Patois vivant


La garde des bêtes

Anna Reboux

 

La garde des bêtes

Souvenirs d'Anna Reboux (née en 1922)
enregistrés
le 7 juin 2013, à Montbrison

(patois de Saint-Laurent-Rochefort)

pour écouter cliquer ci-dessous

(1 min 23 s)

Alors, bien sûr, il fallait aller "en champ". Il n'y avait pas de parc. Alors ça ne se faisait pas. Il y avait bien un petit pré pour les porcs. On appelait ça le sio de lou pur [l'enclos des porcs]. Alors il fallait bien savoir ce que c'était, ce que ça voulait dire.

Alors quand on était gamines, quand on n'était pas à l'école, pendant les vacances, on les menait manger les trèfles à côté de la maison. Et puis après, une année, on avait pris envie de les faire se baigner. On les menait à la mare [péché (1)] de la place. On balançait des croûtes de pain. Et puis les porcs rentraient dedans pour les manger. On était contentes, bien sûr.

Puis après, en grandissant, on allait garder les brebis. C'était déjà un grade de plus. Et puis, plus grande, après, je gardais les vaches. C'était déjà plus difficile et plus compliqué. Alors, il fallait aller plus loin. Il fallait que le chien soit bien obéissant. C'était plus dur à garder. Et puis il fallait amener les chèvres avec, qui foutaient le camp, bien souvent. Il fallait les appeler. On avait des mots vraiment spéciaux pour appeler les chèvres. Je ne savais même pas les dire. Le chien comprenait tout. Quand on gardait les brebis, il fallait dire au chien : passe par-derrière, retourne chercher, amène tout. Et le chien comprenait bien. [Quand on en parle encore maintenant ?] ça nous fait bien rire, avec mes sœurs, parce qu'on ne saurait plus faire. On est trop vieilles.


(1) Cf. Pêchie, pêchoire : réservoir d'eau, Louis-Pierre Gras, Dictionnaire du patois forézien, 1863.

Retour


Ecoutons
le patois du Forez




Patois du Forez