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Moingt
et ses soldats
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1
Moingt
soutient ses soldats
étude d'un registre des mobilisés
de la commune
Des
papiers perdus et retrouvés
Au
printemps 1916, le conseil municipal de Moingt attribue
une prime de 10 F pour chaque Moingtais sous les drapeaux.
Pour effectuer ce versement exceptionnel, il fallait établir
la liste de tous les ayants droit avec leur adresse. Ce
travail, confié probablement au secrétaire
de mairie, a abouti à la confection d'un registre
qui est notre première et principale source de documentation.
Nous avons retrouvé ce document avec d'autres pièces
concernant le même sujet. Egarés après
des travaux effectués dans la mairie de Moingt, ces
papiers ont été sauvés alors qu'ils
partaient à la décharge. Après un long
sommeil chez des particuliers, ils ont été
confiés depuis quelques mois au groupe d'histoire
locale Village de Forez. Ils n'ont rien d'officiel.
Il s'agit plutôt de documents de travail et de justificatifs.
Néanmoins, ils semblent présenter de l'intérêt
pour l'histoire locale, particulièrement celle des
soldats de Moingt de la guerre de 1914-1918.
Cahier des mobilisés
de la commune en 1916
Ce cahier de fabrication artisanale, de format 22 cm X 28
cm, est couvert de papier fort. Il comprend 5 feuilles réglées
soit 10 pages. La 1re feuille forme une sorte de page de
garde qui se trouve collée à la couverture
et dont le verso a été partiellement utilisé.
Les pages 3 et 4 sont constituées d'une feuille de
papier à lettre à en-tête imprimé
: Mairie de Moingt, canton de Montbrison,
Moingt le
. 190., ce qui identifie bien
l'origine du document. La page 3 porte le titre : Liste
des mobilisés de la Commune avec un tableau
comportant quatre colonnes intitulées : n° d'ordre,
noms et prénoms, classes, adresses. La liste se poursuit
aux pages 4, 5, 6 et 7. Elle semble se terminer à
la page 2, sans colonnes et de façon moins soignée.
La page 8 a servi de brouillon avec quelques noms écrits
au crayon et des renseignements épars. La page 9
est vierge et la page 10 collée à la couverture.
L'ensemble est relié par des épingles.
Cette liste de mobilisés a été difficile
à réaliser, particulièrement pour les
adresses des soldats. Il y a de nombreuses ratures, des
lignes sont rayées, des corrections sont faites à
l'encre rouge. Les soldats ne sont pas classés dans
l'ordre alphabétique mais suivant le lieu d'habitation
de leurs parents - bourg de Moingt ou hameaux - et par famille.
Le rédacteur a, semble-t-il, recherché, de
mémoire, les noms des jeunes gens. L'exercice paraît
difficile mais réalisable pour un employé
de mairie expérimenté d'un village de moins
de 1 200 habitants (1). Ce
sont surtout les adresses des militaires qui lui ont donné
du fil à retordre. Les familles ont été
mises à contribution car leur situation varie sans
cesse : changement de corps, captivité, hospitalisation
après une blessure et, parfois, décès
Le n° d'ordre de la liste s'arrête à 129
soit :
Bourg : 86 noms ;
Bruchet et Montagneux : 12 ;
Fonfort et Rigaud :11 ;
Montplaisir
et Saillant : 3 ;
Purelles : 8 ;
Granges : 2 ;
Surizet :7
Le cahier des mobilisés de la commune contient aussi,
glissés entre ses pages, plusieurs documents concernant
le même sujet. Ce sont :
- La liste des mobilisés en 1917
Il s'agit d'une simple feuille double (21 X 27) avec le
titre : Liste des mobilisés
de la commune. Elle comprend 123 noms dans un
ordre apparemment aléatoire avec un numéro
d'ordre, le nom et, généralement, le prénom,
le corps et l'adresse, mais sans mention de la classe du
soldat. L'écriture, à l'encre, est de plusieurs
mains. Il s'agit d'un document de travail car des lignes
ont été biffées ou cochées et
des numéros ajoutés au crayon.
- Une pétition des anciens combattants
Cette feuille simple (21 X 34) porte en en-tête, à
l'encre la mention :
Les soussignés déclarent
vouloir employer les dix francs donnés par la municipalité
de Moingt pour un banquet fraternel dont la date sera fixée
ultérieurement.
Suivent 97 noms ou signatures répartis dans trois
colonnes avec peu de prénoms. Les 2/3 des pétitionnaires
ont eux-mêmes mis leur griffe, plus ou moins habilement.
Le porteur de la pétition a écrit le reste.
- La liste d'anciens combattants de
Moingt
Cette liste aussi sur feuille simple (21 X 34) est la mise
au propre du document précédent. Elle est
intitulée : Liste des combattants
de la Grande Guerre ayant donné leur adhésion
pour l'emploi des dix francs votés par la municipalité
et le bureau de bienfaisance à un banquet fraternel
dont la date sera fixée ultérieurement.
- Des récépissés
de mandat postal
. 97 récépissés
de mandat postal au nom de mobilisés moingtais sont
datés du 28 juillet 1916.
. 89 de novembre 1917.
- Douze petits papiers fournis
par les familles et portant des adresses de soldats au front
ou prisonniers.
et enfin :
- Quatre lettres de remerciements
de soldats.
Le poids de la guerre
Ces documents croisés avec d'autres sources permettent
d'évaluer le nombre total des jeunes Moingtais mobilisés
pendant la Grande Guerre. Ainsi nous avons établi
une liste générale (voir Annexe) en utilisant
notamment les listes des monuments aux morts : 51 noms pour
celui de la commune, 41 seulement pour le mémorial
paroissial.
Nous obtenons une liste de 208 Moingtais mobilisés
sans compter une demi-douzaine de cas pour des homonymes
avec des prénoms qui rendent l'identification difficile
(2). D'autre part, quelques soldats ont pu être
mobilisés entre novembre 1917 et novembre 1918 et
ne pas figurer dans la liste des anciens combattants soit
qu'ils aient quitté Moingt ou qu'ils n'aient pas
signer la pétition. Il s'agit donc d'une approximation.
Cependant on peut affirmer que le nombre des mobilisés
est supérieur à 200, ce qui représente
16 à 17 % de la population totale de la commune.
Parmi eux il y a, selon la liste du monument aux morts,
51 tués, soit 25 % des mobilisés de la commune
et 4,25 % de l'ensemble des Moingtais. Ces pourcentages
sont comparables à ceux du canton de Montbrison (3).
A Moingt certains foyers ont été très
durement éprouvés. La famille Epinat a perdu
trois fils (4) comme celle
des François (5). Les
Néel (6) et les Arthaud
(7) pleurent deux de leurs
garçons. La commune de Moingt a alors un nombre important
d'indigents, plus de 50 familles, et la mobilisation aggrave
la situation. Au début du conflit, le 11 août
1914, le bureau de bienfaisance décide de distribuer
un secours urgent aux femmes de 12 hommes appelés
sous les drapeaux :
Lafond Jean,15 F ;
Traverse Marius,15 F ;
Drutel Jean,10 F ;
Sage, 10 F ;
Chauve J. B.10 F ;
Delaye Antoine, 10 F ;
Malécot Jean, 15 F ;
Tronel Auguste,15 F ;
Clavelloux J. M.,10 F ;
Clavelloux J. C.,10 F ;
Rival J. C.,10 F ;
Faure Gabriel,10 F (8).
A Moingt, la ferveur patriotique prévaut. Le curé
est l'abbé Jean-Louis Breuil, un solide montagnard,
très proche de ses ouailles bien que sa paroisse
vote plutôt à gauche et soit marquée
par l'indifférence religieuse. Dès le début
de la guerre il rassemble notes et documents sur les jeunes
soldats moingtais avec l'intention de faire, le moment venu,
un livre d'or en leur honneur (9).
Le conseil municipal, dirigé par Laurent Nourrisson,
un petit industriel, décide en octobre 1916 de souscrire
pour 300 F au 2e emprunt de la défense nationale
(10).
Le
village n'oublie pas ses soldats
Les
gratifications
En juillet 1916, la municipalité octroie, "à
titre d'encouragement", une gratification de 10 F (11)
à chaque Moingtais sous les drapeaux. Le mandat était
accompagné d'une lettre du maire de Moingt exprimant
la gratitude de la commune et des vux pour l'avenir.
Les 97 récépissés datés du 28
juillet 1916 (12) trouvés
dans le registre font foi de ce versement. De plus le registre
porte 5 mentions "rendu talon
de mandat aux familles". Ajoutons encore des
envois séparés pour les 9 prisonniers de guerre
détenus en Allemagne, et quelques soldats en permission
ou casernés à Montbrison qui reçoivent
directement la prime (13). Nous
nous rapprochons du nombre figurant dans la liste des mobilisés
de juillet 1916. La commune de Moingt a donc dépensé
près de 1 300 F (14) pour
soutenir ses enfants sous les drapeaux.
Adresses de soldats
prisonniers
|
La
même opération, avec la même somme
de 10 F donnée à tous les mobilisés
de Moingt, est réalisée par la municipalité
en novembre 1917 avec un nombre comparable d'envois si
l'on se réfère à une autre liasse
de 89 récépissés datés de
novembre 1917 trouvée dans le registre. Ces versements
sont effectués par le canal du bureau de bienfaisance
sous la rubrique "Secours
en argent aux mobilisés de la commune".
Mais il y a quelques complications administratives, la
somme votée par le conseil municipal n'étant
pas suffisante (15).
Ces gratifications continuent les années suivantes,
même après la fin de la guerre. Le registre
des délibérations du conseil municipal en
témoigne. En 1920, il y a une erreur à réparer
:
un oubli regrettable a
été commis par le receveur municipal lors
de la confection du budget additionnel 1920. Alors que
le Conseil croyait fermement avoir voté 1500 F
en faveur des poilus démobilisés, cette
somme ne figure pas au budget.
Le conseil s'ingénie alors à trouver un
solution car les édiles semblent tenir beaucoup
à ce geste :
Le paiement de cette
gratification ne pouvant être ajourné indéfiniment
il [le maire] prie le Conseil de prendre les mesures que
comporte la situation. Le Conseil, après délibération,
autorise Mr Thinet, dépositaire des souscriptions
publiques pour l'érection du monument aux morts
pour la patrie à faire l'avance de la somme nécessaire
au payement de la prime aux poilus. Si cette somme était
réclamée par le receveur municipal les conseillers
présents s'engagent à la lui rembourser.
Le Conseil décide en outre que cette somme sera
prévue au budget additionnel 1921
(16).
De retour au village natal, les "poilus de Moingt"
éprouvent le besoin de se retrouver. Plutôt
que de toucher la gratification municipale, la majorité
d'entre eux préfèrerait qu'elle serve à
payer un "repas fraternel"
qui les réunirait. C'est le vu exprimé
par la pétition trouvée dans le registre,
non datée mais vraisemblablement des années
1919-1920. |
Les
lettres de remerciements
Les sommes versées à chaque soldat sont modestes
mais, pour le village, il s'agit d'un réel effort qui
exprime solidarité et reconnaissance.
Comment furent reçues ces gratifications ? Bien, vraisemblablement.
C'était de quoi améliorer un peu l'ordinaire
du soldat, selon les goûts de chacun. Mais, surtout,
elles rappelaient le pays natal, Moingt, son conseil municipal,
son curé et tous ceux qui s'inquiétaient et
espéraient chaque jour le retour en bonne santé
du fils, du mari, du fiancé
Quelques bénéficiaires envoyèrent une
lettre de remerciements. En termes convenus - et parfois grandiloquents
- ces missives expriment une sincère gratitude. Nous
en avons retrouvé quatre :
- Celle du soldat Gabriel Place,
de Rigaud, écrite au crayon :
En Argonne le 12 du 8-1916
Monsieur le Maire
Permettez-moi de vous remercier de la gracieusetée
[sic] que vous m'avez faite avec votre Conseil, en voulant
bien m'expédier un bon mandat de 10 francs, que j'ai
reçu, et je vous en accuse réception.
Recevez, Mr le Maire, mes remerciements, avec l'assurance
de votre tout dévoué serviteur.
Place
-
Celle du soldat Claude Condamine,
au crayon également :
Le 29 octobre 1916
Monsieur le Maire
J'ai l'honneur de vous accuser réception du mandat
de dix francs que vous avez bien voulu m'adresser par votre
lettre du 21 juillet dernier que je reçois ce jour
seulement.
Nous connaissons l'un et l'autre d'où provient ce retard.
Il n'y a pas de votre faute et ne puis que vous remercier
infiniment de votre bonté et générosité,
vous et le Conseil municipal ainsi que des vux que vous
faites pour moi.
Dans l'espoir de vous serrer la main à tous, recevez
Monsieur le Maire, mes meilleures amitiés, et me dis
votre dévoué serviteur.
Condamine
875e territorial infanterie, 11e compagnie, 1re section, 3e
escouade, secteur 164.
- La carte de Jean Bayle, classe
1900, sergent au 75e infanterie, prisonnier de guerre à
Minden Wesphalie, France :
Le texte est très bref : sincères
remerciements. La carte est datée du 3 novembre
1916 ; les 10 F sont devenus 8,10 marks. Elle est arrivée
à la poste de Montbrison le 27 novembre, 3 mois après
l'envoi du mandat.
- Et enfin la lettre particulièrement cérémonieuse
et énergique de François
Gualino, de la Légion étrangère
:
Phu-Lang-Thuong le 16 7bre 1916
Monsieur le Maire
J'ai l'honneur de vous accuser réception de votre honorée
lettre en date du 25 juillet 1916 contenant un mandat de
dix francs.
Je vous prie de vouloir bien en séance du Conseil adresser
mes remerciements pour le beau geste qui a été
fait non seulement à mon égard mais vis-à-vis
de tous ceux de la commune qui défendent le sol français.
Nous sommes sur le point de rentrer en France peut-être
vers le 25 de ce mois et vous prie de croire que je ferai
mon devoir comme tous les camarades pour abattre complètement
la harde [sic] de barbares qui voulaient nous envahir et nous
inculqué [sic] leurs principes de civilisation mais
(laquelle mon Dieu).
Recevez Mr le Maire avec mes remerciements l'assurance de
mon profond respect et de mon entier dévouement.
19e Cie 4e Bataillon
1er Rt Etranger.
Gualino
Le caporal François Gualino de la classe 1913 s'était
engagé dans la Légion étrangère
à Marseille. Il est tué à l'ennemi le
26 avril 1918 au bois de Hangard (Somme).
La Grande Guerre achevée, Moingt n'oublia pas ses anciens
combattants et ses "héros" . Des monuments
aux morts furent rapidement érigés avec l'aide
de souscriptions publiques. Ils firent même l'objet
d'une vive compétition entre la paroisse et la municipalité
. Ces quelques papiers perdus et retrouvés nous ont
permis d'évoquer un peu comment fut vécue dans
une petite localité, cette sombre période. Rien
que pour cela ils sont précieux.
Joseph
Barou
Notes
(1)
1208 en 1891 ; 1 144 habitants en 1907.
(2) Dumas (sans prénom) est-il Dumas André ?
Gérossier Joannès, GérossierJean ? Lyonnet
Louis, Lyonnet Jean Louis ? Metton J. M., Metton Jean ? Mondon
Pierre, Mondon Jean-Pierre ? Vial B., Vial Jean-Baptiste.
Le prénom d'usage n'est pas toujours le premier prénom
(3) Cf. Henri Gerest, Les populations rurales du Montbrisonnais
et la Grande Guerre, Centre d'études foréziennes,
Saint-Etienne, 1975, p. 157.
(4) Pierre Epinat (+.1914), Jean Epinat (+ 1916), Marius Jean-Baptiste
Epinat (+ 1916).
(5) Mathieu François (+ 1914), Marius François
(+ 1915) et Antoine François (+ 1918).
(6) Antoine Néel (+ 1918) et Joannès Néel
(+ 1918).
(7) Jean Arthaud (+ 1918) et Jean Marie-Arthaud (+ 1914).
(8) Registre de délibérations du bureau de
bienfaisance de Moingt, archives municipales de Montbrison.
(9) Cf. Jean-Louis Breuil, "Moingt pendant la Grande
Guerre", La Diana - Cahiers de Village de Forez,
2005.
(10) Registre de délibérations du conseil
municipal de Moingt, archives municipales de Montbrison.
(11) 10 F de 1916 vaudrait aujourd'hui (2011) 23,80 euros.
(12) Pour 5 d'entre eux le timbre est illisible.
(13) Jean Marie Clavelloux, infirmier, hôpital 16, Montbrison
; Jean Richard, 16e d'infanterie, 25e compagnie, Montbrison
; Mathieu Tissier, hôpital 17, Montbrison.
(14) Cette somme équivaut aujourd'hui à 3 094
euros.
(15) Registre de délibérations du bureau
de bienfaisance de Moingt, archives municipales de Montbrison.
(16) Séance du 6 février 1921, Registre de
délibérations du conseil municipal de Moingt,
archives municipales de Montbrison.
(17) C'est le terme qui est employé pour l'inscription
sur le monument aux morts communal.
(18) Cf. J. Barou, "Les monuments aux morts, enjeu d'une
lutte d'influence entre l'Eglise et la République (1919-1922)",
Mémoire de la Grande Guerre, souvenir des combattants,
coédité par le CERHI (Université Jean-Monnet)
et le Musée d'histoire du XXe siècle d'Estivareilles,
2010.
(extrait
de Village de Forez
n° 114, octobre 2011)
Moingt
soutient ses soldats
(8 pages en format pdf)
Première
page du registre
Lettres de soldats
François
Gualino
*
*
*
Claude Condamine
*
*
*
Gabriel
Place
*
*
*
Jean Bayle
*
*
*
2
Les
monuments aux morts
enjeu
d'une lutte d'influence entre l'Eglise et la République
Moingt
(1919-1922)
En
1919, Moingt compte ses morts. Le village a été
très éprouvé : 41 morts pour 1 141 habitants
(1). Certaines familles ont été durement frappées.
La famille Epinat a perdu trois fils (2) comme celle des François
(3). Les Néel (4) et les Arthaud (5) pleurent deux
de leurs garçons
Cinq années de souffrance
ont marqué les esprits. Il convient, la paix revenue,
d'honorer les morts : marquer de la reconnaissance, surtout
ne pas les oublier.
Jean-Louis Breuil
(1852-1937)
(photo
prise vers 1925)
vicaire
à Saint-Just-en-Bas,
curé de Lérigneux de 1895 à 1904,
curé de Moingt de 1904 à 1937,
inhumé à Montarcher
|
Jean-Louis
Breuil est curé de Moingt depuis 1904. Né
à Montarcher en 1852, ordonné en 1876,
c'est un patriote fervent qui avait 18 ans pendant la
guerre de 1870. Fils de paysans, plein de bonhomie,
il est très proche de ses ouailles. La peine
des familles l'affecte vraiment.
Dès le début de la guerre, il rassemble
des documents et des notes sur le conflit : mouvements
du 16e RI, paroissiens mobilisés
En 1919,
il veut publier un Livre d'or de la paroisse en hommage
aux victimes moingtaises. Mais il suspend son projet
par manque de fonds et meurt en 1937. Ses notes déposées
à la Diana sont aujourd'hui une source précieuse
pour l'histoire locale (6).
Projets
L'initiative revient
à l'abbé Breuil. Dès janvier 1919,
il à l'intention d'élever un mémorial
pour les morts de 1914-1918. Mais où placer ce
monument ? Le curé voudrait que ce soit dans
l'église avec l'aide de la commune. Mais il comprend
vite que ce n'est pas réaliste bien que, dit-il,
les années de guerre aient atténué
l'esprit sectaire. Depuis la loi de séparation
de l'Eglise et de l'Etat, il ne peut plus, théoriquement,
y avoir de confusion entre le plan civil et le plan
religieux (7).
|
Paroisse
et commune auront donc, chacune, leur monument. Une compétition
s'engage entre la Mairie et le Presbytère (8).
Qui sera le plus zélé, le plus rapide ?
Qui honorera le mieux les victimes de la guerre ? Quel
est l'enjeu ?
Pour l'Eglise, représentée par l'abbé
Breuil, il faut prouver, même après la Séparation,
que son influence reste forte sur la population, que Moingt
est toujours une terre chrétienne. |
|
Pour
la République, et donc la municipalité de Moingt,
il s'agit de faire prévaloir les règles dictées
par la loi de 1905 : une nette séparation entre le civil
et le religieux même pour honorer les morts.
|
Après
la guerre des monuments aux morts sont élevés
dans beaucoup d'églises. Le 23 février
1919, l'abbé Breuil annonce à la messe
dominicale son projet d'élever dans l'église
un petit monument ou une belle plaque avec les noms
des soldats moingtais morts au champ d'honneur : acte
de reconnaissance, de foi et de patriotisme.
La municipalité de Moingt est ainsi prise de
vitesse. Quand, en août 1919, le conseil vote
à l'unanimité l'érection du monument
communal, l'adjudication de celui de l'église
est déjà donnée.
|
L'abbé Breuil constate avec un brin d'ironie :
les affaires de commune vont lentement, elles traînent
souvent en longueur. Il faut délibérer, re-délibérer,
dresser des plans et devis
Côté cure, il n'y a pas de délibérations.
Pourtant le curé n'agit pas seul. Il s'appuie sur le
conseil paroissial et sur un Comité des droits des
catholiques, constitué comme dans chaque paroisse du
diocèse. A Moingt, il est installé le 4 mai
1919. Sa première mission est d'aider la paroisse à
réaliser le monument.
Le curé a tout prévu. Plans et devis sont prêts.
Un marbrier, M. Cheuzeville, a été contacté.
A la première réunion, tout est presque réglé.
Une souscription sera lancée par une lettre-circulaire
à toutes les familles. Le comité et le conseil
paroissial se réuniront dès que les résultats
de l'opération seront connus pour choisir un modèle.
Le projet initial est modeste : une simple plaque qui devrait
coûter 400 F.
Souscriptions
La lettre de souscription
aussitôt rédigée est portée à
l'imprimeur et adressée aux Moingtais. On ne saurait
être plus diligent ! La paroisse a une difficulté
de plus. L'église, à l'intérieur, est
à moitié recrépie. La guerre a arrêté
des réparations prévues avant 1914. Avant tout,
il faut finir ces travaux et pour cela trouver 800 F. La souscription
est donc double : pour le monument et pour les réparations.
Elle dure six mois. M. le Curé, en chaire, relance
de temps à autre ses paroissiens. Il affiche au fond
de l'église, la liste des souscripteurs. Ainsi certains
paroissiens font plusieurs versements. Il relève aussi
les troncs déposés à l'église.
Mais cette dernière ressource est minime : moins de
20 F.
Pour le conseil municipal, les affaires vont moins vite. Il
faut d'abord savoir ce que l'on veut faire et les coûts
ne sont pas du même ordre. L'abbé Breuil remarque
avec malice : Pour réaliser
ce projet [le monument civil]
il faudra des ressources considérables. Avec 5 ou 6
000 F, on ne peut élever qu'un monument mesquin, ridicule,
qu'une borne pour les chiens
N'importe, notre
municipalité veut un monument et aura un beau monument.
La souscription est ouverte
Le conseil a décidé que la quête se fera
à domicile. Ensuite, il votera la somme complémentaire
nécessaire, ce qui fait écrire à l'abbé
Breuil : Ainsi le public paiera et
nos édiles auront la gloire d'avoir élevé
un beau monument. Sur le même ton le curé
relate les débuts de l'opération à laquelle
il contribue avec élégance :
Par un beau dimanche de septembre
(1919) les membres du conseil
municipal désignés pour faire cette quête
se mettent en route. M. le Maire part en auto faire une randonnée
On se présente chez moi. Je donne gracieusement mon
offrande, sans m'inquiéter de ce qu'ont donné
nos édiles
et il se trouve que mon offrande est
égale à celle de chaque conseiller municipal.
La quête est menée rondement et dure seulement
un mois. Suivant l'usage, le conseil fait publier la liste
des souscripteurs dans le Journal de Montbrison. Ainsi le
donateur est sûr que son offrande n'a pas été
détournée de son but. En revanche, sa participation
est connue de tous, moyen de pression subtil mais efficace
dans une société où il convient de tenir
son rang et où le paraître à beaucoup
d'importance.
Donateurs
Les sommes reçues
de part et d'autre sont du même ordre de grandeur. La
paroisse reçoit 2 103,10 F. La 1re liste de la souscription
municipale qui a été publiée recueille
1 567 F, la somme totale se montant finalement , selon l'estimation
de l'abbé, à environ 1 800 F.
Il y a pourtant une différence essentielle. La collecte
paroissiale couvre intégralement les frais engagés
dans l'église alors que la souscription de la commune
représente seulement 15 % du coût du monument
aux morts de la place de la mairie. Ce dernier, toujours selon
le curé, aurait coûté plus de 12 000 F.
Ces listes de souscriptions comparées permettent des
observations intéressantes sur le nombre des souscripteurs,
l'importance des dons, les catégories sociales touchées
Pour le monument paroissial, il y a eu 182 dons avec 134 donateurs
pour 330 familles. Moins d'une famille sur deux a participé
à la collecte avec un don moyen de 8,84 F. 29 souscripteurs
ont versé 10 F et plus, ce qui représente 45
% de la somme totale. Surtout, 4 donateurs importants ont
versé, en tout, 400 F (33 % du total).
La souscription communale a été plus large :
255 souscripteurs soit les ¾ des familles de Moingt.
Il est vrai que la quête a été faite à
domicile par le maire, les adjoints, les conseillers, auxquels
il était difficile de refuser une obole. Le don moyen
s'élève à 6,14 F seulement. Les donateurs
de 20 F et plus n'apportent que 33 % de la somme totale. En
résumé, les dons sont plus nombreux mais moins
importants. La population de Moingt est presque totalement
concernée.
L'abbé Breuil a été le plus rapide mais
son opération a été moins populaire.
Il se réjouit tout de même du résultat
et, toujours caustique, fait une comparaison un peu hâtive
: Quelle somme a-t-on trouvé [pour le monument communal]
? 1 800 F ? Pour le monument de l'église et les réparations,
nous avions trouvé 2 109 F.
Réalisations
Le mémorial de l'église
Monuments aux morts
de l'église de Moingt
|
Les
souscriptions s'élèvent à plus
de 1 000 F. Le comité paroissial se réunit
le 6 juin 1919 avec le marbrier. Comme il y a plus d'argent,
le monument sera plus grand et plus beau. L'abbé
Breuil note les décisions prises : mémorial
de 3 m de haut et 1,20 m de large, en pierre de Bourgogne
avec des inscriptions en lettres brun antique.
Une commission formée des trois principaux donateurs
suit les travaux. C'est une sage précaution car,
comme le dit le président du comité paroissial
: Tout en faisant pour le mieux, il nous sera difficile
de faire au goût de tout le monde ; ainsi ceux
qui ne seront pas contents, on les renverra du curé
aux membres de la commission
et des membres de
la commission au curé.
La rénovation de l'église est achevée
dans les délais mais le marbrier ne peut placer
le monument avant la Toussaint de 1919 comme convenu.
Le 3 mars 1920 le travail est fini. Le curé verse
1 025 F au marbrier.
|
Le
monument de la commune
A
la Mairie, la réalisation du projet demande plus
de temps. L'abbé Breuil, toujours ironique, note
: Après cette quête, le conseil municipal
délibère, re-délibère encore
pendant plusieurs mois. Où placera-t-on ce monument
? Au cimetière ou sur une place publique ?
Les plans et devis sont acceptés. Une stèle
en granit poli de St-Julien-la-Vêtre portera des
inscriptions en lettres d'or. Ce monument, que le curé
de Moingt trouve sobre, mais d'un goût parfait,
est érigé sur la place de la Mairie en
juin 1922
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Bénédictions
et inaugurations
Le monument religieux
Il reste à organiser une grande
fête le dimanche 30 mai. D'une pierre on fera deux coups.
Une statue de Jeanne d'Arc a été placée
dans l'église en 1914. La guerre est survenue, elle
n'a jamais été bénite Elle le sera donc
en même temps que le monument. La bonne Lorraine vient
d'être canonisée. C'est parfait. N'est-elle pas
le symbole du patriotisme ?
L'église est pavoisée et fleurie. Les clairons
et tambours des P'tits fifres de Montbrison sont là
ainsi que la chorale et les patronages. Le chanoine Jeannin,
curé archiprêtre de Notre-Dame préside.
L'un de ses vicaires, l'abbé Freyssinet, qui a fait
la guerre, assure le prêche.
La fête est réussie. L'abbé Breuil raconte
:
Le matin, la grand-messe est célébrée
pour nos chers disparus
La cérémonie est
fixée à 6 h. Bien avant l'heure l'église
est envahie par la foule. Les cloches sonnent à toute
volée
Les sociétés de Montbrison
arrivent tambours battant, clairons sonnant. Sur la route,
les promeneurs se sont mis à leur suite
Non seulement
l'église déborde, la rue elle-même jusqu'à
la tour est noire de monde.
La cérémonie commence par l'hymne à l'Etendard
avec tambours et clairons
le prédicateur prononce
une très belle et éloquente allocution sur Jeanne
d'Arc et l'héroïsme de nos soldats. Après
le sermon les chanteuses de Moingt chantent une cantate à
Jeanne d'Arc
Le bon curé est content de lui et de ses ouailles.
Le
monument civil
Maintenant que son projet
est réalisé, l'abbé Breuil s'intéresse
encore plus au monument civil. Il souhaiterait qu'il y ait
un acte religieux au cours de l'inauguration :
Fera-t-on bénir le monument
? La majorité de notre municipalité est assez
bien pensante
Cependant peut-on faire cette bénédiction
en même temps que l'inauguration officielle ? Parmi
les invités notables, tous ne sont pas bien sympathiques
aux idées religieuses
N'aurait-on pas à
craindre quelques cris hostiles poussés par quelques
énergumènes ?
Nous nous abstiendrons donc.
Le curé de Moingt prend ainsi une sage décision.
Il a compris la situation nouvelle créée par
la loi de Séparation. De son côté le conseil
municipal fait un geste. Il demande que le jour de l'inauguration,
un requiem soit célébré. Le 23 juillet
1922, il y aura donc deux cérémonies distinctes,
l'une, religieuse, à l'église, l'autre, civile,
sur la place publique. Chacun pourra, sans gêne, participer
à ce qui lui conviendra.
A l'église, le requiem
Le
curé veut une belle célébration. L'église
est pavoisée. Dans le chur des places sont prévues
pour les élus. Les P'tits fifres montbrisonnais et
les chorales sont là ! Il y a la foule. Dans son sermon,
le curé de Moingt savoure son triomphe :
L'esprit sectaire
a fait son temps. Pendant la guerre les idées ont bien
changé, seuls, quelques vieux endurcis sont restés
en retard dans ce mouvement des idées vers la tolérance
et la liberté
Honneur à la municipalité
de Moingt qui a demandé cet office religieux
car l'esprit sectaire a fait son temps
Honneur à
la municipalité de Moingt qui en demandant cet office
s'est conformée aux vux de la population, aux
désirs des familles éprouvées
Il serait même allé plus loin, avoue-t-il, s'il
avait prévu un tel succès :
Aussitôt l'office terminé,
je dis aux jeunes de Montbrison : "Sortez vite devant
l'église ; que les tambours battent, que les clairons
sonnent
et allez saluer le monument
Le défilé
s'organise rapidement, toute la foule suit
les clairons
sonnent "aux champs" et la foule applaudit
Si j'avais prévu cette manifestation, j'en aurais profité
pour suivre la foule et bénir le monument. Nous aurions
ainsi inauguré le monument avant l'inauguration officielle
!
Heureusement, l'abbé reste dans son église.
Une bénédiction "sauvage" du monument
civil aurait créé un incident fâcheux.
L'esprit des vieilles luttes du début du siècle
subsiste, l'inauguration officielle de l'après-midi
va le prouver.
Sur
la place publique, l'inauguration
Le
temps est parfait, la foule nombreuse. Sous-préfet
et parlementaires arrivent de Chalain-d'Uzore où une
autre stèle a été inaugurée. Après
la Marseillaise chantée par les enfants des écoles,
le maire, Laurent Nourrisson, prend la parole puis le député
radical, Pierre Robert et le député-maire de
Montbrison, Louis Dupin. Enfin le sous-préfet parle
à son tour
Les discours, en termes convenus,
vont tous dans le même sens : hommage et reconnaissance
aux morts pour la patrie
Journal
de Montbrison du 5 août 1922
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La
cérémonie s'achève. Les enfants entonnent
un chant patriotique quand survient un incident. Le Journal
de Montbrison relate :
Les discours semblent terminés,
lorsque monte à la tribune un soi-disant Poilu
qui, dans une diatribe violente, impute la guerre à
une certaine catégorie de Français. Tumulte,
protestations, huées. Mais, dominant le bruit,
s'élève la voix du représentant du
gouvernement qui clame son indignation contre ces abominables
propos
Ce mauvais Français est le moniteur des clairons
de l'Amicale laïque de Montbrison, communiste connu,
mobilisé quelque temps. Cet incident pénible,
provoqué par un énergumène, dans
une cérémonie semblable, a indigné
tous les assistants (9).
Des jeunes gens, anciens combattants, se précipitent
pour faire un mauvais sort à l'orateur non attendu
Ce dernier, Jean-Baptiste V., un Moingtais du Surizet,
revendique son acte et sa qualité de militant communiste.
Les jours suivant il écrit au Journal
de Montbrison pour faire publier son discours.
Quels propos ont fait scandale ? Selon l'abbé Breuil,
il aurait attribué aux bourgeois et aux curés
la responsabilité de la guerre. Pour le Journal
de Montbrison, c'est surtout le cri "à
bas la Calotte" qui a choqué. Le
perturbateur n'est pas totalement isolé car, note
le curé : après son expulsion
quelques anabaptistes du même acabit qui se tenaient
dans un coin, s'éclipsent aussi.
La fête est ternie même si le sous-préfet,
par quelques
belles paroles, essaie de calmer l'indignation générale.
La foule se disperse. L'instituteur essaie en vain de
faire entonner un dernier chant aux enfants. |
Pour
conclure
A la fin de la première
guerre mondiale Moingt est-il un village bien-pensant ? Le
village a la réputation fondée d'être
plutôt anticlérical, plus en tout cas que les
localités voisines à cause de sa longue dépendance
envers le chapitre de Notre-Dame de Montbrison. L'abbé
Breuil constate que la pratique religieuse est moyenne : un
certain nombre de mes paroissiens vont ordinairement à
la messe à Montbrison ou bien ne vont nulle part !
Les résultats électoraux montrent que Moingt
vote plus à gauche que les communes voisines. Ainsi,
en 1913, pour une législative, le candidat radical,
Pierre Robert, pourtant battu, y recueille 70 % des voix.
Certes l'abbé Breuil a réussi sa souscription
grâce aux familles aisées. Il a mené à
bien son projet en réagissant plus vite que la municipalité.
Les célébrations qu'il organise semblent triomphales.
Et le monument civil a même failli être bénit
!
Cependant la quête municipale a été plus
large et plus populaire. Et l'incident de l'inauguration officielle
montre qu'il y a localement un anticléricalisme militant
capable de s'afficher. L'extrême gauche politique, très
minoritaire, est présente dans le village.
Ainsi se traduit localement une baisse de l'influence de l'Eglise.
A la différence de beaucoup de villages des monts du
Forez (10), après la Grande Guerre, Moingt n'est plus,
comme l'aurait voulu l'abbé Breuil, un pays de chrétienté
même si la population est encore largement de tradition
catholique.
Joseph
Barou
["Les
monuments aux morts de Moingt", Village de Forez,
n° 101, avril 2005]
(1)
51 morts sur le monument civil. Sur le poids de la
guerre cf. Henri Gerest, Les populations
rurales du Montbrisonnais et la Grande Guerre,
CEF, St-Etienne, 1977.
(2) Jean Epinat, Marius Epinat
et Pierre Epinat.
(3) Mathieu François (+
1914), Marius François (+ 1915) et Antoine François
(+ 1918).
(4) Antoine Néel (+ 1918)
et Joannès Néel (+ 1918).
(5)
Jean Arthaud (+ 1918) et Jean Marie-Arthaud (+ 1914).
(6) Sauf indication contraire, toutes les citations
de cet article sont tirées des notes de l'abbé
Breuil, archives de la Diana.
(7) Pourtant quelques communes (Ecotay, Lérigneux
)
ont réalisé des monuments aux morts à
l'intérieur de l'église.
(8) Sur l'importance des monuments aux morts cf. l'ouvrage
de Monique Luirard, La France et
ses morts, Centre interdisciplinaire d'études
et de recherches sur les structures régionales, St-Etienne,1977.
(9) Journal de Montbrison
du 25 juillet 1922.
(10) On peut citer St-Bonnet-le-Courreau, étudié
par Sophie Damon, "St-Bonnet-le-Courreau
un village et son curé en 1939 d'après l'agenda
de l'abbé Chanfray", Village de
Forez, 2004.
Les
monuments aux morts de Moingt,
(
format pdf, 8 pages)
Moingt
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Joseph Barou
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13
novembre 2011
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