Fils
de Jacques 1er d'Urfé et de Renée de Savoie,
né à Marseille le 10 février 1567 ;
il passe une partie de son enfance au château de la Bâtie,
en Forez ;
élève au collège de Tournon ;
homme de guerre et écrivain ;
auteur de l'Astrée, roman pastoral publié en cinq
parties de 1607 à 1627 ;
mort à Villefranche-sur-Mer le 1er juin 1625
L'Astrée fut très célèbre pendant tout le
XVIIe siècle.
Blason de la famille d'Urfé
Honoré
d'Urfé le
chevalier de plume et d'épée
Conférence
prononcée le 31 mars 1978
par Henri Chaperon
au Centre social de Montbrison de la rue des Clercs
dans le cadre des activités du groupe d'histoire locale
pour écouter cliquer ci-dessous
(1 h 7 min 6 s)
Cette causerie a ensuite donné lieu à un article écrit
par Henri Chaperon et publié par Village
de Forez (n°
37, janvier 1989)
Honoré d'Urfé,
le chevalier de plume et d'épée
Il y a beaucoup à dire sur Honoré
d'Urfé et sa vie même est aussi mystérieuse
que ses écrits.
Tout d'abord sa naissance est assez singulière puisqu'il
vient au monde non pas au château de la Bâtie en Forez,
où résident ses parents, mais à Marseille où
sa mère, l'impérieuse Renée de Savoie, allant
visiter ses terres de Vintimille, doit s'arrêter, le 15 février
1568, chez son frère Honoré de Savoie, gouverneur
de Provence, pour accoucher en hâte de son cinquième
garçon, porté sur les fonts baptismaux par Escalin
des Aimars, baron de la Garde, général des galères
de France.
Sa famille n'est pas moins étrange qui, par de nombreux enfants,
se développera grandement, donnera au monde de brillants
personnages et s'éteindra soudain, sans plus laisser de traces
que celles des nobles pierres de ses châteaux ruinés.
Les origines
En l'an 1129 l'ancêtre Wulphe, prince d'Allemagne, surnommé
le Vaillant, aurait accompagné en Auvergne le roi de France
Louis le Gros, venu apaiser plusieurs troubles fomentés par
le comte de Clermont. Au retour, ils se seraient arrêtés
à Montbrison. Et voilà qu'au château l'intéressé
rencontre Aimée, jeune femme aussi belle que vertueuse, cousine
du comte Guy 1er. C'est pour lui le grand amour : laissant partir
le roi, il demande la main de sa belle et décide de se fixer
définitivement dans le pays où il fait construire
un château sur les hauteurs de la montagne des Bois Noirs
qui sépare le Forez et l'Auvergne.
C'est dans ce château, dit des Cornes d'Urfé, aujourd'hui
en ruines, qu'en 1418 un drame très sombre faillit faire
disparaître toute la génération. Jean, le chef
de famille, venait de réunir une très forte somme
d'argent pour acheter la terre de Crémeaux, voisine de son
fief : ses domestiques en ayant eu connaissance, se concertent et,
sur un signal de l'un d'eux, massacrent toute la famille présente
au château en s'emparant du butin.
Mais un tout petit enfant, Antoine, qui dormait dans son berceau,
avait échappé à la tuerie et quand les assassins
le découvrirent, il s'éveilla et leur sourit. Ce sourire
désarma le meneur, écuré de sa boucherie.
- "A quoi bon tuer cet enfant ? dit-il,
il ne nous trahira pas".
Ses complices n'étaient pas d'accord :
- "Quand il pourra parler il nous dénoncera ! - "Nous allons en juger", dit le chef.
Avisant une coupe de fruits, il prit une belle pomme dans sa main
gauche et, saisissant de l'autre une grosse pièce d'or parmi
le butin étalé sur la table, il offrit les deux présents
à l'enfant en disant - ''S'il prend la pièce d'or, je
vous l'abandonne, mais s'il choisit la pomme, nous le laisserons
vivre."
Tendant ses menottes vers la pomme, le bambin eut la vie sauve.
Les deux histoires que je viens de vous rapporter sont aujourd'hui
très contestées. On nous assure que l'origine de la
famille d'Urfé est beaucoup plus prosaïque : Arnoul
Raybe, commensal des seigneurs de Semur en Brionnais, qui vivait
au XIe siècle, en serait le fondateur. Ne pouvant prendre
parti dans cette controverse, venons-en vite aux ancêtres
incontestables.
Et tout d'abord à Pierre qui, élevé à
la cour du roi Charles VII, échappa au massacre de son père,
Jean, massacre qui, dans le fond, n'est pas mis en doute.
Nommé Grand maître des arbalétriers de France,
Pierre eut un fils, également prénommé Pierre.
Grande figure que ce second Pierre, arrière-grand-père
d'Honoré. Prenant le nom d'Urfé, il est au service
du duc de Guyenne, partisan du duc de Bourgogne, et il participe
à l'entrevue de ce dernier avec Louis XI à Péronne.
Mais il entre très vite en grâce auprès du roi
et s'en va combattre les Turcs. Revenu en France, il combat en Flandre
et, à son retour à la cour, il est très honoré,
Dès l'avènement de Charles VIII, il est promu Grand
écuyer de France et c'est en cette qualité que, magnifiquement
vêtu et portant le heaume du roi surmonté d'une couronne
d'or, il participe à l'entrée du jeune souverain dans
la ville de Paris, le 4 novembre 1483. Et c'est lui qui, en 1491,
négociera le mariage du roi avec la duchesse de Bretagne.
Nommé bailli du Forez en 1486, il prépare I'édification
d'un couvent près de son château de la Bastie, quand
il apprend qu'un grand seigneur de ses amis vient d'être incarcéré
au manoir d'Usson en Auvergne, pour avoir tué sa femme qui
l'avait trompé avec le roi. Pierre d'Urfé monte aussitôt
à la cour pour obtenir la grâce du coupable. Démarche
vaine : l'intéressé est condamné à mort.
Alors le Grand écuyer de France court à Usson, se
fait ouvrir le château et délivre son ami qui allait
être décapité le surlendemain.
Après cet outrage au roi et à la justice, Pierre d'Urfé
doit fuir hors de France. Il se met au service du roi d'Espagne
et se conduit si vaillamment dans la péninsule qu'il reçoit
bientôt la Toison d'or. Rentré en grâce auprès
de Louis XII, il revient en France et se distingue encore en reconquérant
le royaume de Naples, avec l'armée française, sous
son titre de sénéchal de Beaucaire. Pour se racheter
d'avoir détruit une église dans sa campagne contre
les Turcs, il fonde en 1597 le couvent des Clarisses de Montbrison
qui, accueillant ses moniales le 2 juillet 1500, surmontera les
épreuves montbrisonnaises du baron des Adrets et de la Révolution
pour être encore de nos jours un vivant foyer monastique où
des jeunes filles viennent engager leur vie.
Le 1er juillet 1500, onze religieuses venues de différents
couvents (Aigueperse, Chambéry, Genève, Moulins, Le
Puy) sont arrivées au château de la Bâtie. Antoinette
de Beauveau, la seconde épouse de Pierre d'Urfé leur
a, d'entrée, confié son désespoir de ne pas
avoir d'enfant après cinq ans de mariage. Et spontanément,
malgré la fatigue du pénible voyage qui venait de
les amener de leur couvent jusqu'à la Bâtie, les moniales
s'unirent dans une première prière communautaire fervente
pour demander à Dieu d'accorder une descendance aux fondateurs
de leur nouveau monastère : elles furent exaucées
puisque, le 24 février suivant, naissait Claude d'Urfé
qu'on a, pour cette raison, appelé l'enfant du miracle.
Nommé bailli du Forez par François 1er, puis ambassadeur
au concile de Trente et à Rome par Henri II, et, à
son retours gouverneur des Enfants de France, Claude d'Urfé
est une personnalité marquante de son époque. Il allait
être promu Maréchal de France quand il mourut, en 1558.
Amoureux des Arts et des Belles Lettres, il avait fait venir à
son château de la Bâtie les plus grands artistes italiens
qui I'avaient transformé pour en faire un joyau de la Renaissance.
Sa chapelle était, paraît-il, après la Sainte
Chapelle de Paris, la plus belle de France, et Claude avait réuni
à la Bâtie une très riche bibliothèque
dont les livres ont, hélas, été dispersés
par les descendants. La Bibliothèque Nationale a pu cependant
recueillir quelques beaux reste, notamment les deux manuscrits dits
d'Urfé, le premier contenant toutes les pièces du
procès de Jeanne d'Arc, et le second un choix très
important et unique au monde de poésies de troubadours.
Quant au père d'Honoré d'Urfé, Jacques, il
a été lieutenant général du Forez qu'il
gouverna aux lieu et place d'Henri de Valois, roi de Pologne et
comte par apanage. Marié à Renée de Savoie,
il eut d'elle douze enfants, six filles et six garçons. L'aîné,
Anne, n'ira pas à l'école car sa mère craint
qu'il n'y acquière les doctrines protestantes. Néanmoins
cet illettré qui passa son enfance dans les camps militaires
a une âme de poète et dès l'âge de quinze
ans il compose de forts beaux poèmes qui enchantèrent
Ronsard et lui firent écrire :
Poursuis donc, ô ! d'Urfé,
car ou je me déçois ou France ne verra de longtemps
après toi aucun qui joigne mieux les armes et les muses.
Honoré d'Urfé
Ce compliment, Ronsard aurait pu l'adresser, à de plus
justes titres encore, à son frère Honoré. Celui-ci
étant l'avant-dernier garçon de la famille, Renée
de Savoie décide d'autorité qu'il sera religieux,
ainsi que le benjamin Antoine. Et, dès l'âge de treize
ans, il doit prononcer les vux monastiques et prendre l'habit
de l'ordre de Malte.
On l'envoie alors au célèbre collège de Tournon
où les Jésuites enseignent à quinze cents élèves
venus de l'Europe entière, toutes les sciences humaines hormis
le droit et la médecine. Doué d'une vive intelligence,
il y acquiert très vite les premiers éléments
d'une remarquable érudition, avec la connaissance des langues
latine, grecque, italienne, espagnole et allemande.
Et il n'a pas seize ans quand on fait appel à lui pour la
relation de l'entrée fastueuse de la nouvelle comtesse, Madeleine
de la Rochefoucault, dans sa ville de Tournon, en 1583. Ce sera
son premier ouvrage. Dans cet exposé très clair et
très simple, Honoré présente le défilé
"merveilleusement beau" des 1 500 élèves
du collège qui avancent classe par classe, en rangs de trois,
un rameau d'aubépine, de laurier, ou d'olivier à la
main. Quand une classe arrive à la hauteur de la comtesse,
deux écoliers se détachent pour lui exprimer la bienvenue
en vers non seulement français mais aussi latins, grecs,
allemands, anglais, hébreux et syriaques...
A sa sortie du collège de Tournon, Honoré d'Urfé
reviendra au château de la Bâtie où il pourra
compléter ses connaissances. Et c'est en parcourant les rives
du Lignon, paisible rivière qui longe le château familial,
qu'il va s'imprégner de l'atmosphère pastorale où
son imagination va faire vivre les bergers de l'Astrée :
Je te voue et te consacre, mon cher
Lignon, écrit-il dans
la préface de la troisième partie de son ouvrage,
toutes les douces pensées, tous les amoureux soupirs qui
durant une saison si heureuse ont nourri mon âme de si doux
entretiens, qu'à jamais le souvenir en vivra dans mon cur.
Ces doux entretiens qu'il évoque, c'étaient ceux qu'il
avait avec Diane de Chateaumorand, la femme de son frère
Anne, qu'il épousera en 1599. Mais avant de réaliser
cette étrange union, Honoré fera la guerre. Ardent
catholique, comme on l'était depuis toujours dans sa famille,
il adhéra très tôt à la Sainte Union,
c'est-à-dire la Ligue, et quand elle se bat en Forez, il
est, à vingt-deux ans, au premier rang des ligueurs, contre
le roi Henri III et ses troupes. En mai 1590, à la tête
d'un petit corps d'armée, il attaque et prend le fort d'Essalois
près de Saint-Etienne. Puis il vole au secours de la ville
du Puy, attaquée par les royalistes retranchés dans
la forteresse d'Espaly.
Avec d'autres capitaines, dont son frère Anne, et mille
hommes d'infanterie et de cavalerie, ils se battent si furieusement
que les champs sont couverts de cadavres. C'est le chroniqueur Jean
Burel qui déclare que de Saint-Marcel
à Espaly, vous eussiez senty grande punaise de soldats morts.
Le duc de Nemours, grand chef de la Ligue, l'ayant nommé
son lieutenant général au gouvernement du Forez, Honoré
y entre en campagne, lève une petite armée et s'empare
de plusieurs localités de la plaine roannaise.
Or son frère Antoine, évêque de Saint-Flour,
se rendant au château de la Bastie, traverse une de ces localités,
Villerest, où il est, par inadvertance, tué d'un coup
d'arquebuse par un des hommes d'armes d'Honoré. Et voilà
que, peu après ce drame, l'armée de celui-ci est défaite
et notre écrivain, arrêté, est emprisonné
à Feurs. Libéré grâce à Diane
de Chateaumorand qui verse la rançon demandée, il
est à nouveau emprisonné quelques mois plus tard à
Montbrison, la capitale du Forez, au secours de laquelle il a volé.
C'est dans cette prison de Montbrison qu'il commencera à
écrire ses Épîtres
morales. Dans cet ouvrage il prend pour confident Agathon,
un ami imaginaire à qui il se confie :
Regardons,lui écrira-t-il,
quelle a été cette vingt-septième année
de mon âge : le plus cher de mes frères, par sa mort,
me marque de noir le 1er octobre. Incontinent, le mois de février
d'après me vit vendre à Feurs, sous l'entreprise d'autrui.
Les moindres blessures ont été deux prisons, l'une
n'attendant entièrement l'issue de l'autre, et encore que
toutes deux par trahison, l'une par mes ennemis, et l'autre par
ceux que je tenais pour mes amis... Je n'ai toutefois pas été
pris à force, mais surpris à l'espère, autrement
j'aurais honte de ma prise, au lieu que je n'ai regret que de sa
perfidie...
Que cela te suffise, attendant que mon épée t'en rende
plus claire connaissance. Car c'est elle et non pas cette plume
qui m'a été donnée en partage pour marquer
mes ennemis.
Ces Épîtres, qu'on
a comparées aux uvres de Sénèque, eurent
un très grand succès, puisqu'en quelques années
on dut en faire huit éditions. Mais le succès encore
plus grand de l'Astrée devait les éclipser.
En 1597, le frère aîné d'Honoré, Anne,
dépossédé de son titre de gouverneur du Forez
par le roi en raison de son action dans la Ligue, demanda et obtint
l'annulation de son mariage avec la belle Diane de Châteaumorand
pour entrer en religion. Mais pour épouser celle qu'il aimait
depuis si longtemps et qui devenait libre, Honoré, chevalier
de l'Ordre religieux de Malte, dut lui-même demander et obtenir
l'annulation de ses vux monastiques. Ce qui fit dire au Pape
Clément VIII que les d'Urfé auraient bien besoin pour
eux seuls, d'une chancellerie pontificale et d'un pape tout entier.
Le mariage ne fut pas une bonne affaire pour Honoré. Il eût
aimé avoir des enfants, mais Diane, son aînée
de sept ans, ne put lui en donner. De plus, hautaine, acariâtre
et follement orgueilleuse de sa beauté, elle vivait le plus
souvent en compagnie de grands chiens qui la suivaient jusque dans
son lit en répandant partout une odeur épouvantable.
Pour ne pas ternir son teint, elle fuyait la société,
se protégeait de l'air et du soleil par un masque qu'elle
portait constamment sur la figure, et par d'épais rideaux
qui obscurcissaient en permanence ses appartements.
Les incidents dus à son mauvais caractère sont nombreux
et voici l'un des plus mémorables :
Le comte de Saint-Géran gouverneur du Bourbonnais, qui possédait
des biens enclavés dans ceux de Diane de Châteaumorand,
fit, en 1613, enterrer sa grand-mère Jacqueline de Changy
dans sa chapelle de l'église de Saint-Martin-d'Estreaux,
chef-lieu des terres de Châteaumorand, en lui élevant
un beau tombeau supporté par quatre colonnettes de 25 cm
de hauteur.
Quand Diane vit le mausolée, elle faillit en perdre l'esprit.
Et, sans consulter son époux qui était alors à
la Cour, ni prévenir le comte, elle fit enlever les colonnettes
et descendre la tombe au ras du sol. On rapporta le fait au comte
en ajoutant que Mme d'Urfé s'était
jactée qu'elle tâcherait par tous les moyens qu'aucune
cérémonie ne fût faite à la quarantaine
de la défunte.
Le comte, aussi peu sage que sa voisine, releva le défi.
Et le7 novembre, au coucher du soleil, les sujets de Diane virent
avec surprise arriver du Bourbonnais, sur le grand chemin royal
de Paris à Lyon, plusieurs centaines de gens de guerre armés
d'arquebuses à rouet, de pistolets, de hallebardes et d'épées
: le gros de la troupe était formé par des boutiquiers
et des aubergistes locaux qui, en toute autre circonstance, auraient
salué avec déférence Monseigneur et Madame
d'Urfé mais qui, sous leurs casques, étaient pleins
de morgue et de défi.
Entré dans Saint-Martin-d'Estreaux, le comte de Saint-Géran
se saisit du curé et l'obligea à ouvrir l'église.
Ses hommes s'y installèrent et ayant allumé un grand
feu au milieu de la nef, ils couchèrent à l'entour
sur une épaisse litière. À la sacristie ils
apportèrent leurs prises de guerre, oies, poules, quartiers
de viande et placèrent un tonneau de vin sur l'autel de Saint
Antoine.
Apeurée, Diane envoya un gentilhomme porter plainte auprès
du prévôt de la maréchaussée du Forez,
à Montbrison. Quand celui-ci arriva à Saint-Martin-d'Estreaux,
il tenta de raisonner le comte mais celui-ci se borna à proférer
des bordées d'injures grossières contre Mme d'Urfé
et ses gens. Comprenant qu'il avait affaire à trop forte
partie, le prévôt se résolut à patienter
jusqu'au lendemain, jour de la quarantaine.
Celle-ci fut célébrée très dignement
: un grand catafalque noir, semé de larmes d'argent décorait
la chapelle de Saint-Géran. Tous ses gens en armes assistaient
dévotement à la cérémonie. Mais voilà
qu'au milieu du service un homme de loi fit entendre les protestations
de Mme d'Urfé. Le comte s'emporta et se mit une fois de plus
à jurer contre elle... La cérémonie se poursuivit
cependant comme si de rien n'était. Et dès qu'elle
fut achevée, M. de Saint-Géran monta à cheval,
fut salué par deux salves, et donna l'ordre du départ,
suivi par toute sa troupe.
Cette fâcheuse histoire fut la goutte qui fit déborder
le vase. Honoré d'Urfé se sépara, à
l'amiable, d'une femme aussi inconséquente pour s'installer
au château de Virieu-le-Grand, dans le Bugey, et c'est là
qu'il poursuivit son uvre, et en particulier l'Astrée,
L'Astrée
L'Astrée, c'est le roman de l'amour, l'amour de la beauté.
Ainsi que le druide Adamas l'explique au héros principal,
Céladon : Toute beauté procède
de cette souveraine bonté que nous appelons Dieu et c'est
un rayon qui s'élance de lui sur toutes choses créées.
Inspirée par Dieu, les amants recherchent la beauté
et donc la bonté, dans ses créatures les plus proches
de Lui, c'est-à-dire les hommes. Dans cette recherche, ils
veulent viser très haut, ne pas s'arrêter au corps,
aller jusqu'à l'âme, mais parfois ils s'attardent au
corps.
Pour Honoré le symbole de la beauté, c'est la femme.
Il la porte aux nues. Les femmes sont plus
pleines de mérite que les hommes, écrit-il. Elles
nous surpassent de tant en perfection que c'est leur faire tort
que de les mettre en un même rang avec les hommes.
L'action de l'Astrée se passe au Ve siècle. Sagement
gouverné par la reine Amasis dans son palais de Marcilly,
le Forez vit dans la paix, alors que la Gaule est occupée,
envahie, déchirée. Au cours d'une fête de Vénus,
le jeune berger Céladon, qui n'a que quatorze ans, rencontre
Astrée, plus jeune encore, et c'est le coup de foudre. Le
père de Céladon, jugeant cet amour funeste, éloigne
son fils, mais à son retour, Céladon aime plus que
jamais Astrée.
Pour donner le change à Alcippe, le père de Céladon,
Astrée demande à Céladon de feindre de courtiser
son amie Aminthe. Mais un jour Sémire, jaloux de Céladon,
affirme à Astrée que son amant est véritablement
épris d'Aminthe.
Quand Astrée revoit Céladon : -
Va-t-en, déloyal ! lui dit-elle et garde-toi bien de te faire
jamais voir à moi que je ne te le commande.
Désespéré, Céladon se jette dans le
Lignon sous les yeux d'Astrée qui le croit mort ; mais emporté
par le courant et abandonné sur le sable, il a été
recueilli par la nymphe Galathée. Puis il s'est présenté
au druide Adamas qui, pour lui permettre de revoir Astrée,
le fait passer pour sa fille Alexis, partie chez les Carnutes. Astrée
s'éprend de la fausse Alexis qui devient sa plus tendre amie
et elles se donnent beaucoup de privautés.
Mais les Burgondes, envahissant le Forez, assiègent la capitale
Marcilly : ils enlèvent Astrée et Alexis-Céladon,
les enchaînent l'une à l'autre et les poussent en avant,
tentant d'investir la place. Cependant les assiégés
délivrent Alexis-Céladon, qui se bat vaillamment et
parvient à libérer Marcilly.
Céladon découvre alors sa ruse à Astrée,
mais celle-ci, blessée dans sa pudeur, le chasse à
nouveau de sa présence. Cette décision l'a brisée,
elle veut mourir. Céladon le veut aussi. Avec un autre couple,
Sylvandre et Diane, dont les amours sont contrariées comme
les leurs, ils se rendent à la Fontaine de Vérité
d'Amour.
Autrefois celui qui se mirait dans l'eau de la fontaine voyait à
ses côtés sa fidèle amante, ou bien, à
la place de sa propre image, celle de son rival... Quand les deux
couples l'atteignent, un orage terrifiant survient et lorsqu'il
s'apaise, les lions et les licornes qui défendent l'entrée
de la fontaine sont changés en statues de marbre, tandis
qu'elle a retrouvé son pouvoir.
Céladon y découvre en tremblant sa propre image accolée
à celle d'Astrée qui lui prouve l'amour indéfectible
de son amante. Sylvandre et Diane, ainsi que d'autres couples de
bergers, y reçoivent la même révélation.
C'est la joie en Forez où l'on célèbre beaucoup
de mariages...
L'Astrée, dont la première partie parut en 1607, a
un très grand succès. On la lit partout, à
la Cour, à l'hôtel de Rambouillet, chez les Précieuses,
dans les châteaux, les collèges. On fait à Aubusson
de grandes tapisseries pour présenter ses personnages ; les
faïenceries de Nevers en décorent leurs plats ; on donne
le nom de Céladon à une couleur verte, à des
jarretières qui font fureur. On s'habille en berger et bergère
et on se fait peindre en cet accoutrement.
Et des sociétés s'organisent pour vivre à la
manière des bergers de l'Astrée, comme celle de Mademoiselle
de Montpensier en son château de Saint-Fargeau. Mais le plus
bel exemple est celui des Parfaits Amants : le 1er mars 1624, quarante-huit
princes, seigneurs et nobles dames d'Allemagne adressent une supplique
à Honoré d'Urfé. Fervents lecteurs de l'Astrée,
ils lui déclarent qu'ils ont créé une Académie
des Parfaits Amants où ils s'efforcent de vivre l'honnête
amour de l'illustre pastorale. Chacun d'eux a pris le nom d'un personnage
de l'Astrée, mais aucun n'a voulu celui de l'incomparable
Céladon qu'ils réservent à l'auteur de l'Astrée
où, disent-ils, un divin esprit éclate en chaque ligne.
Et ils le supplient de leur donner la suite de l'Astrée.
Quand la missive lui parvient, il est en guerre dans la Valteline,
petite province du Piémont d'où il faut chasser les
Espagnols. Il répond avec quelque ironie à ce qu'il
appelle la plus auguste Académie de l'Univers, en acceptant
le nom de Céladon qu'elle lui décerne et il ajoute
qu'il donnera suite à son roman : quand
le bruit du canon cessera et que la douceur de la paix nous ostera
l'espée de la main.
Ce devait être son dernier écrit, car il s'est épuise
dans cette campagne où, à la tète du régiment
d'Urfé-Chateaumorand, il s'est battu vaillamment en avant-garde.
Atteint d'une pneumonie, il se fait transporter à Villefranche-sur-Mer
où il rend le dernier soupir le 1er juillet 1625.
Sa dépouille est transférée à Turin
où de solennelles funérailles lui sont faites, puis
en Forez, pour être ensevelie au bord du Lignon. Vers 1850
on pouvait voir, près du château de la Bâtie,
un petit tertre oblong entouré de six tilleuls : on l'appelait
le tombeau de Céladon.
Un fervent catholique comme il l'était pouvait-il être
enterré hors du cimetière et de l'église ?
Et cependant quel plus beau tombeau que les bords du Lignon pour
le chevalier de la pastorale forézienne. C'est la dernière
énigme qu'il nous pose, mais elle est mineure par rapport
à celle des cent personnages principaux de son Astrée
qui paraissent bien avoir été pris sur le vif à
la Cour ou dans les châteaux de province. C'était un
des charmes du livre que d'essayer de découvrir derrière
chaque berger le modèle qui l'avait inspiré et dans
les salons on en dissertait longuement.
En 1624, Patru, un jeune homme de dix-neuf ans qui va faire ses
études en Italie, rend visite à Honoré d'Urfé,
alors à Turin. L'auteur de l'Astrée le reçoit
avec beaucoup de bienveillance et lui apparaît plein de la
tristesse détachée qui affecte les hommes dans le
pressentiment d'une fin prochaine.
Patru lui demande les secrets de ses personnages :
Il y a des princes et des princesses, il
y a des rois et des reines qui montent sur notre théâtre,
lui répond Honoré.
Je ne puis vous entretenir de leurs passions sans vous découvrir
beaucoup de choses dont peut-être, à votre âge,
vous auriez peine à vous taire ; c'est bien peu que dix-neuf
ans pour vous confier tant de secrets d'une si haute importance
! Mais je vous promets qu'à votre retour d'Italie, je vous
donnerai tout ce que vous souhaitez.
- Toutefois, je n'aurai alors que vingt ans, lui répond Patru.
- Cela est vrai, mais avec les lumières et les inclinaisons
que vous avez, ce n'est pas peu qu'une année de l'air d'Italie.
Et d'ailleurs vous étonnez-vous si, avant que de mourir,
je veux vous voir encore une fois ?
Mais l'année d'après, quand Patru rentra d'Italie,
Honoré d'Urfé était mort, emportant ses secrets.
Et il ne s'écoulera pas deux siècles avant que sa
famille s'éteigne à son tour. Comment expliquer cet
effacement ?
La fin de la famille d'Urfé
La générosité y a une grande part car ce qui
frappe quand on examine l'arbre familial des d'Urfé, c'est
le grand nombre de vocations religieuses. Parmi les frères
d'Honoré, deux seront religieux, et, des trois autres un
seul garçon survivra, son neveu Charles-Emmanuel qui l'a
assisté à son lit de mort. Il aura lui-même
six garçons dont cinq seront religieux. Le sixième,
marié, n'aura pas d'enfants et c'est lui qui, décédé
en 1724, éteindra la branche directe des d'Urfé.
Les filles choisissent aussi fréquemment la vocation religieuse
et comme l'avait souhaité l'aïeul Pierre d'Urfé
en fondant le couvent des Clarisses de Montbrison, plusieurs d'entre
elles viendront y consacrer leur vie à Dieu.
Parmi celles qui se marient, les années font, grâce
au procédé de substitution instauré par leur
ancêtre Anne de Lascaris, perdurer le nom de Lascaris d'Urfé
que leurs maris peuvent ajouter à leur patronyme. Elles sont,
le plus souvent, très dignes, mais il y a aussi parmi elles
des caractères exceptionnels, comme la trop célèbre
comtesse d'Urfé, brillante, jolie et légère,
qui s'est, au XVIIe siècle, adonnée à l'alchimie.
Amie de Casanova, elle paraît en plusieurs passages des mémoires
de celui-ci qui expose ses pratiques licencieuses pour entrer en
relation avec l'au-delà.
Son petit-fils, Achille du Châtelet de Lascaris d'Urfé,
né au château de la Bâtie, s'enrôlera sous
la bannière de La Fayet te dont il sera l'aide de camp dans
la guerre d'indépendance américaine. Revenu en France,
général de division dans les armées de la République,
grièvement blessé, il se fera arrêter à
Paris où, le prenant pour un traître, on l'emprisonne
à la Force : le 20 mars 1794, il s'y empoisonne pour échapper
à l'échafaud.
C'est bien fini, il ne reste plus aucun souffle aux d'Urfé
et l'Astrée, et toute l'uvre d'Honoré d'Urfé,
sont tombées dans l'oubli...
Et ce ne sont pas seulement la famille et les uvres d'Honoré
qui sont rayées du monde : le sort s'acharne sur leurs demeures.
Le soir du Jeudi Saint 1726, un paysan fou monte avec une lanterne
au château de Virieu en criant : "J'vas brûler
l'châtiau !" et il le brûlera comme une torche
en n'y laissant que des cendres.
Le couvent des Clarisses de Montbrison, confisqué sous la
Révolution, verra ses murs s'abattre en 1820.
Dans le château de la Bâtie, le couvent des Cordeliers
sera vendu et entièrement démoli sans que les sépultures
de ses fondateurs soient respectées. Le château lui-même
tombera, au siècle dernier, entre des mains impies qui n'hésiteront
pas à vendre ses plus belles oeuvres d'art.
Les vitraux, les portes, le carrelage de la chapelle seront enlevés
et dispersés à travers le monde.
Et néanmoins en 1909 la société archéologique
de la Diana, craignant de voir disparaître la Bâtie,
se rendra acquéreur du château et, en 1945, un de ses
dirigeants les plus actifs, Marius Delomier rénovera l'édifice
et ses jardins et réussira à y ramener quelques-unes
de leurs richesses mobilières.
Il est juste de dire aussi que depuis 1900 nombreux sont les auteurs
français et étrangers qui se sont intéressés
à la vie et à l'uvre d'Honoré d'Urfé.
Comment s'explique ce renouveau pour un auteur et une uvre
qui semblent si éloignés de nos murs actuelles
? Car il faut bien avouer que très rares sont ceux qui ont
encore le temps et la patience de lire les cinq mille pages de l'Astrée.
Plusieurs raisons me semblent justifier ce regain d'intérêt.
Tout d'abord une saine réaction contre notre société
fiévreuse, avec un retour à la nature et à
la campagne. Et puis la recherche du contact authentique avec les
êtres au-delà des fallacieuses rencontres dont nous
saturent les images attrayantes du cinéma et de la télévision.
Mais je crois que c'est plus encore l'excellente analyse de tous
les aspects de l'amour et du comportement amoureux qu'Honoré
d'Urfé a su rendre à travers ses cent personnages
très différenciés, qui donne à sa pastorale
une valeur sentimentale et psychologique qui défie le temps.
C'est bien pourquoi on a encore plaisir à feuilleter aujourd'hui
son Astrée, non pas pour suivre la pastorale dans les méandres
de ses innombrables aventures sentimentales, mais pour retrouver,
en maint passage, des personnages dont les traits de caractère,
finement analysés, sont, à quelque quatre cents ans
de distance, très proches des nôtres.
Honoré d'Urfé avait d'ailleurs prédit cette
pérennité, puisqu'il termine ainsi sa lettre au Lignon,
qui précède la 3e partie de l'Astrée :
Ces douces pensées, je te les remets,
ô mon cher et bien-aimé Lignon, afin que les conservant
et les publiant, tu leur donnes une seconde vie qui puisse continuer
autant que la source éternelle qui te produit et que, par
ainsi, elles demeurent à la postérité, aussi
longtemps que dans la France l'on parlera français.
Henri Chaperon
Signature d'Honoré
d'Urfé :
En
ligne :
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obtenir le texte ci-dessus en format pdf cliquer
Les Cornes d'Urfé
(Champoly)
(dessin du 19e siècle, anonyme)
Les Cornes d'Urfé
(Champoly) photo
extraite du Guide du Forez 1913
(cliché Mathieu)
Forteresse d'Urfé (dessin d'A. Bonin, Bulletin de la Diana,
tome 42)
Château d'Urfé
(estampe d'Henry Gonnard)
Château des Cornes d'Urfé
(dessin d'Emile Noirot)
Bibliographie
(liste non
exhaustive, en cours de réalisation)
L'Astrée
et la famille d'Urfé
Claude Longeon,
Documents sur la vie intellectuelle en Forez au XVIe siècle,
Saint-Etienne, Centre d'études foréziennes,
1973
Les
Urfé en Forez, une famille, des destins,
Actes du colloque des 18-19-20 sept. 2002 à Saint-Etienne,
2004.
Claude
d'Urfé et La Bâtie, l'univers d'un gentilhomme de
la Renaissance, ouvrage édité
dans le cadre du IIIe Festival d'histoire de Montbrison par le
conseil général de la Loire, 1990.
Auguste
Bernard, Les Urfé, Paris, 1839.
Jean Canard,
Urfé hier et aujourd'hui, 1973.
Maxime
Gaume, Les inspirations et les sources de l'oeuvre d'Honoré
d'Urfé, Centre
d'études foréziennes, Saint-Etienne, 1977
M. Gaume
et J. Bonnet, Le sphinx de la Bastie d'Urfé, Saint-Etienne,
1980.
Abbé
Merle, Bulletin de la Diana, tome 32, 1953.
Edouard
Perroy, "Les origines de La Bastie d'Urfé", Etudes
foréziennes, 1, Saint-Etienne, 1968.
O.-C.
Reure, La vie et les oeuvres d'Honoré d'Urfé,
Paris, 1910.
G. Soultrait
et F. Thiollier, Le château de La Bastie d'Urfé
et ses seigneurs, Saint-Etienne 1886.
*
* *
Nous
signalons aussi le remarquable travail de Mme Eglal
Henein,
professeur
émérite de Tufts University
(Massachusetts, Etats-Unis d'Amérique)
L'Astrée
Deux
visages de l'Astrée
Edition critique et électronique de l'Astrée http://astree.tufts.edu
A la demande de Madame Eglal Henein, spécialiste
de l'Astrée,
voici un court passage de cet ouvrage
L'Astrée
: début du livre 6 de la 3e partie (Vaganay, III, p. 283)
CE
Chevalier (1)
qui avoit esté trouvé
aupres du Temple d'Astree ayant pris
le mesme chemin que Paris avoit faict,
se trouva bien tost
sur le pont de la Bouteresse,
et peu apres sur le haut de la plaine
qui découvre le chasteau
et la grande ville de Marcilly.
(1) Le
chevalier en question, Damon d'Aquitaine,
a quitté le bois de Bonlieu
Marcilly-le-Châtel (cliché
J. Barou)
Couzan (cliché J. Barou)
D'abord
le pays luy sembla très-agreable :
car d'un costé
il voyoit les fertiles montagnes de
Cousant, qui descendant
par de petites colines
jusques dans la plaine monstroient
toute leur crouppe
enrichie de vignobles,
et
le plus haut de grands bois
de haute fustaye,
qui sembloient avoir esté posez là
par la sage Nature
pour leur servir de cheveux :
La plaine après s'alloit estendant jusques
à Montbrison,
Montbrison (Armorial de Guillaume Revel)
Montrond (gravure ancienne)
et suivant tousjours
ces delectables colines s'eslargissoit
du costé de Surieu, de Mont-Rond
et de Feurs, avec tant de
petits ruisseaux
et de divers estangs,
que
la veuë ainsi diversiffiee
en estoit beaucoup plus plaisante :
et parce que le chemin qu'il avoit pris
le conduisoit à Marcilly,
y ayant la teste tournée,
ce fut aussi le premier lieu
où il jetta les yeux.
Ce chasteau relevé sur la pointe d'un rocher, et
qui se faisoit voir de fort loing,
Feurs (Armorial de Guillaume Revel)
Edition de 1647 (Bibliothèque de la Diana, Montbrison)
L'Astrée, Paris, 1647, partie II,
tome 4, lettre de Céladon à la bergère
Blason des Urfé ornant
les reliures de leur bibliothèque
Les
cornes d'Urfé
(Champoly)
berceau
de la famille d'Urfé
clichés
J. Barou
La rencontre
d'Astrée et Céladon,
détail d'une tapisserie de Marche, 2e quart du 17e siècle,
non signé,
château de la Bâtie, collection de la Diana, classée
monument historique le 28 février 1959
Album
Les
Cornes d'Urfé
Urfé
au temps de sa splendeur
dessin d'Antoine Bonin, extrait
de l'ouvrage de Jean Canard Champoly Urfé
Poème de Jean Canard
*
*
*
11 novembre 2010
cliché
Isabelle Barou
cliché Isabelle Barou
cliché Isabelle Barou
cliché
Isabelle Barou
cliché Isabelle Barou
cliché Isabelle Barou
cliché Isabelle Barou
cliché
Isabelle Barou
La
Brigue
(Alpes-maritimes)
Château des Lascaris
d'Urfé à la Brigue cliché J. Barou
Honoré
d'Urfé évoqué au château de Goutelas
(Marcoux, Loire)
Portrait d'Honoré d'Urfé déployé
sur une tour du château de Goutelas cliché J. Barou
Goutelas (Marcoux) cliché J. Barou
La
Bastie d'Urfé
(Saint-Etienne-le-Mollard, Loire)
La Bâtie d'Urfé cliché J. Barou
Les
Annales
(du
8 octobre 1922)
article d'Edouard Herriot
Conception
: David Barou textes
et documentation : Joseph Barou