Table ronde
Publications de Village de Forez
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Amis
du vieux Saint-Just-Saint-Rambert
Association
généalogique de la Loire
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La
Diana
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Le
trentième anniversaire de Village
de Forez
Intervention
de Claude Latta au 10e Printemps de l'histoire
Chers
amis,
Village
de Forez fête
son 30e anniversaire et le Printemps
de l'Histoire son dixième
anniversaire. Maurice Damon, qui est le responsable de Village
de Forez m'a demandé, à cette occasion de
prendre la parole, sans doute parce que je suis, avec Joseph
Barou, l'un des "pères fondateurs" du groupe
et de la revue. Un anniversaire, c'est l'occasion de se réunir
et je voudrais d'abord vous dire combien nous sommes heureux,
Joël Jallon, président du Centre social, et toute
l'équipe de Village de Forez de vous accueillir
ici, après cette journée bien remplie, pour ce
verre de l'amitié.
La création d'une revue d'histoire
dans un centre social
Nous
nous retrouvons dans ce Centre social qui occupe depuis dix
ans les locaux de l'ancienne école Pasteur. Lorsque la
revue Village de Forez
a été créée, en 1980, nous étions
encore rue des Clercs. De la rue des Clercs à la place
Pasteur, en passant par la rue Puy-du- Rozeil, nous avons fait
du chemin dans tous les sens du terme : 111 numéros de
la revue, 178 numéros des Cahiers
de Village de Forez,
17 Cahiers du bicentenaire de la Révolution
française publiés en 1989,
10 Printemps de l'Histoire. Ce chemin est aussi celui du Centre
social. Rappelons qu'il a été créé
en 1973 et est géré, depuis le début, par
une association loi de 1901 - l'une des grandes lois de la République
qui assure l'indépendance des associations.
Cette création du Centre social s'est faite à
l'initiative de la Ville de Montbrison, avec le soutien de la
Caisse d'allocations familiales et la participation de membres
de la CSF (Confédération
syndicale des familles) qui furent consultés : parmi
eux, Maurice Plasse, Joseph Barou, André Reynard : il
n'était pas alors habituel de fonder un centre social
dans une petite ville. Le Centre social devait donc trouver
sa place : il l'a fait progressivement en jouant à la
fois la carte de la solidarité - ce qui est son rôle
spécifique - de la culture, de la démocratie et
de l'indépendance en privilégiant l'engagement
et le bénévolat, en agissant dans le concret et
en ayant toujours la volonté, pour avancer, de réfléchir
à sa propre action.
Lorsque
Village de Forez a été créé
dans le cadre du Centre social de Montbrison : ce fut, une "première".
En 1977, nous avions commencé par créer un groupe
d'histoire locale : nous avons fait des visites et des conférences
; puis nous sommes passés à l'écrit. Citons
les fondateurs : Joseph Barou et votre serviteur : nous avons
lancé l'idée de cette création. Marguerite
Fournier nous apporta son soutien. Claude Beaudinat, André
Guillot, Jean-Paul Soleillant, Michèle Sury furent de
l'aventure. Il y avait aussi Jean Canard, Jean-Baptiste Chèze,
Roger Garnier, Georgette Simonet, Jean Guillot, disparus mais
non oubliés. Nous avons aujourd'hui une pensée
pour eux.
Nous
n'avons pas formé une association. Nous sommes l'une
des activités du Centre social, l'une de ses commissions.
Nous avons voulu garder ce statut parce qu'il affirme notre
appartenance au Centre social. Tout au long de notre histoire,
nous avons pu compter sur son soutien - moral, financier, logistique.
Notre gratitude va à tous ceux qui, au Centre, ont soutenu
cette "exception culturelle".
Une
expérience originale
Je
voudrais dire d'abord ce qui fait, à mon sens, l'originalité
de notre aventure.
- D'abord, répétons-le, il y a l'existence même
d'une revue d'Histoire dans un Centre social. L'Histoire est
l'un des éléments de cohésion du tissu
social et participe à la formation de l'identité
collective d'une ville ou d'une région. Nous avons voulu
faire connaître davantage aux Montbrisonnais et aux Foréziens
l'histoire de leur ville et de leur région et donner
aux nouveaux Montbrisonnais des éléments d'intégration.
Nous avons voulu aussi donner la parole aux Foréziens
pour qu'ils puissent donner leur témoignage ou des récits
de vie qui sont des matériaux pour l'Histoire.
- Cette création de Village
de Forez s'est intégrée dans une politique
culturelle d'ensemble : Il y avait déjà au Centre
social un groupe Patois vivant
créé par Joseph Barou et André Guillot
et qui publiait un Bulletin ; ce groupe existe toujours et rassemble
des dizaines de patoisants. Il y eut aussi, à la même
époque, une Université
populaire, animée par Jean-François
Skrzypczak. Les Soirées du vendredi de Jacques Martinez
en prirent le relais. Il y a aussi au Centre social le groupe
Vivement jeudi fondé par Françoise Lafin, le groupe
audiovisuel de Jacques Martinez, la Fête du livre pour
enfants, avec Danièle Latta et Claudine Damon - et d'autres
-, organisée par le Centre social avec le CRILJ,
les cours d'histoire et de littérature. L'Université
de la vie associative trouve aussi sa place. Nous avons
constamment privilégié le partenariat avec d'autres
groupes du Centre social ou d'autres associations montbrisonnaises
ou foréziennes. Cette année, nous avons tissé
des liens avec Feurs et l'Association
des Amis du Musée et du Patrimoine.
Nous
avons souhaité que Village de Forez soit un "espace
de liberté" qui permette l'ouverture de nouveaux
chantiers - y compris dans le domaine de l'histoire contemporaine.
La diversité des sujets abordés a été
la règle. Ces dernières années, à
l'initiative de Maurice Damon, nous avons publié de nombreuses
études et des témoignages concernant l'évolution
de l'agriculture, le passé, la langue, la vie quotidienne
des campagnes foréziennes. Nous nous inscrivons ainsi
dans un territoire - d'où la réflexion qui a eu
lieu tout à l'heure sur le Forez. Nous avons aussi élargi
nos champs de recherche, comme le montrent les thèmes
de quelques-uns des récents Printemps de l'Histoire :
l'histoire industrielle, la guerre de 1914-1918, l'histoire
du sport, l'histoire de la fourme, l'histoire de la Résistance.
A côté de la revue semestrielle et des Cahiers
de Village de Forez,
des collections nouvelles sont apparues : "Histoire et
citoyenneté" et aussi "Ecritures" qui
accueille les poètes du groupe des Compagnons
de la Boutasse.
-
Notre démarche s'est inscrite dans une volonté
d'éducation populaire. Nous avons voulu aller vers un
nouveau public qui ne venait pas spontanément vers les
publications historiques. Notre satisfaction aura aussi été
de faire écrire des auteurs qui, sans nos sollicitations
et nos encouragements, n'auraient sans doute pas écrit.
Nous essayons de rendre leur histoire aux Foréziens.
C'est le travail que faisait Marguerite Gonon : "Il
n'y a pas, disait-elle, de culture sans partage des connaissances.
"
Nous
avons voulu tenir des paris difficiles : offrir des textes de
qualité et accessibles à tous ; faire à
la fois de la recherche sur documents, recueillir des témoignages
et vulgariser cette recherche dans des publications modestes
dans leur présentation et dans leur prix de vente : accessibles
à tous..
L'organisation
: Maurice Damon assure la responsabilité de l'ensemble
des activités ; Pierre Drevet et Pascal Chambon ont pris
la responsabilité de la revue Village
de Forez rénovée et présentée
avec soin. Joseph Barou anime, prépare, relit, réalise
les Cahiers de Village de Forez.
C'est lui qui est, depuis le début, le maître d'uvre
et l'âme de ce travail collectif de 30 ans. Le travail
des auteurs et des membres du comité de rédaction
est - faut-il le dire ? - entièrement bénévole.
Nous ne versons pas de droits d'auteur. Nous sommes cependant
largement récompensés : nous avons, en effet,
trouvé dans cette aventure le plaisir du travail choisi
et partagé, le contact avec des lecteurs, la possibilité
d'approfondir notre propre travail, qui heureusement, n'est
jamais fini, la possibilité d'être publié
- qui correspond à la nécessité et au devoir
de transmettre.
L'Histoire
nous aide aussi à comprendre le présent et à
devenir des citoyens. Pas seulement des citoyens dans le Forez.
Parler des Foréziens dans la Résistance, c'est
parler de toute la Résistance. Publier un cahier sur
le programme du CNR, c'est élargir notre champ de vision
aux problèmes de la France d'aujourd'hui. Evoquer l'expérience
des agriculteurs foréziens de la seconde moitié
du XXe siècle, c'est parler de l'Europe. En participant,
comme le fait le Centre social, à la semaine de la solidarité,
nous sommes aussi quelque part des citoyens du monde. Ce sont
ces raisons qui expliquent que Village
de Forez ait pu s'intégrer aux activités
d'un Centre social. Il n'y a pas de politique sociale sans une
démarche anthropologique et culturelle qui permette de
construire l'identité des hommes dans la société.
Aimer l'Histoire, ce n'est seulement essayer de connaître
et de comprendre le passé, c'est aussi agir dans le présent
et croire que, par son action, on peut contribuer à l'avenir.