MARIE, SERVANTE D'UN LABOUREUR DE SAINT‑JEAN‑SOLEYMIEUX
C'est le notaire Franchet qui, le 19 avril 1756, reçoit la déclaration de Marie Boyvironet (1). Elle s'adresse à Jean Imbert, marchand épicier, un des recteurs de l'hôpital. L'acte est passé dans le presbytère de St‑André en présence d'Antoine Depeyredieu, docteur en théologie, curé de St‑André, et de Dominique Gabriel Chilhac, prêtre, premier vicaire de St‑André.
Marie Boyvironet est âgée de 25 ans. Elle dit être née à Sallians (Saillant) en Auvergne et ne plus avoir depuis son enfance ni père ni mère.
Depuis un an elle est servante chez Jean Guillaume, laboureur à Barge, paroisse de Saint‑Jean‑Soleymieux. C'est son maître qui l'a séduite :
"... Elle a eu la foiblesse et le malheur d'avoir eu commerce charnel avec le nommé Jean Guillaume laboureur demeurant aud[it] village de Barges, sud[ite] parroisse de St‑Jean lequel Guillaume étoit pour lors son maître..."
Elle fait la déclaration à l'hôpital "pour se conformer et obéir aux édits, déclarations et ordonnances de nos roys en vue de son accouchement ou "si a Dieu ne plaise elle pourroit se blesser".
Au moment de la déclaration Marie habite dans le quartier de "la Pourcherie" à Montbrison. Elle est enceinte de sept mois et se pourvoit contre Guillaume. Elle ne sait pas signer.
Marie Boyvironet, Bauvironnet selon les archives de Sainte‑Anne, accouche d'une fille, Agathe, le 8 juillet 1756. L'enfant est baptisée le même jour par M. de Peyredieu, curé de Saint‑André. Dès le 10 juillet Agathe est remise au bureau de l'hôpital par le recteur qui avait reçu la déclaration de Marie Boyvironet. Agathe est élevée par la veuve d'Antoine Ribon, du village de Fraisse, paroisse de St‑Jean‑Soleymieux. Elle entre à la Charité en 1764, à l'âge de huit ans (2).
1. Archives de la Diana, Fonds des notaires, Franchet, 1756. Cette déclaration nous a été aimablement signalée par Claude Latta.
2. Archives hospitalières de Montbrison.