ! les voleurs ! Ils me l'auront bien volée ! Ils me l'auront bien volée ! Ils ne vont pas me la rendre. Mais s'ils ne veulent pas la rendre, qu'ils me rendent au moins le pneu, quand même !

Finalement, la vache, ils la retrouvèrent deux trois jours après. Ils la retrouvèrent parce qu'elle s'était sauvée. Elle s'était sauvée, avait fait un kilomètre et s'était "bourrée" [cachée]  au milieu d'un autre troupeau.  Ah oui ! Et il y avait un autre veau qui la tétait. Et c'est l'autre paysan qui s'aperçut qu'un jour il en avait une de trop. Et voilà. Hein ! Et histoire véridique, hein ! Ah ! oui, oui.

Et le pneu ? [interpellation d'une personne de l'assistance].

(1) Hameau de la commune de Saint-Georges-en-Couzan.
(2) Courière : se dit d'une vache qui aime vagabonder librement (du verbe courir).
(3) Trappon : passage dans une clôture ou une haie, ou au-dessus d'un fossé permettant de sortir d'un pré ou d'un champ.
(4) C'est le "talot" signalé par L.-P. Gras, cf. Dictionnaire du patois forézien, 1863.
(5) Petit pré, souvent humide, proche de la maison.

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