Patois vivant


 

Chez nous, à Saint-Georges...

 

La bouteille de pétrole

Célestin Doitrand

(souvenir)

enregistremen t dans les années 2000
au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison, place Pasteur


(patois de Saint-Georges-en-Couzan

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 44 s)

Quand j'étais gamin, chez nous, à Saint-Georges, il n'y avait pas l'électricité. Il n'y avait pas l'électricité. A Saint-Georges, ça été électrifié en 1935. J'avais huit ans.  Et alors, on s'éclairait, à ce moment,  avec des lampes à pétrole, hein ! J'ai une histoire sur la lampe à pétrole, après. Alors à la maison il y avait une lampe à pétrole, quoi, à la cuisine. Avec des poulies, ça montait, ça descendait, et puis bon, remplie de pétrole, là. Et puis alors pour aller à l'étable et dans les granges, il y avait la lanterne, une lanterne, quoi, qu'ils portaient, ici. Et puis il y avait la lanterne du cheval qui avait… C'était une bougie qu'ils plantaient sur la voiture, quoi. Et puis après c'était des bougies dans les chambres, quoi. Et à la cave, mon père avait fait un trou dans une pomme de terre, où il plantait… Ça ne l'empêchait pas de boire un canon.

C'est une histoire qui m'est arrivée, j'étais gamin. Ce n'était pas électrifié à cette époque. Alors il n'y avait pas la cantine scolaire. On allait manger chez Pierre et Paul, quoi, au bourg. Alors, ma grand-mère, elle avait pris des pièces au bourg et elle nous faisait manger, à midi. Alors, nous, on lui portait le lait le matin. J'habitais à la Chanal (1) et la Chanal c'est à deux kilomètres du bourg de Saint-Georges. Alors, on faisait le chemin, quoi, avec nos sabots couverts, hein, dans la neige [l'iver : la neige]. Alors ma mère elle avait mis… C'était convenu qu'on devait lui porter un litre de lait, à la grand-mère, quoi. Et mon frère était plus grand, il passait devant. Il portait… Ma mère avait mis un sac, ces sacs de toile qu'il y avait dans le temps, qui avaient deux poches, une pour mettre un litre devant, hein ! Alors elle avait mis le litre qui avait tenu du pétrole, bien sûr, d'un côté et, de l'autre côté, le litre de lait. Alors mon frère passait devant, marchait devant, à grands pas, premier. Le litre de lait se débouche. Et à chaque coup qu'il marchait le lait s'échappait.

- Ah ! mais, dis donc, le lait s'en va !
- Ah ! oui, bon gu, j'ai perdu le bouchon.

Il attrape le bouchon   du pétrole et bouche,  il bouche le litre de lait, hein ! Ah ! véridique, hein !
Ah ! bon, il porte le litre de lait chez la grand-mère. Oui, mais, à midi, une sacrée savonnée ! Le litre de pétrole… enfin le litre de lait, elle ne put pas le boire, quoi. Elle fut obligée de le vider par le trou de l'évier, quoi. Et elle l'engueula comme il faut. Et elle dit :

- Tu diras à ta mère : s'il n'y a plus de bouchon à la Chanal, d'y mettre une pomme de terre et pas le bouchon du pétrole.

Il s'était démerdé, lui. Il avait pris le bouchon du pétrole. Ah ! Véridique, ce n'est pas une histoire inventée. Enfin, bon.

(1) La Chanal : hameau de Saint-Georges-en-Couzan.

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