(dessin du docteur Noëlas, archives Diana)

Les déclarations de grossesse en Forez
sous l'Ancien Régime

 

 

 

 

Marguerite Guillermy

Acte du 19 mars 1754

Notaire : Morel

Archives de la Diana

(Antenne des archives départementales)

 

 

Marguerite Guillermy et Antoine Michel dit "saint-Germain"

Document




Résumé

       Nous retrouvons le même Antoine Michel dit "Saint‑Germain" neuf ans plus tard dans la déclaration de Marguerite Guillermy reçue le 19 mars 1754 en l'étude du notaire Morel (1) est adressée à Antoine Souchon, un des recteurs de Sainte‑Anne. La déclarante, âgée de 26 ans, est native de Pommiers et s'est trouvée "en condition" chez plusieurs particuliers : d'abord domestique du sieur Orizet, granger ou fermier du domaine des Granges à Mornand, puis chez Morel, au lieu des Ronzières, à Saint‑Paul‑d'Uzore jusqu'à Noël 1751...

       Marguerite Guillermy explique que son séducteur est le nommé Antoine Mi­chel et que leur liaison a début en 1751 ou 1752. Tombée malade, elle  va habiter Montbrison  où "le nommé Antoine Michel dit St‑Germain qui étoit séparé d'a­vec sa femme luy conseilla de se retirer [...]  pour se faire médicamenter [disant] qu'il prendroit soin d'elle, ce qu'elle fit et ledit Michel  la logeat chez la veuve Gorou cabaretière où il luy fit donner des remèdes par le Sieur Beisson, chirugien qu'il a payé".

       Marguerite "étant  guérie ledit Michel la plassat chez Faugerand cabaretier rue St‑Jean où elle fit les vendanges dans l'une et l'autre maison". L'attention que Saint‑Germain porte à sa protégée n'est pas désintéressée. Marguerite déclare qu' "il la connoissait charnellement toutes les fois qu'il la rencontroit seule".

       Ensuite, "vers les festes de Noël de ladite année mil sept cent cinquante deux elle fut demeurer domestique au domaine de Chateaugaillard où elle restat jusques aux fetes de paques  de l'année dernière [1753] auquel  temps ledit Michel l'obligeat de se rendre avec luy en la ville de Lyon ce qu'elle fit".
      
       Elle continue sa vie d'errance rejointe de temps à autre par son compagnon ou "protecteur". "Elle se rendit domestique au sieur Condamine dans sa ferme de Vaize où elle demeurera jusques à la feste de St Martin d'hyvert dernière et alors elle se rendit dans l'hopital dudit Lion d'où ledit Michel la sortit pour aller demeurer avec luy dans une chambre proche la douäne au rez de chaussée  où ils ont couché et habité ensemble jusques à la fin du carnaval dernier qu'il partit pour venir en cette ville [Montbrison] où il est mort".

       Elle affirme que "dudit commerce elle se trouve enceinte des seuls faits dudit St‑Germain duquel elle a apris la mort audit lion dans ladite chambre par le nommé Fontanière messager qui fit tout saisir ce qui étoit dans ladite chambre jusques aux linges et hardes d'elle même en sorte qu'elle seroit dénüé de tout secours pour sa nourriture jusques à ses couches n'étant enceinte que de­puis les fetes dernières..."

       Elle est enceinte de quatre mois et déclare ne pas savoir signer.

(1) Archives Diana, fonds des notaires, Morel, 1754.