Anne Montpabol
Document
(Analyse)
Anne Montpabol, servante chez un bourgeois de Sury-le-Comtal
La déclaration d'Anne Montpabol, datée du 17 février 1757 (1) est reçue par Morel et Pascal, notaires royaux à Montbrison. Elle s'adresse à Antoine Souchon, procureur, un des recteurs de l'hôpital Ste‑Anne. La déclarante est née à Montbrison, elle a 18 ans ; c'est la fille de Jean Montpabol (2), serrurier, et de Magdelaine Tissier.
Depuis une année, elle est domestique dans la maison du Sieur Goutard, bourgeois de Sury‑le‑Comtal, et de demoiselle Morel son épouse. C'est là qu'elle rencontre son séducteur : le "sieur Morel la Chana l'ayné, fils de deffunct Monsieur George Morel dudit Sury et frère de ladite demoiselle Goutard".
Les maîtres possèdent un domaine appelé la Chana, paroisse de Boisset‑St‑Priest et une vigne qui en dépend. "... Vers le commencement du mois d'octobre dernier elle fut envoyée par son maître dans led. domaine pour avoir soin de relier et de relever la vigne et se retiroit dans les batimens dudit domaine en une chambre reservée au maitre où étant seule survint dans ledit temps le Sr Morel la Chana l'ayné..."
Le beau‑frère du maître, pour une question d'héritage, a un comportement digne d'un fou furieux : "Lequel en criant et jurant que ce domaine luy apartenoit seroit entré dans lad. chambre qu'il disoit être à luy, qu'il bruleroit tout, se seroit fermé dans ladite chambre avec ladite Montpabol ; l'ayant saisie il la jetta sur le lit qui est dans ladite chambre et la connut charnellement ; ensuite la nuit étant survenüe, il obligea ladite Montpabol de coucher dans lad. chambre sur un matelas destiné pour elle ce qu'elle fit et pendant cette nuit ledit Morel vint encore deux fois la connoitre sur ledit matelas ; duquel commerce elle est devenüe enceinte des seuls faits dud. Sieur Morel l'ainé..."
Anne, au moment de la déclaration, est enceinte de cinq mois. Elle signe, d'une écriture appliquée : "anne monpabol".
(1)
Archives Diana, fonds des notaires, 1757.
(2) Le 13 mars 1735, Jean Montpabol avait acheté "un enclume" à Jeanne Brandisse, veuve d'Antoine Blanchet, serrurier au faubourg de la Madeleine, acte reçu Duby, notaire à Montbrison, 1735.