Honoré d'Urfé
(1567-1625)


Ho
noré d'Urfé
(1567-1625)

Fils de Jacques 1er d'Urfé et de Renée de Savoie,
né à Marseille le 10 février 1567 ;
il passe une partie de son enfance au château de la Bâtie, en Forez ;
élève au collège de Tournon ;
homme de guerre et écrivain ;
auteur de l'Astrée, roman pastoral publié en cinq parties de 1607 à 1627 ;
mort à Villefranche-sur-Mer le 1er juin 1625
L'Astrée fut très célèbre pendant tout le XVIIe siècle.


Blason de la famille d'Urfé

Honoré d'Urfé
le chevalier de plume et d'épée

Conférence prononcée le 31 mars 1978

par Henri Chaperon

au Centre social de Montbrison de la rue des Clercs
dans le cadre des activités du groupe d'histoire locale

pour écouter cliquer ci-dessous

(1 h 7 min 6 s)





Cette causerie a ensuite donné lieu à un article écrit
par Henri Chaperon et publié par Village de Forez

(n° 37, janvier 1989)

Honoré d'Urfé,

le chevalier de plume et d'épée

Il y a beaucoup à dire sur Honoré d'Urfé et sa vie même est aussi mystérieuse que ses écrits.

Tout d'abord sa naissance est assez singulière puisqu'il vient au monde non pas au château de la Bâtie en Forez, où résident ses parents, mais à Marseille où sa mère, l'impérieuse Renée de Savoie, allant visiter ses terres de Vintimille, doit s'arrêter, le 15 février 1568, chez son frère Honoré de Savoie, gouverneur de Provence, pour accoucher en hâte de son cinquième garçon, porté sur les fonts baptismaux par Escalin des Aimars, baron de la Garde, général des galères de France.

Sa famille n'est pas moins étrange qui, par de nombreux enfants, se développera grandement, donnera au monde de brillants personnages et s'éteindra soudain, sans plus laisser de traces que celles des nobles pierres de ses châteaux ruinés.

Les origines

En l'an 1129 l'ancêtre Wulphe, prince d'Allemagne, surnommé le Vaillant, aurait accompagné en Auvergne le roi de France Louis le Gros, venu apaiser plusieurs troubles fomentés par le comte de Clermont. Au retour, ils se seraient arrêtés à Montbrison. Et voilà qu'au château l'intéressé rencontre Aimée, jeune femme aussi belle que vertueuse, cousine du comte Guy 1er. C'est pour lui le grand amour : laissant partir le roi, il demande la main de sa belle et décide de se fixer définitivement dans le pays où il fait construire un château sur les hauteurs de la montagne des Bois Noirs qui sépare le Forez et l'Auvergne.

C'est dans ce château, dit des Cornes d'Urfé, aujourd'hui en ruines, qu'en 1418 un drame très sombre faillit faire disparaître toute la génération. Jean, le chef de famille, venait de réunir une très forte somme d'argent pour acheter la terre de Crémeaux, voisine de son fief : ses domestiques en ayant eu connaissance, se concertent et, sur un signal de l'un d'eux, massacrent toute la famille présente au château en s'emparant du butin.

Mais un tout petit enfant, Antoine, qui dormait dans son berceau, avait échappé à la tuerie et quand les assassins le découvrirent, il s'éveilla et leur sourit. Ce sourire désarma le meneur, écœuré de sa boucherie.

- "A quoi bon tuer cet enfant ? dit-il, il ne nous trahira pas".
Ses complices n'étaient pas d'accord :
- "Quand il pourra parler il nous dénoncera !

- "Nous allons en juger", dit le chef.

Avisant une coupe de fruits, il prit une belle pomme dans sa main gauche et, saisissant de l'autre une grosse pièce d'or parmi le butin étalé sur la table, il offrit les deux présents à l'enfant en disant
- ''S'il prend la pièce d'or, je vous l'abandonne, mais s'il choisit la pomme, nous le laisserons vivre."

Tendant ses menottes vers la pomme, le bambin eut la vie sauve. Les deux histoires que je viens de vous rapporter sont aujourd'hui très contestées. On nous assure que l'origine de la famille d'Urfé est beaucoup plus prosaïque : Arnoul Raybe, commensal des seigneurs de Semur en Brionnais, qui vivait au XIe siècle, en serait le fondateur. Ne pouvant prendre parti dans cette controverse, venons-en vite aux ancêtres incontestables.

Et tout d'abord à Pierre qui, élevé à la cour du roi Charles VII, échappa au massacre de son père, Jean, massacre qui, dans le fond, n'est pas mis en doute.
Nommé Grand maître des arbalétriers de France, Pierre eut un fils, également prénommé Pierre.

Grande figure que ce second Pierre, arrière-grand-père d'Honoré. Prenant le nom d'Urfé, il est au service du duc de Guyenne, partisan du duc de Bourgogne, et il participe à l'entrevue de ce dernier avec Louis XI à Péronne. Mais il entre très vite en grâce auprès du roi et s'en va combattre les Turcs. Revenu en France, il combat en Flandre et, à son retour à la cour, il est très honoré, Dès l'avènement de Charles VIII, il est promu Grand écuyer de France et c'est en cette qualité que, magnifiquement vêtu et portant le heaume du roi surmonté d'une couronne d'or, il participe à l'entrée du jeune souverain dans la ville de Paris, le 4 novembre 1483. Et c'est lui qui, en 1491, négociera le mariage du roi avec la duchesse de Bretagne.

Nommé bailli du Forez en 1486, il prépare I'édification d'un couvent près de son château de la Bastie, quand il apprend qu'un grand seigneur de ses amis vient d'être incarcéré au manoir d'Usson en Auvergne, pour avoir tué sa femme qui l'avait trompé avec le roi. Pierre d'Urfé monte aussitôt à la cour pour obtenir la grâce du coupable. Démarche vaine : l'intéressé est condamné à mort. Alors le Grand écuyer de France court à Usson, se fait ouvrir le château et délivre son ami qui allait être décapité le surlendemain.

Après cet outrage au roi et à la justice, Pierre d'Urfé doit fuir hors de France. Il se met au service du roi d'Espagne et se conduit si vaillamment dans la péninsule qu'il reçoit bientôt la Toison d'or. Rentré en grâce auprès de Louis XII, il revient en France et se distingue encore en reconquérant le royaume de Naples, avec l'armée française, sous son titre de sénéchal de Beaucaire. Pour se racheter d'avoir détruit une église dans sa campagne contre les Turcs, il fonde en 1597 le couvent des Clarisses de Montbrison qui, accueillant ses moniales le 2 juillet 1500, surmontera les épreuves montbrisonnaises du baron des Adrets et de la Révolution pour être encore de nos jours un vivant foyer monastique où des jeunes filles viennent engager leur vie.

Le 1er juillet 1500, onze religieuses venues de différents couvents (Aigueperse, Chambéry, Genève, Moulins, Le Puy) sont arrivées au château de la Bâtie. Antoinette de Beauveau, la seconde épouse de Pierre d'Urfé leur a, d'entrée, confié son désespoir de ne pas avoir d'enfant après cinq ans de mariage. Et spontanément, malgré la fatigue du pénible voyage qui venait de les amener de leur couvent jusqu'à la Bâtie, les moniales s'unirent dans une première prière communautaire fervente pour demander à Dieu d'accorder une descendance aux fondateurs de leur nouveau monastère : elles furent exaucées puisque, le 24 février suivant, naissait Claude d'Urfé qu'on a, pour cette raison, appelé l'enfant du miracle.

Nommé bailli du Forez par François 1er, puis ambassadeur au concile de Trente et à Rome par Henri II, et, à son retours gouverneur des Enfants de France, Claude d'Urfé est une personnalité marquante de son époque. Il allait être promu Maréchal de France quand il mourut, en 1558.

Amoureux des Arts et des Belles Lettres, il avait fait venir à son château de la Bâtie les plus grands artistes italiens qui I'avaient transformé pour en faire un joyau de la Renaissance. Sa chapelle était, paraît-il, après la Sainte Chapelle de Paris, la plus belle de France, et Claude avait réuni à la Bâtie une très riche bibliothèque dont les livres ont, hélas, été dispersés par les descendants. La Bibliothèque Nationale a pu cependant recueillir quelques beaux reste, notamment les deux manuscrits dits d'Urfé, le premier contenant toutes les pièces du procès de Jeanne d'Arc, et le second un choix très important et unique au monde de poésies de troubadours.

Quant au père d'Honoré d'Urfé, Jacques, il a été lieutenant général du Forez qu'il gouverna aux lieu et place d'Henri de Valois, roi de Pologne et comte par apanage. Marié à Renée de Savoie, il eut d'elle douze enfants, six filles et six garçons. L'aîné, Anne, n'ira pas à l'école car sa mère craint qu'il n'y acquière les doctrines protestantes. Néanmoins cet illettré qui passa son enfance dans les camps militaires a une âme de poète et dès l'âge de quinze ans il compose de forts beaux poèmes qui enchantèrent Ronsard et lui firent écrire :

Poursuis donc, ô ! d'Urfé, car ou je me déçois ou France ne verra de longtemps après toi aucun qui joigne mieux les armes et les muses.

Honoré d'Urfé

Ce compliment, Ronsard aurait pu l'adresser, à de plus justes titres encore, à son frère Honoré. Celui-ci étant l'avant-dernier garçon de la famille, Renée de Savoie décide d'autorité qu'il sera religieux, ainsi que le benjamin Antoine. Et, dès l'âge de treize ans, il doit prononcer les vœux monastiques et prendre l'habit de l'ordre de Malte.

On l'envoie alors au célèbre collège de Tournon où les Jésuites enseignent à quinze cents élèves venus de l'Europe entière, toutes les sciences humaines hormis le droit et la médecine. Doué d'une vive intelligence, il y acquiert très vite les premiers éléments d'une remarquable érudition, avec la connaissance des langues latine, grecque, italienne, espagnole et allemande.

Et il n'a pas seize ans quand on fait appel à lui pour la relation de l'entrée fastueuse de la nouvelle comtesse, Madeleine de la Rochefoucault, dans sa ville de Tournon, en 1583. Ce sera son premier ouvrage. Dans cet exposé très clair et très simple, Honoré présente le défilé "merveilleusement beau" des 1 500 élèves du collège qui avancent classe par classe, en rangs de trois, un rameau d'aubépine, de laurier, ou d'olivier à la main. Quand une classe arrive à la hauteur de la comtesse, deux écoliers se détachent pour lui exprimer la bienvenue en vers non seulement français mais aussi latins, grecs, allemands, anglais, hébreux et syriaques...

A sa sortie du collège de Tournon, Honoré d'Urfé reviendra au château de la Bâtie où il pourra compléter ses connaissances. Et c'est en parcourant les rives du Lignon, paisible rivière qui longe le château familial, qu'il va s'imprégner de l'atmosphère pastorale où son imagination va faire vivre les bergers de l'Astrée :

Je te voue et te consacre, mon cher Lignon, écrit-il dans la préface de la troisième partie de son ouvrage, toutes les douces pensées, tous les amoureux soupirs qui durant une saison si heureuse ont nourri mon âme de si doux entretiens, qu'à jamais le souvenir en vivra dans mon cœur.

Ces doux entretiens qu'il évoque, c'étaient ceux qu'il avait avec Diane de Chateaumorand, la femme de son frère Anne, qu'il épousera en 1599. Mais avant de réaliser cette étrange union, Honoré fera la guerre. Ardent catholique, comme on l'était depuis toujours dans sa famille, il adhéra très tôt à la Sainte Union, c'est-à-dire la Ligue, et quand elle se bat en Forez, il est, à vingt-deux ans, au premier rang des ligueurs, contre le roi Henri III et ses troupes. En mai 1590, à la tête d'un petit corps d'armée, il attaque et prend le fort d'Essalois près de Saint-Etienne. Puis il vole au secours de la ville du Puy, attaquée par les royalistes retranchés dans la forteresse d'Espaly.

Avec d'autres capitaines, dont son frère Anne, et mille hommes d'infanterie et de cavalerie, ils se battent si furieusement que les champs sont couverts de cadavres. C'est le chroniqueur Jean Burel qui déclare que de Saint-Marcel à Espaly, vous eussiez senty grande punaise de soldats morts.

Le duc de Nemours, grand chef de la Ligue, l'ayant nommé son lieutenant général au gouvernement du Forez, Honoré y entre en campagne, lève une petite armée et s'empare de plusieurs localités de la plaine roannaise.

Or son frère Antoine, évêque de Saint-Flour, se rendant au château de la Bastie, traverse une de ces localités, Villerest, où il est, par inadvertance, tué d'un coup d'arquebuse par un des hommes d'armes d'Honoré. Et voilà que, peu après ce drame, l'armée de celui-ci est défaite et notre écrivain, arrêté, est emprisonné à Feurs. Libéré grâce à Diane de Chateaumorand qui verse la rançon demandée, il est à nouveau emprisonné quelques mois plus tard à Montbrison, la capitale du Forez, au secours de laquelle il a volé.

C'est dans cette prison de Montbrison qu'il commencera à écrire ses Épîtres morales. Dans cet ouvrage il prend pour confident Agathon, un ami imaginaire à qui il se confie :

Regardons,
lui écrira-t-il, quelle a été cette vingt-septième année de mon âge : le plus cher de mes frères, par sa mort, me marque de noir le 1er octobre. Incontinent, le mois de février d'après me vit vendre à Feurs, sous l'entreprise d'autrui. Les moindres blessures ont été deux prisons, l'une n'attendant entièrement l'issue de l'autre, et encore que toutes deux par trahison, l'une par mes ennemis, et l'autre par ceux que je tenais pour mes amis... Je n'ai toutefois pas été pris à force, mais surpris à l'espère, autrement j'aurais honte de ma prise, au lieu que je n'ai regret que de sa perfidie...
Que cela te suffise, attendant que mon épée t'en rende plus claire connaissance. Car c'est elle et non pas cette plume qui m'a été donnée en partage pour marquer mes ennemis.


Ces Épîtres, qu'on a comparées aux œuvres de Sénèque, eurent un très grand succès, puisqu'en quelques années on dut en faire huit éditions. Mais le succès encore plus grand de l'Astrée devait les éclipser.

En 1597, le frère aîné d'Honoré, Anne, dépossédé de son titre de gouverneur du Forez par le roi en raison de son action dans la Ligue, demanda et obtint l'annulation de son mariage avec la belle Diane de Châteaumorand pour entrer en religion. Mais pour épouser celle qu'il aimait depuis si longtemps et qui devenait libre, Honoré, chevalier de l'Ordre religieux de Malte, dut lui-même demander et obtenir l'annulation de ses vœux monastiques. Ce qui fit dire au Pape Clément VIII que les d'Urfé auraient bien besoin pour eux seuls, d'une chancellerie pontificale et d'un pape tout entier.

Le mariage ne fut pas une bonne affaire pour Honoré. Il eût aimé avoir des enfants, mais Diane, son aînée de sept ans, ne put lui en donner. De plus, hautaine, acariâtre et follement orgueilleuse de sa beauté, elle vivait le plus souvent en compagnie de grands chiens qui la suivaient jusque dans son lit en répandant partout une odeur épouvantable. Pour ne pas ternir son teint, elle fuyait la société, se protégeait de l'air et du soleil par un masque qu'elle portait constamment sur la figure, et par d'épais rideaux qui obscurcissaient en permanence ses appartements.

Les incidents dus à son mauvais caractère sont nombreux et voici l'un des plus mémorables :
Le comte de Saint-Géran gouverneur du Bourbonnais, qui possédait des biens enclavés dans ceux de Diane de Châteaumorand, fit, en 1613, enterrer sa grand-mère Jacqueline de Changy dans sa chapelle de l'église de Saint-Martin-d'Estreaux, chef-lieu des terres de Châteaumorand, en lui élevant un beau tombeau supporté par quatre colonnettes de 25 cm de hauteur.

Quand Diane vit le mausolée, elle faillit en perdre l'esprit. Et, sans consulter son époux qui était alors à la Cour, ni prévenir le comte, elle fit enlever les colonnettes et descendre la tombe au ras du sol. On rapporta le fait au comte en ajoutant que Mme d'Urfé s'était jactée qu'elle tâcherait par tous les moyens qu'aucune cérémonie ne fût faite à la quarantaine de la défunte.

Le comte, aussi peu sage que sa voisine, releva le défi. Et le7 novembre, au coucher du soleil, les sujets de Diane virent avec surprise arriver du Bourbonnais, sur le grand chemin royal de Paris à Lyon, plusieurs centaines de gens de guerre armés d'arquebuses à rouet, de pistolets, de hallebardes et d'épées : le gros de la troupe était formé par des boutiquiers et des aubergistes locaux qui, en toute autre circonstance, auraient salué avec déférence Monseigneur et Madame d'Urfé mais qui, sous leurs casques, étaient pleins de morgue et de défi.

Entré dans Saint-Martin-d'Estreaux, le comte de Saint-Géran se saisit du curé et l'obligea à ouvrir l'église. Ses hommes s'y installèrent et ayant allumé un grand feu au milieu de la nef, ils couchèrent à l'entour sur une épaisse litière. À la sacristie ils apportèrent leurs prises de guerre, oies, poules, quartiers de viande et placèrent un tonneau de vin sur l'autel de Saint Antoine.

Apeurée, Diane envoya un gentilhomme porter plainte auprès du prévôt de la maréchaussée du Forez, à Montbrison. Quand celui-ci arriva à Saint-Martin-d'Estreaux, il tenta de raisonner le comte mais celui-ci se borna à proférer des bordées d'injures grossières contre Mme d'Urfé et ses gens. Comprenant qu'il avait affaire à trop forte partie, le prévôt se résolut à patienter jusqu'au lendemain, jour de la quarantaine.

Celle-ci fut célébrée très dignement : un grand catafalque noir, semé de larmes d'argent décorait la chapelle de Saint-Géran. Tous ses gens en armes assistaient dévotement à la cérémonie. Mais voilà qu'au milieu du service un homme de loi fit entendre les protestations de Mme d'Urfé. Le comte s'emporta et se mit une fois de plus à jurer contre elle... La cérémonie se poursuivit cependant comme si de rien n'était. Et dès qu'elle fut achevée, M. de Saint-Géran monta à cheval, fut salué par deux salves, et donna l'ordre du départ, suivi par toute sa troupe.

Cette fâcheuse histoire fut la goutte qui fit déborder le vase. Honoré d'Urfé se sépara, à l'amiable, d'une femme aussi inconséquente pour s'installer au château de Virieu-le-Grand, dans le Bugey, et c'est là qu'il poursuivit son œuvre, et en particulier l'Astrée,

L'Astrée

L'Astrée, c'est le roman de l'amour, l'amour de la beauté. Ainsi que le druide Adamas l'explique au héros principal, Céladon : Toute beauté procède de cette souveraine bonté que nous appelons Dieu et c'est un rayon qui s'élance de lui sur toutes choses créées.

Inspirée par Dieu, les amants recherchent la beauté et donc la bonté, dans ses créatures les plus proches de Lui, c'est-à-dire les hommes. Dans cette recherche, ils veulent viser très haut, ne pas s'arrêter au corps, aller jusqu'à l'âme, mais parfois ils s'attardent au corps.

Pour Honoré le symbole de la beauté, c'est la femme. Il la porte aux nues. Les femmes sont plus pleines de mérite que les hommes, écrit-il. Elles nous surpassent de tant en perfection que c'est leur faire tort que de les mettre en un même rang avec les hommes.

L'action de l'Astrée se passe au Ve siècle. Sagement gouverné par la reine Amasis dans son palais de Marcilly, le Forez vit dans la paix, alors que la Gaule est occupée, envahie, déchirée. Au cours d'une fête de Vénus, le jeune berger Céladon, qui n'a que quatorze ans, rencontre Astrée, plus jeune encore, et c'est le coup de foudre. Le père de Céladon, jugeant cet amour funeste, éloigne son fils, mais à son retour, Céladon aime plus que jamais Astrée.

Pour donner le change à Alcippe, le père de Céladon, Astrée demande à Céladon de feindre de courtiser son amie Aminthe. Mais un jour Sémire, jaloux de Céladon, affirme à Astrée que son amant est véritablement épris d'Aminthe.
Quand Astrée revoit Céladon : - Va-t-en, déloyal ! lui dit-elle et garde-toi bien de te faire jamais voir à moi que je ne te le commande.

Désespéré, Céladon se jette dans le Lignon sous les yeux d'Astrée qui le croit mort ; mais emporté par le courant et abandonné sur le sable, il a été recueilli par la nymphe Galathée. Puis il s'est présenté au druide Adamas qui, pour lui permettre de revoir Astrée, le fait passer pour sa fille Alexis, partie chez les Carnutes. Astrée s'éprend de la fausse Alexis qui devient sa plus tendre amie et elles se donnent beaucoup de privautés.

Mais les Burgondes, envahissant le Forez, assiègent la capitale Marcilly : ils enlèvent Astrée et Alexis-Céladon, les enchaînent l'une à l'autre et les poussent en avant, tentant d'investir la place. Cependant les assiégés délivrent Alexis-Céladon, qui se bat vaillamment et parvient à libérer Marcilly.

Céladon découvre alors sa ruse à Astrée, mais celle-ci, blessée dans sa pudeur, le chasse à nouveau de sa présence. Cette décision l'a brisée, elle veut mourir. Céladon le veut aussi. Avec un autre couple, Sylvandre et Diane, dont les amours sont contrariées comme les leurs, ils se rendent à la Fontaine de Vérité d'Amour.

Autrefois celui qui se mirait dans l'eau de la fontaine voyait à ses côtés sa fidèle amante, ou bien, à la place de sa propre image, celle de son rival... Quand les deux couples l'atteignent, un orage terrifiant survient et lorsqu'il s'apaise, les lions et les licornes qui défendent l'entrée de la fontaine sont changés en statues de marbre, tandis qu'elle a retrouvé son pouvoir.

Céladon y découvre en tremblant sa propre image accolée à celle d'Astrée qui lui prouve l'amour indéfectible de son amante. Sylvandre et Diane, ainsi que d'autres couples de bergers, y reçoivent la même révélation.

C'est la joie en Forez où l'on célèbre beaucoup de mariages...

L'Astrée, dont la première partie parut en 1607, a un très grand succès. On la lit partout, à la Cour, à l'hôtel de Rambouillet, chez les Précieuses, dans les châteaux, les collèges. On fait à Aubusson de grandes tapisseries pour présenter ses personnages ; les faïenceries de Nevers en décorent leurs plats ; on donne le nom de Céladon à une couleur verte, à des jarretières qui font fureur. On s'habille en berger et bergère et on se fait peindre en cet accoutrement.

Et des sociétés s'organisent pour vivre à la manière des bergers de l'Astrée, comme celle de Mademoiselle de Montpensier en son château de Saint-Fargeau. Mais le plus bel exemple est celui des Parfaits Amants : le 1er mars 1624, quarante-huit princes, seigneurs et nobles dames d'Allemagne adressent une supplique à Honoré d'Urfé. Fervents lecteurs de l'Astrée, ils lui déclarent qu'ils ont créé une Académie des Parfaits Amants où ils s'efforcent de vivre l'honnête amour de l'illustre pastorale. Chacun d'eux a pris le nom d'un personnage de l'Astrée, mais aucun n'a voulu celui de l'incomparable Céladon qu'ils réservent à l'auteur de l'Astrée où, disent-ils, un divin esprit éclate en chaque ligne. Et ils le supplient de leur donner la suite de l'Astrée.

Quand la missive lui parvient, il est en guerre dans la Valteline, petite province du Piémont d'où il faut chasser les Espagnols. Il répond avec quelque ironie à ce qu'il appelle la plus auguste Académie de l'Univers, en acceptant le nom de Céladon qu'elle lui décerne et il ajoute qu'il donnera suite à son roman : quand le bruit du canon cessera et que la douceur de la paix nous ostera l'espée de la main.

Ce devait être son dernier écrit, car il s'est épuise dans cette campagne où, à la tète du régiment d'Urfé-Chateaumorand, il s'est battu vaillamment en avant-garde. Atteint d'une pneumonie, il se fait transporter à Villefranche-sur-Mer où il rend le dernier soupir le 1er juillet 1625.

Sa dépouille est transférée à Turin où de solennelles funérailles lui sont faites, puis en Forez, pour être ensevelie au bord du Lignon. Vers 1850 on pouvait voir, près du château de la Bâtie, un petit tertre oblong entouré de six tilleuls : on l'appelait le tombeau de Céladon.

Un fervent catholique comme il l'était pouvait-il être enterré hors du cimetière et de l'église ? Et cependant quel plus beau tombeau que les bords du Lignon pour le chevalier de la pastorale forézienne. C'est la dernière énigme qu'il nous pose, mais elle est mineure par rapport à celle des cent personnages principaux de son Astrée qui paraissent bien avoir été pris sur le vif à la Cour ou dans les châteaux de province. C'était un des charmes du livre que d'essayer de découvrir derrière chaque berger le modèle qui l'avait inspiré et dans les salons on en dissertait longuement.

En 1624, Patru, un jeune homme de dix-neuf ans qui va faire ses études en Italie, rend visite à Honoré d'Urfé, alors à Turin. L'auteur de l'Astrée le reçoit avec beaucoup de bienveillance et lui apparaît plein de la tristesse détachée qui affecte les hommes dans le pressentiment d'une fin prochaine.
Patru lui demande les secrets de ses personnages :

Il y a des princes et des princesses, il y a des rois et des reines qui montent sur notre théâtre, lui répond Honoré. Je ne puis vous entretenir de leurs passions sans vous découvrir beaucoup de choses dont peut-être, à votre âge, vous auriez peine à vous taire ; c'est bien peu que dix-neuf ans pour vous confier tant de secrets d'une si haute importance ! Mais je vous promets qu'à votre retour d'Italie, je vous donnerai tout ce que vous souhaitez.

- Toutefois, je n'aurai alors que vingt ans, lui répond Patru.

- Cela est vrai, mais avec les lumières et les inclinaisons que vous avez, ce n'est pas peu qu'une année de l'air d'Italie. Et d'ailleurs vous étonnez-vous si, avant que de mourir, je veux vous voir encore une fois ?


Mais l'année d'après, quand Patru rentra d'Italie, Honoré d'Urfé était mort, emportant ses secrets.

Et il ne s'écoulera pas deux siècles avant que sa famille s'éteigne à son tour. Comment expliquer cet effacement ?

La fin de la famille d'Urfé


La générosité y a une grande part car ce qui frappe quand on examine l'arbre familial des d'Urfé, c'est le grand nombre de vocations religieuses. Parmi les frères d'Honoré, deux seront religieux, et, des trois autres un seul garçon survivra, son neveu Charles-Emmanuel qui l'a assisté à son lit de mort. Il aura lui-même six garçons dont cinq seront religieux. Le sixième, marié, n'aura pas d'enfants et c'est lui qui, décédé en 1724, éteindra la branche directe des d'Urfé.

Les filles choisissent aussi fréquemment la vocation religieuse et comme l'avait souhaité l'aïeul Pierre d'Urfé en fondant le couvent des Clarisses de Montbrison, plusieurs d'entre elles viendront y consacrer leur vie à Dieu.

Parmi celles qui se marient, les années font, grâce au procédé de substitution instauré par leur ancêtre Anne de Lascaris, perdurer le nom de Lascaris d'Urfé que leurs maris peuvent ajouter à leur patronyme. Elles sont, le plus souvent, très dignes, mais il y a aussi parmi elles des caractères exceptionnels, comme la trop célèbre comtesse d'Urfé, brillante, jolie et légère, qui s'est, au XVIIe siècle, adonnée à l'alchimie. Amie de Casanova, elle paraît en plusieurs passages des mémoires de celui-ci qui expose ses pratiques licencieuses pour entrer en relation avec l'au-delà.

Son petit-fils, Achille du Châtelet de Lascaris d'Urfé, né au château de la Bâtie, s'enrôlera sous la bannière de La Fayet te dont il sera l'aide de camp dans la guerre d'indépendance américaine. Revenu en France, général de division dans les armées de la République, grièvement blessé, il se fera arrêter à Paris où, le prenant pour un traître, on l'emprisonne à la Force : le 20 mars 1794, il s'y empoisonne pour échapper à l'échafaud.

C'est bien fini, il ne reste plus aucun souffle aux d'Urfé et l'Astrée, et toute l'œuvre d'Honoré d'Urfé, sont tombées dans l'oubli...

Et ce ne sont pas seulement la famille et les œuvres d'Honoré qui sont rayées du monde : le sort s'acharne sur leurs demeures.

Le soir du Jeudi Saint 1726, un paysan fou monte avec une lanterne au château de Virieu en criant : "J'vas brûler l'châtiau !" et il le brûlera comme une torche en n'y laissant que des cendres.

Le couvent des Clarisses de Montbrison, confisqué sous la Révolution, verra ses murs s'abattre en 1820.

Dans le château de la Bâtie, le couvent des Cordeliers sera vendu et entièrement démoli sans que les sépultures de ses fondateurs soient respectées. Le château lui-même tombera, au siècle dernier, entre des mains impies qui n'hésiteront pas à vendre ses plus belles oeuvres d'art.
Les vitraux, les portes, le carrelage de la chapelle seront enlevés et dispersés à travers le monde.

Et néanmoins en 1909 la société archéologique de la Diana, craignant de voir disparaître la Bâtie, se rendra acquéreur du château et, en 1945, un de ses dirigeants les plus actifs, Marius Delomier rénovera l'édifice et ses jardins et réussira à y ramener quelques-unes de leurs richesses mobilières.

Il est juste de dire aussi que depuis 1900 nombreux sont les auteurs français et étrangers qui se sont intéressés à la vie et à l'œuvre d'Honoré d'Urfé. Comment s'explique ce renouveau pour un auteur et une œuvre qui semblent si éloignés de nos mœurs actuelles ? Car il faut bien avouer que très rares sont ceux qui ont encore le temps et la patience de lire les cinq mille pages de l'Astrée.

Plusieurs raisons me semblent justifier ce regain d'intérêt. Tout d'abord une saine réaction contre notre société fiévreuse, avec un retour à la nature et à la campagne. Et puis la recherche du contact authentique avec les êtres au-delà des fallacieuses rencontres dont nous saturent les images attrayantes du cinéma et de la télévision. Mais je crois que c'est plus encore l'excellente analyse de tous les aspects de l'amour et du comportement amoureux qu'Honoré d'Urfé a su rendre à travers ses cent personnages très différenciés, qui donne à sa pastorale une valeur sentimentale et psychologique qui défie le temps.

C'est bien pourquoi on a encore plaisir à feuilleter aujourd'hui son Astrée, non pas pour suivre la pastorale dans les méandres de ses innombrables aventures sentimentales, mais pour retrouver, en maint passage, des personnages dont les traits de caractère, finement analysés, sont, à quelque quatre cents ans de distance, très proches des nôtres.
Honoré d'Urfé avait d'ailleurs prédit cette pérennité, puisqu'il termine ainsi sa lettre au Lignon, qui précède la 3e partie de l'Astrée :

Ces douces pensées, je te les remets, ô mon cher et bien-aimé Lignon, afin que les conservant et les publiant, tu leur donnes une seconde vie qui puisse continuer autant que la source éternelle qui te produit et que, par ainsi, elles demeurent à la postérité, aussi longtemps que dans la France l'on parlera français.

Henri Chaperon

Signature d'Honoré d'Urfé :

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Honoré d'Urfé

Les Cornes d'Urfé
(Champoly)

(dessin du 19e siècle, anonyme)



Les Cornes d'Urfé
(Champoly)
photo extraite du Guide du Forez 1913
(cliché Mathieu)

Forteresse d'Urfé
(dessin d'A. Bonin, Bulletin de la Diana, tome 42)



Château d'Urfé
(estampe d'Henry Gonnard)

Château des Cornes d'Urfé

(dessin d'Emile Noirot)


Bibliographie

(liste non exhaustive, en cours de réalisation)

L'Astrée et la famille d'Urfé
  • Claude Longeon, Documents sur la vie intellectuelle en Forez au XVIe siècle, Saint-Etienne, Centre d'études foréziennes, 1973
  • Les Urfé en Forez, une famille, des destins, Actes du colloque des 18-19-20 sept. 2002 à Saint-Etienne, 2004.
  • Claude d'Urfé et La Bâtie, l'univers d'un gentilhomme de la Renaissance, ouvrage édité dans le cadre du IIIe Festival d'histoire de Montbrison par le conseil général de la Loire, 1990.
  • Auguste Bernard, Les Urfé, Paris, 1839.
  • Jean Canard, Urfé hier et aujourd'hui, 1973.
  • Maxime Gaume, Les inspirations et les sources de l'oeuvre d'Honoré d'Urfé, Centre d'études foréziennes, Saint-Etienne, 1977
  • M. Gaume et J. Bonnet, Le sphinx de la Bastie d'Urfé, Saint-Etienne, 1980.
  • Abbé Merle, Bulletin de la Diana, tome 32, 1953.
  • Edouard Perroy, "Les origines de La Bastie d'Urfé", Etudes foréziennes, 1, Saint-Etienne, 1968.
  • O.-C. Reure, La vie et les oeuvres d'Honoré d'Urfé, Paris, 1910.
  • G. Soultrait et F. Thiollier, Le château de La Bastie d'Urfé et ses seigneurs, Saint-Etienne 1886.

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Nous signalons aussi le remarquable travail de Mme Eglal Henein,

professeur émérite de Tufts University (Massachusetts, Etats-Unis d'Amérique)

L'Astrée

Deux visages de l'Astrée
Edition critique et électronique de l'Astrée
http://astree.tufts.edu


A la demande de Madame Eglal Henein, spécialiste de l'Astrée,
voici un court passage de cet ouvrage


L'Astrée : début du livre 6 de la 3e partie (Vaganay, III, p. 283)

CE Chevalier (1) qui avoit esté trouvé
aupres du Temple d'Astree ayant pris
le mesme chemin que Paris avoit faict,
se trouva bien tost
sur le pont de la Bouteresse,
et peu apres sur le haut de la plaine
qui découvre le chasteau
et la grande ville de Marcilly.

(1)
Le chevalier en question, Damon d'Aquitaine,
a quitté le bois de Bonlieu

    Marcilly-le-Châtel (cliché J. Barou)


Couzan (cliché J. Barou) 

D'abord le pays luy sembla très-agreable :
car d'un costé
il voyoit les fertiles montagnes
de Cousant, qui descendant
par de petites colines
jusques dans la plaine monstroient
toute leur crouppe
enrichie de vignobles,

et le plus haut de grands bois
de haute fustaye,
qui sembloient avoir esté posez là
par la sage Nature
pour leur servir de cheveux :
La plaine après s'alloit estendant
jusques à Montbrison,



    Montbrison (Armorial de Guillaume Revel)


Montrond (gravure ancienne)  
et suivant tousjours
ces delectables colines s'eslargissoit
du costé de Surieu, de Mont-Rond
et de Feurs, avec tant de petits ruisseaux
et de divers estangs,

que la veuë ainsi diversiffiee
en estoit beaucoup plus plaisante :
et parce que le chemin qu'il avoit pris
le conduisoit à Marcilly,
y ayant la teste tournée,
ce fut aussi le premier lieu
où il jetta les yeux.
Ce chasteau relevé sur la pointe d'un rocher,
et qui se faisoit voir de fort loing,…


   Feurs  (Armorial de Guillaume Revel)

Edition de 1647
(Bibliothèque de la Diana, Montbrison)



L'Astrée
, Paris, 1647, partie II,
tome 4, lettre de Céladon à la bergère

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Autre texte concernant la famille d'Urfé :

Marguerite Fournier,

Du Forez au Canada, la mémoire d'un Français oublié
Pierre de Lascaris d'Urfé

Blason des Urfé ornant les reliures de leur bibliothèque

Les cornes d'Urfé

(Champoly)

berceau
de la famille d'Urfé

clichés J. Barou

La rencontre d'Astrée et Céladon,
détail d'une tapisserie de Marche, 2e quart du 17e siècle, non signé,
château de la Bâtie, collection de la Diana, classée monument historique le 28 février 1959

Album

Les Cornes d'Urfé

Urfé au temps de sa splendeur

dessin d'Antoine Bonin,
extrait de l'ouvrage de Jean Canard Champoly Urfé




Poème de Jean Canard

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11 novembre 2010


cliché Isabelle Barou


cliché Isabelle Barou



cliché Isabelle Barou

                                                                                     
           cliché Isabelle Barou



cliché Isabelle Barou


                                  
                                                                                        cliché Isabelle Barou


cliché Isabelle Barou


cliché Isabelle Barou


La Brigue

(Alpes-maritimes)

Château des Lascaris d'Urfé à la Brigue
cliché J. Barou

Honoré d'Urfé évoqué au château de Goutelas

(Marcoux, Loire)



Portrait d'Honoré d'Urfé déployé sur une tour du château de Goutelas
cliché J. Barou


Goutelas (Marcoux)
cliché J. Barou

La Bastie d'Urfé

(Saint-Etienne-le-Mollard, Loire)


La Bâtie d'Urfé
cliché J. Barou

Les Annales

(du 8 octobre 1922)

article d'Edouard Herriot

Conception : David Barou
textes et documentation : Joseph Barou
questions, remarques ou suggestions s'adresser :


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Mis à jour le 16 février 2015