Patois vivant


 

Le rosaire de la Mélie

 

Le rosaire de la Mélie

raconté par une dame de Saint-Georges-en-Couzan

enregistré au début des années 2000 au cours d'une veillée du groupe Patois Vivant
au Centre social de Montbrison
, 13, place Pasteur

pour écouter cliquer ci-dessous

(2 min 52 s)

C'était le Tienne [Etienne] et la Mélie [Amélie] qui étaient à la retraite, bien tranquilles dans leur maison au bourg de Saint-Georges[-en-Couzan]. Et puis, il y a déjà beaucoup de temps de ça.

Ça se passait pas mal mais, l'hiver, il faisait froid. Et il n'y avait pas le chauffage central dans les maisons. Et le Tienne et la Mélie ils se couchaient de bonne heure. Mais, cette sacrée Mélie, elle était très pieuse, elle disait son chapelet tous les jours. Elle disait un chapelet mais c'était un rosaire, plutôt. Alors l'hiver, quand il fait froid, sur son prie-Dieu, elle se gelait. Alors elle le disait au lit. Et, au lit, elle s'endormait toujours avant que ce soit fini. Et le matin, c'était son homme qui se réveillait avec les gros grains dans le dos.

Alors un jour il lui dit : Ecoute Mélie, je veux bien que tu dises ton chapelet, mais dis-le ailleurs, pas au lit, parce que, moi, j'ai trop bataillé toute ma vie, maintenant je veux dormir tranquille. Alors la Mélie se remit sur sa chaise mais ça n'allait pas, elle avait froid. Alors un jour, elle comptait les grains – les chevrons [intervention d'un auditeur] – les chevrons, oui. Notre Père, Je vous salue…, mais elle en disait toujours trop ou pas assez… Alors ça ne faisait pas.

Et puis, depuis quelque temps, elle restait bien tranquille, la nuit. Mais c'était le Tienne… La nuit, pendant la nuit, il lui semblait, à côté, que sa femme le chatouillait. Alors il disait : Mais, quand même, elle est vieille, qu'est-ce qui lui prend ? Un jour, il dit : Quand même, il faut bien que je sache, que je sache ce qu'elle fait la nuit.

Alors il fit semblant de dormir et au bout d'un grand moment il entendit la Mélie qui se mit à dire son chapelet… Alors sur la colonne vertébrale. […?]. Elle descendait : Notre Père, Je vous salue, Gloire au Père… Et ce Tienne ne pouvait plus se retenir de rire. Et en même temps, comme elle le chatouillait, il ne pouvait plus endurer mais enfin il voulait arriver jusqu'au bout. Alors elle descendait, descendait, tout doucement : Gloire au Père, Je vous salue… Et puis, arrivé tout à fait au fond : Gloire au Père, et au Fils et au Saint-Esprit… Et voilà que le Tienne…

J'ai oublié de vous dire : à ce moment ils n'avaient pas de pyjama, ils couchaient avec de grandes chemises à grands pans. Alors quand elle arriva au fond : Gloire au Père, au Fils et au Saint-Esprit, le Tienne se leva, leva le pan de chemise [le peillon] et lui dit : Embrasse la médaille !

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mise à jour le 13 septembre 2019