(dessin du docteur Noëlas, archives Diana)

Les déclarations de grossesse en Forez
sous l'Ancien Régime

 


Catherine Ladouceur

Enquête
faitte par les mariés Faucou
du 5e ventôse de l'an II


Notaire Bourboulon

Archives de la Diana

(Antenne des archives départementales)

 

Catherine Ladouceur

fille de Françoise Varagnat et du citoyen Gouilloud

Date : 5 ventôse an II

Notaire : Bourboulon

         Enquête faitte par les mariés Faucou du 5e ventôse de l'an II

         Liberté, égalité

         Cejourd'huy cinq ventôse an Second de la République française, une indivisible et démocratique
         Pardevant nous Jean Baptiste Durieu et Jean Baptiste Bourboulon fils (citoyens ?) résidants en la commune de Montbrizé arbitres nommés par le citoyen Pierre Faucou cultivateur demeurant en la commune de Lavieux et Françoise Varagnat sa femme tutrice de son enfant réunis dans le domicile de Bourboulon l'un de nous sont comparus led. mariés Faucou et Varagnat qui nous ont dit qu'en exécution du jugement du tribunal de famille rendu le 14 pluviôse dernier, ils ont fait assigner par exploit de Vial, huissier publiq en date du 2 du présent Claudine Faucou, majeure, demeurant en la commune de Lavieux ainsy que les citoyens Buer et Couard dit Laforest arbitres par elle nommée résidant aud. Montbrison et les citoyens Jean Degruel demeurant à Chazelles-sur-Lavieu, Jeanne Crépet, Antoine Moissonnier demeurant à Gumières, Benoît Granger, citoyen demeurant à Lavieux, Catherine Portier fille majeure et la nommée Beaune, veuve majeure, ces deux dernières résidantes à Montbrizé, pour comparoitre les uns et les autres pardevant moy Bourboulon, cejourd'huy dix heures de relevé...

[les témoignages]

         1/ "... il est de sa parfaite connoissance que s'étant trouvé dans le domicille du citoyen lafond cordonnier à Montbrizé, elle vit assemblés le citoyen à son décès homme de loix avec la citoyenne Varagnat qu'elle entendit la citoyenne Varagnat demander au citoyen Gouilloud la somme de six cent livres pour élever son enfant. Le citoyen Gouilloud luy répondit qu'il scavoit ce qu'il avait à faire que c'étoit son enfant et après bien de disputes et débats entre eux à l'occasion des frais dud. élevement le citoyen Gouilloud luy offrit la somme de trois cents livres pour les frais d'entretien de son dit enfant la citoyenne Varagnat luy repliquat que lad. somme luy étoit insuffisante. Le citoyen Gouilloud lui répondit pourquoy elle avoit exposé son enfant. La citoyenne Varagnat luy dit que c'étoit bien forcé ne sachant où trouver le citoyen Gouilloud. Ledit luy repondit qu'il l'étoit occupé à chercher une nourrice..."
[Citoyenne Antoinette Baune, veuve Durand]

         2/ "...il est de sa parfaitte connaissance que Françoise Varagnat mère de l'enfant la vint trouver chez elle a huit heures du soir pour l'engager à se transporter chez son maître ce que la déposante fit, et s'étant transporté avec elle dans le domicille dud. Gouilloud, la citoyenne Varagnat luy déclara qu'elle avait fait un enfant dont le citoyen Gouilloud en était le père qu'il étoit à la cherche d'une nourrice depuis huit jours dans lequel interval le citoyen Gouilloud tomba malade dont il en est mort, la citoyenne Varagnat luy témoignat être très en paine sur l'élèvement et entretien dud. enfant attendu qu'elle étoit dénuée de tout secour, la citoyenne Portier luy conseilla d'exposer son enfant...
         [Catherine Portier de Montbrison]

         3/ "...il est de sa parfaitte connaissance qu'étant au service du citoyen Gouilloud à Lavieux dans le courant de l'année mil sept cent quatre vingt douze il s'est apperçu que la citoyenne Varagnat était devenue enceinte et peut croire que ce ne pouvoit provenir que des oeuvres dudit Gouilloud attendu qu'il les a vu se frequenter familièrement ensemble soit à Lavieux en son domicille, ou à Montbrisé, qu'il tenait une chambre du citoyen Laffond cordonnier ou se reffugiat sur la fin lad. Laragnat, que quelques tems après le citoyen Gouilloud invita lad. Varagnat de se transporter dans son domicille à Lavieux pour y faire sa couche et après qu'elle eut accouché d'une fille dans le domicille dud. Gouilloud ce dernier priat le déposant de conduire cet enfant à Montbrisé ce qu'il fit et étant arrivé dans le domicille dudit Gouiloud à Montbrisé il trouva le citoyen Gouilloud à qui il remit led. enfant en présence de sa mère qui y étoit aussy, qu'il est de sa parfaitte connnaissance que led. citoyen Gouilloud a payé tous les frais de couche et frais relatifs à icelle..."
[Pierre Degruel, 24 ans, de Chazelles, ancien domestique de Gouilloud] 
 

         4/ "... si ce n'est que dans le courant de l'année 1792 le citoyen Gouilloud l'invita à aller chez luy pour boire que dans la conversation qu'il eut avec luy le citoyen Gouilloud lui dit qu'il voulloit avoir du soin de l'enfant dont lad. Varagnat étoit accouché depuis trois semaines attandu que c'étoit son sang et qu'il ne l'oublieroit jamais de sa vie... dit aussi avoir vu donner par led. Gouilloud à lad. Varagnat la somme de dix livres en deux assignats de 5 livres et un paquet de linges pour l'emmaliotage de l'enfant..."
         [Benoît Granger, 48 ans, de Lavieu]

         5/ "... si ce n'est que quinze jours après la foire de St-Luc mil sept cent quatre vingt douze elle se transporta à Montbrison pour chercher un enfant à alleter et après s'en être informée, elle apprit que la nommée Printant femme du garde de l'hôpital dudit Montbrison en avoit un et sur la demande qu'elle en fit ladite Printant celle-cy luy le confiat elle reconnut cet enfant pour une fille nommé Catherine La Douceur suivant le livre qui luy fut donné par le receveur de l'hôpital chargé du payement des enfants à la charge d'iccelluy, elle conduisit de suitte led. enfant chez elle en son domicille audit lieu du Bessey. Trois semaines après, elle fut surprise de voir venir en son domicille led. citoyen Gouilloud qui luy demandat s'il (elle) n'étoit pas chargé d'un enfant. La déposante luy répondit que ouy elle le luy représenta : led. Gouilloud le luy recommanda d'en avoir soin, de ne le luy laisser manquer de rien qu'il payerait toutes les dépenses et luy donna au même moment dix livres et cinq livres de farine pour faire la boully et des menues linges ; sept semaines après le noël suivant la déposante se transporta à Montbrison pour trouver le citoyen Gouilloud pour luy donner des nouvelles de son enfant et luy dit qu'il se portoit bien led. Gouilloud transporté de joy, en reconnoissance luy donna six livres en numéraire, et deux livres de mèche (?), quelques tems après la déposante tomba malade et pour lors elle fut forcée à rendre l'enfant dont elle étoit chargée...
[Jeanne Crespet, femme de Jacques Courat, 25 ans, du Bessey, commune de Gumières]

        
         6/ "... si ce n'est que s'étant trouvé parasard dans le domicille de Gouilloud à Lavieux il y a environ quatorze mois il vit ledit Gouilloud avec lad. citoyenne Varagnat et les entendit se disputer ensemble à l'occasion d'un enfant pour les frais d'entretien d'icelluy. La citoyenne Varagnat dit au citoyen Gouilloud de prendre soin de cet enfant. Gouilloud luy répondit de ne pas s'en embarasser qu'il en aurait pas tant soin qu'elle.... 
         [Antoine Moissonnier, 22 ans, de Gumières]