Patois vivant


Le travail de la laine
à Saint-Laurent-Rochefort

Anna Reboux

 

Le travail de la laine

souvenirs d'Anna Reboux enregistrés
au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison


(patois de Saint-Laurent-Rochefort)

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 32 s)

Quand nous étions jeunes, bien sûr, à la campagne, nous avions des brebis. L'autre jour je voyais "sur" la télé, sur la Sept, ils expliquaient comment il fallait écharper la laine. Maintenant ils le font avec des machines, bien sûr. Et puis nous il fallait tout faire à la main. Il y en a sûrement d'autres qui l'ont fait dans la salle, ici.

Alors il fallait d'abord tondre les brebis au printemps et puis laver la laine en passant l'été. Et pour la faire sécher c'était pas toujours bien commode. Nous la mettions sur des buissons qui étaient un petit peu plats ; ça séchait mieux que tout à fait [franc] par terre.

Et puis l'hiver venu, on la mettait dans de grands sacs [les boges] bien sûr, pour la carder.
Et puis l'hiver quand on n'avait pas bien du travail, ça faisait l'occasion de faire des veillées le soir. Tout le village venait pour écharper la laine. Les hommes venaient mais ils n'y touchaient pas, eux. C'était
[seulement] pour discuter entre eux. Il n'y avait que les femmes pour écharper la laine. Ce n'était pas bien marrant - il faut vous rappeler vous aussi. On n'aimait pas, bien sûr.

Et puis après il fallait la porter à Say [un hameau de Marcilly-le-Châtel], chez Bérard pour la faire carder. Et puis il fallait retourner la chercher, bien sûr, avec la voiture et le cheval comme toujours.

Et puis les vieilles savaient encore filer avec une quenouille. Mais je n'en ai pas vu beaucoup, ça ne se faisait pas bien. Ma grand-mère un peu et une femme de [...] la grand-mère de ma nièce qui avait le rouet et la quenouille. Elle a filé longtemps, longtemps, celle-là. Et puis elle la repassait au rouet pour bien la tordre. Et puis il fallait l'assembler par deux, trois brins suivant ce qu'on voulait en faire, pour la tricoter [brocher]. Et puis ça nous occupait tout l'hiver comme ça.

L'autre jour, j'y ai repensé. Je l'avais complètement oublié. C'était des corvées pas bien marrantes. Voilà ; ça me rappelait tout ce qu'on avions fait étant jeunes. Et il y en a sûrement d'autres qui l'ont fait comme moi.

Et puis tondre les moutons c'était pas commode. On n'avait pas de tondeuse à l'époque. il fallait prendre des ciseaux. Alors il fallait coucher la brebis par terre les quatre pattes attachées ensemble et pas trop lui faire mal, bien sûr. Il fallait faire attention, et puis il fallait mettre les deux genoux par terre pour le faire. C'était une vraie corvée, pas marrante à faire du tout, ça.

Pour la laver aussi, il fallait beaucoup d'eau, puis pas commode à laver, puis il fallait la rincer à la rivière, il n'y avait pas assez d'eau à la maison... [c'était] tout à fait gras et souvent un peu crotté, un petit peu... Ben oui ! [avec] des "barbillats" [poux de la laine] dedans... Et voilà.

[merci, merci, Anna]


Fileuse auvergnate
(eau-forte de Jean-François Millet)


Travail de la laine
Grand calendrier de Nicolas le Rouge (1530)

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