Alors,
bien sûr, il fallait aller "en champ". Il
n'y avait pas de parc. Alors ça ne se faisait pas.
Il y avait bien un petit pré pour les porcs. On appelait
ça le sio de lou pur [l'enclos
des porcs].
Alors il fallait bien savoir ce que c'était, ce que
ça voulait dire.
Alors
quand on était gamines, quand on n'était pas
à l'école, pendant les vacances, on les menait
manger les trèfles à côté de la
maison. Et puis après, une année, on avait pris
envie de les faire se baigner. On les menait à la mare
[péché
(1)]
de la place. On balançait des croûtes de pain.
Et puis les porcs rentraient dedans pour les manger. On était
contentes, bien sûr.
Puis
après, en grandissant, on allait garder les brebis.
C'était déjà un grade de plus. Et puis,
plus grande, après, je gardais les vaches. C'était
déjà plus difficile et plus compliqué.
Alors, il fallait aller plus loin. Il fallait que le chien
soit bien obéissant. C'était plus dur à
garder. Et puis il fallait amener les chèvres avec,
qui foutaient le camp, bien souvent. Il fallait les appeler.
On avait des mots vraiment spéciaux pour appeler les
chèvres. Je ne savais même pas les dire. Le chien
comprenait tout. Quand on gardait les brebis, il fallait dire
au chien : passe par-derrière, retourne chercher,
amène tout. Et le chien comprenait bien. [Quand
on en parle encore maintenant ?]
ça nous fait bien rire, avec mes surs, parce
qu'on ne saurait plus faire. On est trop vieilles.
(1) Cf. Pêchie, pêchoire
: réservoir d'eau, Louis-Pierre Gras, Dictionnaire
du patois forézien, 1863.