C'est une histoire du temps de la guerre. Alors
c'était pas bien brillant parce que les gens crevaient
de fin. Et puis chacun se débrouillait comme il pouvait.
Il y avait le marché noir, tout ça. Alors, il y
en a un qui "sortait" [était originaire]
du patelin. Il était à Clermont. Alors il prenait
le train. Il venait sur la région - il connaissait du monde
- pour acheter un peu de nourriture et puis quelques fromages,
un peu de beurre.
Et puis son copain lui dit :
- Ecoute donc, j'ai un canard, tu te débrouilles
pour l'emmener, ne te fais pas prendre, je te le donne pour te
faire plaisir. Tu m'avais rendu service dans le temps.
- Oh bon ! - dit-il - oui. Oui, tu me feras bien très
plaisir parce que la famille avec cinq gamins et pas grand-chose
à manger
alors ça va bien. Mais ce canard,
je ne sais pas comment faire ? Mais je me débrouillerai
bien.
Dans le temps, la mode des culottes, ce n'était
pas si serré que maintenant bien sûr. Et puis il
dit : Mais le canard, je vais le mettre dans mes culottes.
Avant d'arriver à la gare, il met le
canard dans ses culottes. Il s'installe [dans le train] bien tranquille.
Bon, tout le monde arrive, chacun à son tour, on s'assoit.
Et puis, une bonne femme qui faisait le même trafic, quoi.
Mais dans son panier, il y avait pas mal de choses, des fromages
et tout. Mais il y avait de la salade. Et puis le bonhomme, en
filant, il était fatigué, il s'était levé
de bonne heure, il s'est endormi.
Et puis la femme, tout par un coup, elle a
bien vu que le canard, à force s'être serré
dans les culottes, avait envie de sortir. Il sort la tête
mais [il a vu...?]
la salade ; il va piquer la salade.
- Oh, mais, elle dit, j'ai tout vu
dans ma vie, mais je n'ai encore jamais vu cette bête manger
de la salade !