Etant
gamine, les chemins de croix, c'était presque une
fête. Il y avait des chemins de croix tous les dimanches
de carême. Alors notre mère allait à
la seconde messe. Elle apportait le repas
[le dîner, repas de midi à la campagne]
pour prendre le chemin de croix l'après- midi.
Alors pour nous c'était une fête de manger
à l'extérieur. A la campagne, on n'était
pas habitué à ça.
S'il faisait beau , on allait manger carrément dehors,
dans les prés, vers la .....
[un nom de lieu proche du bourg].
Et s'il faisait mauvais on allait manger chez Jean Genet
- Jean Genet [vers
le?] monument
- qui avait un petit café...
Puis
notre mère prenait le café après le
repas, pas nous, bien sûr. C'était drôle
parce qu'il était servi dans un grand verre à
pied comme dans les bistros.
C'était
toujours le même repas, bien sûr : un oeuf dur,
du salé qui était cuit, du fromage, un fruit.
Et nous étions contentes de manger dans les champs
de genêts, ça ne se faisait pas à Chadenas
[un
hameau de Saint-Laurent].
Et puis l'après-midi, il y avait le chemin de croix...
comme dans le temps, bien sûr. Le curé suivait
tout le tour de l'église, les stations. Et puis nous,
il fallait nous tourner à chaque fois [dans
sa direction]
avec notre chaise. C'était tout à fait un
dimanche de fête pour nous parce que d'habitude on
allait garder les cochons... Le dimanche après-midi
?
-
Et le vendredi ? [à propos du chemin de croix].
- Ah ! non, pas le vendredi, seulement le Vendredi saint,
pas plus.
Le dimanche c'est vraiment une fête au temps du carême
parce que ça faisait une sortie. Nous étions
tout à fait contentes, étant gamines. Après,
c'est pas pareil.
-
C'est passé !
- C'est passé !
Eh
oui ! Et voilà.