Chez nous,
quand on dit "chez le pattère (1)", eh
ben, c'est la maison en désordre, ce n'est pas
, c'est
mal tenu, ce n'est pas balayé, c'est en désordre
On dit c'est "franc" [tout à fait] chez
le pattère. Eh bien ! ce n'est pas toujours vrai.
J'étais
encore jeune, j'allais chez le pattère Goléo. Je
voulais aller chercher
si je trouvais une pièce pour
réparer mon vélo. Et chez le "pattère"
Goléo, mon ami, il avait un garage où tout était
en ordre. Il y avait les peaux de lapin bien empilées,
ah oui ! Il y avait un casier pour mettre le fer, un casier pour
mettre le plomb, un casier pour mettre le bronze, un casier pour
mettre le cuivre.
Alors,
moi, je n'ai pas pu m'empêcher de lui faire un compliment.
Je lui dis :
- Eh
ben ! mon vieux c'est bien en ordre chez vous. On ne dirait pas
que c'est chez le pattère.
Il me
dit :
- Ecoute
seulement, garçon, hein, si tu passes cinq minutes pour
le mettre en ordre, ça t'évite bien de perdre un
quart d'heure pour le chercher !
La leçon de choses !
(1) Pattère
: marchand de "pattes" (chiffons), marchand de guenilles,
chiffonnier, cf. L.-P. Gras, Dictionnaire du patois forézien,
1863.