(1841-1893)
Benoît
Malon, né le 23 juin 1841 à Précieux
(Loire), près de Montbrison, a joué un rôle
important - et souvent méconnu - dans l'histoire du
mouvement ouvrier français et international. Ce Forézien
est devenu l'un des chefs de l'Internationale, journaliste,
député de la Seine en 1870, membre de la Commune
de Paris et maire de l'arrondissement des Batignolles, exilé
en Suisse et en Italie puis, à son retour en France,
fondateur et directeur de la Revue
socialiste.
Des
origines familiales foréziennes :
une famille de paysans pauvres
Aussi
loin qu'on a cherché dans les registres d'état
civil et dans les registres paroissiaux, les origines de Benoît
Malon sont foréziennes. Benoît Malon était
le fils de Joseph Malon et de Benoîte Baleydier. Les
Malon sont originaires des villages de Périgneux et
de Boisset-Saint-Priest, petits paysans installés dans
ces communes au XVIIIe siècle et dans la première
moitié du XIXème siècle. Les Baleydier
étaient originaires, eux, de Saint-Romain-le-Puy :
on les trouve dans cette commune rurale depuis le règne
de Louis XIV. Paysans pauvres, eux aussi, tantôt journaliers,
tantôt grangers - c'est-à-dire métayers
-, ils vont finalement s'installer à Précieux.
Dans la société rurale du XIXe siècle,
la propriété de la terre fonde les hiérarchies
sociales. Celui qui ne possède pas la terre ou n'a
pas l'argent nécessaire pour la prendre en location,
est alors obligé "d'aller chez les autres".
Il est valet de ferme ou journalier. Cette catégorie
socioprofessionnelle des domestiques et journaliers représente
alors un pourcentage très important de la population
active agricole : 55 % pour l'ensemble de la France, 60 %
dans le département de la Loire.
Un
fils de paysans pauvres
Au
soir de sa vie, alors que, gravement malade, il savait que
ses jours étaient comptés, Benoît Malon
s'est tourné vers son enfance et en a écrit
les souvenirs émouvants et chaleureux : document exceptionnel
car nous avons peu - ou même pas du tout - de souvenirs
de fils de paysans pauvres du XIXe siècle. Nous sommes
donc bien renseignés sur cette partie de sa vie.
Les
parents de Benoît Malon, Joseph Malon et Benoîte
Baleydier, avaient été placés "chez
les autres ", tous deux à l'âge de onze
ans. Joseph Malon était orphelin de mère et
s'entendant mal avec la seconde femme de son père ;
il quitta Boisset-Saint-Priest pour devenir valet de ferme
; bon travailleur, il était en 1833-1834 " premier
valet " chez M. Sijean, aux Massards, " un gros
domaine à douze paires de bufs qui s'étendait
à la fois sur les communes de Sury et de Précieux
". Benoîte Baleydier y était " grand'servante
". Le petit Benoît entendit souvent de sa mère
le récit de la rencontre de ses parents qui décidèrent
bientôt de se marier. Ils en avertirent le Maître
qui fut mécontent car il craignait le départ
éventuel des deux domestiques, dont il avait besoin
: " Nous demandâmes à M. Sijean de nous
laisser marier, il refusa avec force injures ; nous partîmes
en mai [1834] sans pouvoir arracher un sou de ce qui nous
était dû ".
Le
récit de cette injustice entra dans la mémoire
familiale et il est caractéristique que Benoît
Malon raconte cet épisode dans ses Souvenirs.
Une fois mariés, Joseph Malon et Benoîte Baleydier
s'installèrent au Marais, près du bourg de Précieux.
Ils eurent quelques années de "vie relativement
heureuse" et la jeune femme était " toute
à la joie d'avoir un chez-soi ". Quatre fils naquirent
entre 1837 et 1843 : Pierre (1837-1839), Jean dit Joseph (1838)
- qui devint instituteur -, Benoît (1841) et Jean, dit
Jean-Marie (1843-1849). Joseph, le père, était
" actif et courageux " et " gagnait 250 F par
an " en travaillant comme valet à la ferme de
la Croix d'Or puis comme journalier " à la semaine
" à celle de la Cotille ; sa femme tenait son
ménage, s'occupait de ses enfants et avait quelques
animaux : une truie et aussi " une chèvre "
et " deux à trois moutons " que l'on menait
paître le long des chemins.
Le
temps des malheurs
En
1844, le malheur s'abattit sur la famille : Joseph, âgé
seulement de 34 ans, mourut à la suite d'un "
refroidissement ". Benoîte Baleydier dut se placer
à la ferme de la Pommière. Elle dut aussi "
louer " son fils aîné, Jean, " âgé
de sept ans, pour garder deux vaches moyennant le gros gage
de trois francs pour sept mois en sus de la nourriture "
: les deux petits avaient perdu leur aîné qui
" n'était plus là pour imposer le respect
aux autres gamins ; ils nous battaient sous prétexte
que nous n'avions plus de père ". Aux difficultés
matérielles, s'ajoutaient chez les deux cadets les
brimades de leurs camarades et la séparation d'avec
leur mère.
En
1846-1847, la crise économique s'ajouta aux difficultés
personnelles de Benoîte Baleydier qui n'avait plus de
travail : on n'avait pu la garder à la ferme de la
Pommière. Ce fut la misère. On laissa la maison
du Marais pour aller loger au bourg. Le " grand hiver
" et la " grande cherté " faisaient
resurgir la peur des disettes de l'Ancien Régime :
" Ma mère n'était pas la seule veuve mère
de famille qui fût sans travail par suite de la rigueur
des temps. La commune s'en émut et les sept ou huit
femmes qui se trouvaient dans son cas furent embauchées
comme elle à raison de dix sous par jour, non nourries,
pour ramasser les pierres dans les champs qui longeaient les
grands chemins et porter ces pierres, à pleins et lourds
paniers, sur lesdites routes. Les travailleuses partaient
le matin avant le jour, par un froid sibérien. Elles
emportaient un morceau de pain noir pour le goûter de
midi et revenaient le soir à nuit close, harassées
et la figure couperosée par le froid. "
Au
bout de cinq semaines, Benoîte Baleydier, épuisée,
dut arrêter ce travail. Heureusement, on la reprit à
la Pommière. Mais Benoît Malon n'oublia jamais
l'épreuve que sa mère avait subie et le travail
de bagnarde que la misère lui avait fait accepter.
En 1849, la famille Malon connut un nouveau drame. Jean-Marie,
le plus jeune frère de Benoît Malon, mourut,
âgé de six ans, sans doute victime d'une congestion
pulmonaire. Ce fut une grande douleur : " Jean-Marie
mourut vers six heures du soir. Pendant tout le jour j'étais
resté courbé sur mon lit, la figure dans la
couverture pour étouffer mes sanglots. Je m'abandonnais
à la plus complète douleur, voulant mourir avec
le cher compagnon de mes jeunes années. [
] Je
faillis devenir fou de douleur. "
L'école
interrompue
L'école
a joué un rôle important dans la vie de Benoît
Malon. Il a d'abord fréquenté - irrégulièrement
mais avec profit - l'école de Précieux. Contrairement
à une légende misérabiliste, propagée
par Léon Cladel, qui a affirmé qu'il avait appris
à lire à vingt ans, dès cette époque,
Benoît Malon sait lire et écrire. Il est de ces
petits paysans qui " apprennent bien " malgré
la pédagogie assez rudimentaire et les conditions scolaires
difficiles :
"
J'allais à l'école où j'apprenais "ce
que je voulais". [Pourtant] l'instituteur était
exceptionnellement sévère [
] Pour la moindre
distraction, c'était des coups de règle sur
les doigts et la mise en pénitence [
] Nous étions
entassés une cinquantaine, filles et garçons,
je n'en pouvais d'abord supporter l'air lourd et empesté
et j'avais d'horribles démangeaisons de remuer. Pourtant,
il fallut me faire à ce nouveau genre de vie. J'y fus
aidé par le fait que j'étais le meilleur "apprenant"
de la classe
"
Le
petit Benoît Malon aimait l'école, aimait apprendre
et avait une véritable frénésie de lecture.
Mais il lui fallut rapidement gagner sa vie : Benoît
Malon ressentit cela comme une grande injustice. Non qu'il
fut malheureux dans les " places " où il
fut envoyé, mais il était privé d'apprendre.
Il
allait aussi être privé de sa mère, si
tendrement aimée : en effet, Benoîte Baleydier,
veuve en 1844, se remaria en 1852 avec Eymar Bonnel, un veuf
de 48 ans, ancien scieur de long, dont elle eut un fils. Le
mariage d'Eymar Bonnel et de Benoîte Baleydier eut lieu
à Précieux le 22 février 1852. Benoît
Malon écrit : " Ma mère et Bonnel [
]
étaient partis à la mairie pour faire le mariage
civil. [
] Une immense tristesse m'avait envahi en les
voyant partir, j'eus un pressentiment très net que
ma mère allait être très malheureuse.
" On a compris que Benoît Malon n'aimait pas Eymar
Bonnel : réaction classique d'un petit garçon
qui était très proche de sa mère. Il
quitta Précieux où il ne se sentait plus chez
lui. Ses Souvenirs
s'arrêtent d'ailleurs brusquement sur le récit
du remariage de Benoîte Baleydier
"Chez
les autres"
Revenons
en arrière. Benoît Malon, nous l'avons dit, travaillait
bien à l'école et aimait l'étude. Mais
sa mère avait besoin de son travail et il devint petit
berger dans différentes fermes de Précieux.
: il eut de " bons maîtres ", comme on disait,
et donna satisfaction. A Garambaud, un hameau de Précieux,
il est chez M. et Mme Blanc : Je fus déclaré
gardeur de porcs. J'en avais dix-huit gros et petits, ce n'était
pas une mince affaire [
] Une bergère de treize
ou quatorze ans [
], appelée Marie, fut chargée
de m'apprendre le métier pendant quelques jours. Nous
gardâmes ensemble les porcs et les moutons dans des
étoubles s'étendant des deux côtés
d'un mamelon ombragé de noyers ".
Quelques
mois plus tard, après le remariage de sa mère,
Benoît Malon, qui avait douze ans, partit travailler
dans l'Ain où il resta six ans. Nous le savons par
le témoignage inattendu de Marc-Amédée
Gromier, le fils d'un libraire républicain de Bourg-en-Bresse
qui devint plus tard secrétaire de Félix Pyat
et membre de la Commune de Paris : " J'ai connu Benoît
Malon, en 1854, dans le département de l'Ain dans une
ferme où il était pâtre, aux environs
de Chalamont ".
Occupé
aux travaux des champs dans cette plaine de la Dombes qui,
semée d'étangs, lui rappelait celle du Forez,
Benoît Malon " essayait de s'instruire et bientôt
parvenait à se rendre capable de tenir les écritures
du fermier, sorte d'homme d'affaires de village " (Léon
Cladel). Nous retrouvons Benoît Malon toujours avide
de connaissances, capable même d'apprendre un peu de
comptabilité mais qui est critique vis-à-vis
de son patron, type classique de " coq de village "
prêtant avec usure aux paysans pauvres et faisant durement
travailler ses domestiques.
La
révolte : les misères, les chagrins et les humiliations
de l'enfance laissent des traces indélébiles.
Ce furent les sources de la Révolte. Benoît Malon
n'oubliera jamais quelle était la dure condition de
beaucoup de petits paysans du siècle dernier. La Révolution
: Benoît Malon fut intellectuellement capable de passer
de la révolte qui est quelque chose d'instinctif à
la Révolution qui suppose une construction idéologique.
Pour Benoît Malon, dans les années de l'Internationale
et de la Commune, la Révolution devait être à
la fois celle des paysans pauvres qu'il avait côtoyés
dans son enfance et celle des ouvriers qu'il avait rejoints.
Pendant la Commune de Paris, en 1871, il rédigea un
appel aux paysans pour qu'ils soutiennent les ouvriers parisiens
et, après 1871, il écrit que, si la Commune
a échoué, c'est parce qu'elle n'a pas su provoquer
la solidarité des paysans.
Benoît
Malon jeune
(collection
Cl. Latta)
|
Chez
son frère
A
dix-huit ans, en 1859, Benoît Malon, épuisé,
malade, est recueilli par son frère, Jean Malon,
qui est devenu instituteur et vient d'être nommé
à Margerie-Chantagret. Il l'accueille, le soigne,
le remet sur pied. Benoît Malon fréquente
la classe de son frère : grand élève
parmi les enfants de l'école de Margerie-Chantagret,
un petit village des monts du Forez, où il
eut son premier poste. Chez son frère, Benoît
Malon acquit les connaissances de base qui lui manquaient.
Comme s'il voulait rattraper le temps perdu, il voulait
tout savoir et tout apprendre. Il lui arriva même
de " remplacer plusieurs fois son frère
dans sa classe ".
Jean
Malon, l'instituteur, fut ensuite nommé à
Maringes, près de Chazelles. Benoît Malon
le suivit. En 1860-1861, Benoît Malon - il a
19 ans - est donc à Maringes avec son frère.
Il continue à l'aider dans sa classe. Il se
lie d'amitié, lors de cette première
année à Maringes, avec plusieurs jeunes
gens de son âge : Etienne Girin, sa sur
Jeannette, Benoît Meilland et Pierre Marie Fayolle.
Grâce à la découverte en juillet
2002 de quinze lettres de Benoît Malon dans
une famille de Maringes, nous avons d'intéressants
renseignements sur cette période de la vie
de Benoît Malon.
|
Etudes
à Lyon
Jean
Malon constate qu'il n'a plus grand chose à apprendre
à son frère ; il se préoccupe de lui
faire poursuivre son instruction. Benoît Malon entre
alors à Lyon dans un " pensionnat " à
Lyon où sont élèves, en même temps
que lui, ses amis Fayolle et Meilland. Il en est l'élève
pendant l'année scolaire 1861-1862 et peut-être
une partie de l'année 1862-1863. Il s'agit du "
pensionnat " tenu par un prêtre, l'abbé
Lachal, qui dirigeait une " école cléricale
" dans la paroisse Saint-Eucher qui se trouve à
la Croix-Rousse. Ces " écoles cléricales
" correspondraient aujourd'hui à de " petits
collèges " (de la 6e à 4e ou à la
3e) qui préparaient à l'entrée dans les
deux ou trois dernières classes du petit séminaire.
Benoît Malon se trouvait avec des élèves
plus jeunes. Il continue à manifester ses dons pour
l'étude. Il est fort en latin. Il s'essaie aussi à
la poésie, rêvant d'être écrivain.
Qui a payé les études de Benoît Malon
? Nous n'en savons rien. Thomas Rochigneux, secrétaire
de la Diana, qui a écrit une brochure sur Précieux
dit que la famille Bret - la famille des châtelains
de Précieux - aurait payé ses études,
d'autant qu'elles devaient le destiner à la prêtrise.
Effectivement, dans l'une de ses lettres, Benoît Malon
parle de la protection d'une " dame de chez nous ".
A-t-il voulu être prêtre ? Il le reconnaît
dans l'une de ses lettres. Il est proche du curé de
Maringes, M. Chavassieu, chez qui il se rend lorsqu'il vient
à Maringes. La prêtrise représentait alors
pour beaucoup de jeunes ruraux un moyen d'ascension sociale.
Benoît
Malon est donc ensuite entré au petit séminaire
à Lyon : mais il n'y est resté que quelques
semaines, découvrant que ce n'était pas là
sa voie. Il est alors pendant quelques mois employé
de commerce à la Croix-Rousse puis employé de
banque à Trévoux (Ain). Mais son destin va s'orienter
autrement.
Incertitudes
En
effet, lors de son séjour à Maringes, Benoît
Malon est tombé amoureux de Jeannette Girin, la sur
de son ami Etienne. Ils ont 21 et 19 ans. L'amour est réciproque.
Les parents ne sont pas très contents de cette idylle
de leur fille avec un jeune homme destiné au séminaire
et cette jeune passion a joué probablement son rôle
dans le refus de Benoît Malon de devenir prêtre.
Mais, sorti du séminaire, il voudrait poursuivre des
études, gagner Paris pour tenter sa chance et ne sent
pas fait pour un mariage trop proche. Il se brouille une première
fois avec Jeannette. On sent que Benoît Malon a traversé
une crise pendant laquelle il a douté de son avenir,
non seulement de son avenir sentimental mais aussi de son
destin personnel (le travail à Lyon et Trévoux).
Restait
la perspective du service militaire qui était alors
de cinq ans. En février 1862, à Montbrison,
Benoît Malon tira "un bon numéro" qui
l'exemptait automatiquement du service... Il était
libre ! Quelques mois plus tard, "ayant bouclé
sa ceinture, et le bâton de voyage à la main"
(Léon Cladel), il se dirigeait vers Paris, pour y chercher
du travail. Benoît Malon avait dénoué
la situation en se dérobant aux pressions et aux doutes
qui l'assaillaient. C'est un tournant car il renonce à
la vie qu'il avait commencé à se construire
et aux moyens qu'il avait envisagés pour s'élever
socialement. Il ne rompt pas tous les ponts avec Maringes.
Pendant trois ans, il continua à correspondre avec
Etienne Girin. La correspondance avec Jeannette reprit : mais
la jeune fille pensait au mariage. Elle rompit devant les
hésitations d'un " fiancé " aussi
peu pressé et elle quitta Maringes sans que nous sachions
ce qu'elle est ensuite devenue.
Benoît
Malon à Paris
Benoît
Malon est à Paris en 1863 ; il a vingt-deux ans ; après
quelques jours difficiles sur le pavé de Paris - il
n'a plus d'argent et rien à manger - il a trouvé
du travail dans un atelier de Puteaux comme ouvrier teinturier.
La tâche est rude. Il connaît alors la dure condition
des ouvriers du Second Empire, travaille dix ou onze heures
par jour et loge dans une petite chambre où il lit
tard le soir et se plaint de devoir dépenser beaucoup
pour acheter de la bougie.
L'un
des premiers adhérents de l'Internationale, l'ouvrier
bronzier Zéphirin Camélinat, est venu le trouver
dans l'usine de Puteaux. Benoît Malon, les pieds dans
l'eau, nettoyait son atelier. Camélinat lui parle de
l'Internationale - l'A.I.T. - à laquelle il le fait
adhérer. Benoît Malon organise la grande grève
des ouvriers teinturiers de Puteaux à la suite de laquelle
il crée à Puteaux une coopérative
ouvrière qui est aussi une société
mutualiste d'Epargne et de Crédit.
La rencontre avec Léodile
Champseix
Léodile
Béra (Léodile Champseix), avec son 1er
mari, Grégoire Champseix (mort en 1863) et ses
deux fils jumeaux André et Léo Champseix
(d'où son pseudonyme littéraire d'André
Léo, les deux prénoms de ses fils).
|
Benoît
Malon rencontre alors chez des amis communs la romancière
Léodile Champseix qui, sous le nom de plume
d'André Léo - les prénoms de
ses deux fils jumeaux - publie des romans féministes
que remarqua Jules Vallès Elle était
la veuve de Grégoire Champseix qui avait été
à Boussac l'un des disciples et porte-paroles
de Pierre Leroux - l'un des théoriciens du
socialisme utopique - et, à Limoges, en 1848,
le directeur d'un journal républicain.. Elle
avait dans l'un de ses romans - un
mariage scandaleux
- mis en scène un personnage qui
ressemblait, disait-on, à Benoît Malon
: elle voulut le connaître et en tomba amoureuse.
L
'influence
de la romancière fut décisive. Plus
âgée que lui, elle devient rapidement
la maîtresse de Benoît Malon : plus rapidement
qu'on ne l'a cru d'abord, comme le montrent les travaux
d'Alain Dalotel. Mais elle est aussi mère et
éducatrice. Elle lui prête des livres,
elle va le voir en prison. Par elle, Benoît
Malon subit l'influence de Pierre Leroux et aussi
du grand géographe Elisée Reclus, l'auteur
de la Géographie
Universelle, dont elle était
l'amie et qui lui ouvre sa bibliothèque. Il
y a chez le jeune Benoît Malon un formidable
appétit de lecture et, plus tard, d'écriture,
une sorte de fièvre de savoir, de comprendre
et de faire comprendre.
|
Léodile
Champseix, dite André Léo
L'Internationale
-
Benoît Malon a été, avec son ami, l'ouvrier
relieur Eugène Varlin, l'un des dirigeants de l'A.I.T.,
l'Association Internationale des Travailleurs, la 1ère
Internationale, créée en 1864. Il est devenu
à Paris garçon de librairie puis s'essaie au
journalisme militant. Il habite dans le XIe arrondissement
de Paris, dans une toute petite impasse, l'impasse Saint-Sébastien
que je suis allé voir en décembre 1999.
L'un
de ses rôles historiques de Benoît Malon a été,
dans cette période, de diriger, d'implanter en province
et, après 1867 de maintenir dans la clandestinité
l'Association Internationale des Travailleurs. Envoyé
spécial de la Marseillaise,
le journal d'Henri Rochefort, il rend compte, comme journaliste,
des grandes grèves du Creusot de 1870 qui, pour la
première fois, contestaient le pouvoir des grands maîtres
de forge que sont les Schneider, et manifeste un indéniable
talent d'observation et d'écriture, le sens de la polémique
et du trait juste et acéré. Il dénonce
le pouvoir absolu du Maître
et les pressions sur les grévistes ; il raconte avec
verve les débats du tribunal correctionnel d'Autun
qui juge les grévistes et le Procureur impérial
qui les tance parce qu'ils ne comprennent rien aux
lois de la concurrence qui empêche les
salaires d'augmenter et parle de l'ingratitude
des ouvriers.
Les
articles de Benoît Malon le révèlent alors
au monde de la presse et de la politique. Au Creusot, il est
non seulement journaliste mais aussi l'homme de l'Internationale
et Jean-Baptiste Dumay, l'un des leaders des ouvriers de la
ville dira plus tard toute la dette qu'il a vis-à-vis
de Benoît Malon.
-
Peu de temps après, Benoît Malon fait l'expérience
de la prison politique : il a été condamné
pour reconstitution de société secrète
(L'Internationale
avait été dissoute). Emprisonné à
Sainte-Pélagie, il reçoit les visites de Léodile
Champseix qui, au même moment, participe activement
au mouvement des réunions
publiques qui a préparé la Commune
et organise le mouvement de revendication des femmes. Dans
sa prison, Benoît Malon signe l'appel de l'Internationale
qui appelle les ouvriers français et allemands à
se dresser contre la guerre. Mais l'appel eut peu d'écho.
Procès
de l'Internationale, L'Illustration, 1870
La
Commune
-
La proclamation de la République a libéré
Benoît Malon. La place qu'il tient dans le mouvement
ouvrier s'explique aussi par le rôle qu'il a alors joué
pendant l'Année Terrible,
celle du siège de Paris et de la Commune. Adjoint au
maire du XVIIe arrondissement (les Batignolles, au N.O. de
Paris) pendant le siège de Paris, il réussit
à fournir des secours aux victimes de la misère.
Député de la Seine à l'Assemblée
Nationale, il vote contre la cession de l'Alsace-Lorraine
à l'Allemagne : l'Internationalisme n'est pas antinomique
du patriotisme et, autour de Gambetta, ce sont les Républicains
qui avaient été animés par un vibrant
patriotisme. En mars 1871, comme la plupart des Internationaux,
il ne souhaite pas l'affrontement avec le gouvernement de
Versailles ; il est de ceux qui tentent d'éviter la
guerre civile car il pense que l'affrontement risque d'aboutir
à l'écrasement du mouvement ouvrier qui est
en train de s'organiser. Mais lorsque la rupture est consommée,
il est du côté des insurgés, élu
membre du conseil général de la Commune et nommé
maire des Batignolles. Au sein de la Commune, par attachement
à la démocratie, Benoît Malon est de la
minorité qui s'oppose à la constitution d'un
comité de Salut Public exerçant - pour sauver
la situation - un pouvoir dictatorial. C'est lui qui, avec
Gérardin, a proposé la candidature de Rossel
- un capitaine de l'armée de Bazaine rallié
à la Commune - comme chef militaire des Fédérés.
Et, pendant la "semaine sanglante" (21-28 mai 1871),
il dirige la résistance dans le quartier des Batignolles
: un article de l'historien anglais Robert Tombs a étudié
dans notre Bulletin des Amis de
Benoît Malon le rôle que celui-ci
a joué pendant cette "semaine sanglante".
La Commune est écrasée. La répression
par les soldats de Versailles fait 15 000 à 20 000
morts. Benoît Malon est, quelques mois plus tard, condamné
par contumace par le 3e conseil de guerre de Versailles ,
à la déportation perpétuelle : il semble
qu'une intervention faite en faveur de l'un des otages - un
proviseur de lycée qui vint témoigner en sa
faveur - lui ait évité une condamnation à
mort.
L'exil
-
Benoît Malon échappe à la répression
puisque, après l'écrasement de la Commune, il
est parvenu très vite à quitter la France :
ce sont alors dix ans d'exil en Suisse - à Lugano -
et en Italie - à Turin, Milan et Palerme - mais aussi
de contacts avec les dirigeants socialistes italiens. Il joue
un rôle très important au sein du mouvement socialiste
de la péninsule italien et écrit fréquemment
dans ses journaux. Il y a aujourd'hui tout un mouvement d'intérêt
chez les historiens italiens - chez Letterio Briguglio en
particulier - pour étudier l'uvre et l'action
de Benoît Malon mais aussi celle de Léodile Champseix.
Benoît
Malon, vers 1880
|
-
Lorsqu'il rentre en France, après l'amnistie
de 1879-1880, Benoît Malon a beaucoup appris,
réfléchi et publié. Il est devenu
l'un des chefs historiques du mouvement socialiste,
connu en France et à l'étranger, un
historien qui a publié, " à chaud
", la première histoire de la Commune
de Paris (La troisième
défaite du prolétariat)
et qui a lancé le Socialisme
progressif : revue éphémère
mais qui annonce la Revue socialiste.
Opposé
au " mariage bourgeois ", Benoît Malon
s'était lié à Léodile
Champseix par une " union libre " contractée
devant quelques-uns de leurs amis - plusieurs historiens
parlent à tort de son " mariage ".
Mais, sans qu'il y eut entre eux de crise grave, les
liens s'étaient progressivement distendus entre
Benoît Malon et Léodile Champseix. Aussi
à la fin de leur exil, Léodile Champseix
se sépara-t-elle de Benoît Malon. Elle
se plaignait amèrement - et à juste
titre - des infidélités de son compagnon.
Ses grands fils - elle avait deux jumeaux - s'entendaient
mal avec Malon. Une jeune étudiante russe,
exilée en Suisse, Catherine Katkov, devint
sa compagne et le restera jusqu'à la fin de
sa vie. Nous savons peu de choses sur elle mais elle
apparaît en filigrane comme un personnage assez
romanesque, appartenant à cette génération
de jeunes Russes de bonne famille allant faire des
études à l'étranger et obligées
de devenir des exilées à cause de leurs
idées car elles savaient qu'elles seraient
arrêtées si elles rentraient..
|
Le directeur de la Revue Socialiste
-
Sur le plan doctrinal, Benoît Malon a évolué.
Après la Commune, il avait pris parti pour la Fédération
Jurassienne, pour Bakounine, contre Marx dont l'autoritarisme
était comparé par Léodile Champseix à
celui de...Bismarck ! Puis, après les " années
italiennes ", il a d'abord adhéré au parti
ouvrier de Jules Guesde. Mais il se sent mal à l'aise
dans le carcan d'une organisation. Homme de réflexion,
il est le contraire d'un sectaire et se sépare de Guesde
qui introduit le marxisme en France. Son socialisme est pluraliste,
ouvert à toutes les diversités. Il fonde la
Revue Socialiste, carrefour d'idées
et de tendances, un véritable laboratoire de réflexion
et de recherche : dans cette revue publient des socialistes
issus de toutes les tendances - souvent très opposées
- du socialisme français. Benoît Malon publie
aussi très souvent des extraits de ses futurs ouvrages.
Mais elle est aussi un lieu de réflexion et une tribune
internationale. Des études importantes sont publiées
par Benoît Malon sur le socialisme en Hongrie, au Danemark,
en Espagne ou en Roumanie. Il donne la parole aux socialistes
étrangers. Il préface de nombreux ouvrages dont
ceux de Magalhès Lima, ce qui établit et explique
son influence dans les pays de langue portugaise (Portugal
et Brésil). L'historien Claudio Batalha, professeur
à l'Université de Campinas (Brésil) est
l'un des spécialistes de l'uvre de Benoît
Malon et a étudié son influence au Brésil.
-
Le Forézien Benoît Malon n'avait pas oublié
son pays natal : il revenait voir sa mère et son frère
Jean, son ancien maître, que ses différents postes
d'instituteur avaient conduit à Bonson puis à
Sail-sous-Couzan. Le 18 mars 1871, lorsque son ami Paul Martine
le rencontre débarquant d'une gare parisienne et éberlué
à l'annonce des événements de Montmartre
- le début de la Commune -, il revient de voir sa mère
dans la Loire. Il restait en relation avec les socialistes
stéphanois, présida en 1881 une réunion
au cours de laquelle Jules Vallès - l'auteur de la
trilogie de l'Enfant, le Bachelier
et L'Insurgé - vient faire une conférence
sur la Révolution française. En 1882, il préside
aussi la séance d'ouverture du Congrès socialiste
de Saint-Etienne : congrès de la scission, très
animé, puisque les guesdistes quittent finalement le
congrès et se réunissent séparément
à Roanne.
-
Cet attachement à son pays natal, se manifeste aussi
chez Benoît Malon par la rédaction de ses mémoires
d'enfance (Fragment de Mémoires) qui furent publiées
en 1907, quatorze ans après sa mort, dans la
Revue Socialiste : extraordinaire document,
plein de justesse et de sensibilité, sur l'enfance
d'un fils de paysan pauvre. Document exceptionnel, car les
fils de journaliers, nés dans la première moitié
du XIXe siècle, pauvres et souvent illettrés,
ont peu raconté leur enfance. Benoît Malon avait
d'ailleurs une véritable vocation d'écrivain
; il a publié des poèmes et des chansons et
même écrit un roman historique, Spartacus.
-
Benoît Malon évolue : l'homme de parti est devenu
un écrivain et le théoricien du Socialisme intégral
; le révolutionnaire ne refuse pas d'étudier
les plans de réformes et pense que le socialisme municipal
pourrait être l'une des bases, l'un des leviers de la
transformation sociale ; l'ancien compagnon de la romancière
Léodile Champseix intègre le féminisme
et la revendication des droits des femmes dans le programme
socialiste. Le philosophe pense de plus en plus en termes
de morale et de justice. Il est de ceux qui ont permis au
socialisme français de trouver son originalité
: Jean Jaurès reconnaissait sa dette vis-à-vis
de Benoît Malon : d'abord député opportuniste
- nous dirions de centre gauche - Jaurès monta plusieurs
fois le petit escalier qui menait au bureau du directeur de
la Revue socialiste.
La pensée de Benoît Malon l'inspira lorsqu'il
fit la synthèse de l'esprit révolutionnaire
et de la tradition démocratique des républicains
français du XIXe siècle et il le reconnut avec
gratitude lors de l'inauguration du monument du Père-Lachaise.
Ainsi, comme le note l'historien américain Steven Vincent
qui a consacré sa thèse à l'histoire
des idées de Benoît Malon, celui-ci est-il de
ceux qui ont finalement contribué à intégrer
la révolte ouvrière dans la tradition de la
République et de la Démocratie.
-
Dans l'histoire des idées, Benoît Malon se plaçait
aussi dans la perspective historique de la longue durée
: il voyait dans l'évolution historique une marche
vers les idées de progrès et dans le socialisme
l'aboutissement d'une longue évolution des idées
de réforme. Sa curiosité était grande
et il avait la volonté d'étudier les phénomènes
économiques mais aussi leur rapport à la morale
sociale.
Dernières
années
Les
dernières années de la vie de Benoît Malon
furent assombries par la maladie. Il était atteint
d'un cancer de la gorge ; il continua cependant à travailler
jusqu'à sa mort, avec acharnement pour achever son
uvre et mettre au point son ouvrage sur le Socialisme
intégral qu'il a peur de ne pouvoir
achever. Il se soigna au soleil de la Méditerranée,
où son ami Rodolphe Simon - qui était le mécène
de la Revue Socialiste -
mit sa maison à sa disposition. A la fin, lorsque Eugène
Fournière vint le voir, il communiquait avec lui en
écrivant sur une ardoise : il ne pouvait plus parler
car on avait pratiqué une trachéotomie pour
lui permettre de respirer malgré les progrès
du mal. Il fut ramené à Asnières pour
y mourir en 1893. A Paris, 10 000 républicains et ouvriers
(les "blouses") accompagnent sa dépouille
mortelle au cimetière du Père-Lachaise où
il est incinéré. Les drapeaux rouges et les
discours de ses amis l'accompagnaient. En 1913, un monument
est édifié par souscription face au mur des
Fédérés contre lequel avaient été
fusillés les derniers combattants de la Commune et
il y eut un grand discours de Jaurès qui dit alors
- nous l'avons déjà noté - quelle était
sa dette vis-à-vis de Benoît Malon.
Pour conclure
Revenons
à l'homme : combien, en effet, sont étonnantes
et attachantes la personnalité de Benoît Malon
et son ascension intellectuelle. Le petit berger de Précieux,
le valet de ferme exilé dans l'Ain, le manuvre
de la teinturerie de Puteaux qui, est devenu, en quelques
années, l'une des personnalités de la vie publique
française, un écrivain reconnu, tout en restant
un militant. Mais il n'a pu le faire que grâce aux connaissances
acquises à l'école de Précieux, puis
dans la classe de son frère Jean Malon, à Margerie-Chantagret
et à Maringes, puis à Lyon. Il n'est pas tout
à fait l'autodidacte qu'il prétendait être.
Son personnage est plus complexe que nous le pensions tout
d'abord : le séjour chez son frère et sa scolarité
à Lyon, la tentation du séminaire puis la rupture
brutale à la fois avec celui-ci et avec l'amour de
Jeannette Girin pour aller travailler à Paris montrent
qu'il a connu une véritable crise en 1863 qui a décidé
de son destin.
Benoît
Malon est, d'autre part, à la fois un homme d'action
et un homme de réflexion. Son uvre d'essayiste
et de théoricien est intéressante. Elle se situe
dans une perspective qui ne sépare pas la démocratie
de la volonté de réforme sociale. Après
la chute du communisme soviétique, nous redécouvrons
aujourd'hui avec intérêt les hommes de cette
génération du socialisme démocratique
et humaniste, pré-marxiste. En 1993 une plaque commémorative
à la mémoire de Benoît Malon et un médaillon
sculpté ont été placés sur la
mairie de Précieux. En 1994, avec Jean Flachat, maire
de Précieux et Alex Devaux Pelier, petit-neveu de Benoît
Malon, nous avons fondé une Association des Amis de
Benoît Malon qui publie un Bulletin semestriel. Elle
a organisé en 1999, avec l'aide de l'Université
de Saint-Etienne, un colloque universitaire sur Benoît
Malon dont les Actes sont parus en mars 2000. Elle vient d'organiser,
en mars dernier, un colloque sur la Commune de 1871
Enracinement
forézien - la jeunesse passée à Précieux,
Margerie-Chantagret et Maringes, le congrès de Saint-Etienne
et plusieurs voyages dans cette ville - mais aussi amour de
la justice et goût de l'action, action au sein du mouvement
ouvrier, participation à la Commune de Paris, rayonnement
international de la Revue Socialiste
: c'étaient là, je crois, quelques raisons d'évoquer
en Forez la personnalité et l'uvre de Benoît
Malon, acteur, au niveau national, de notre histoire sociale
Claude
Latta
Benoît
Malon, la "barbe du parti",
L'Illustration, congrès socialiste de Saint-Etienne,
1882
*
* *
Pour
en savoir plus :
(en
ligne, format pdf)
Tableau
généalogique : famille Malon
Tableau
généalogie : famille Baleydier
Chronologie
Bibliographie
Précieux
(Loire)
*
* *
Association
des Amis de Benoît Malon
L'Association
des Amis de Benoît Malon publie un bulletin
annuel d'une centaine de pages. Elle a été à
l'origine de plusieurs publications faites par les Publications
de l'Université de Saint-Etienne ou par l'éditeur
lyonnais Jacques André.
Les
Actes des colloques de l'Association des Amis de Benoît
Malon
-
Gâcon (Gérard), Latta (Claude) et Vuilleumier
(Marc) (dir.), Du Forez à
la Revue socialiste : Benoît Malon (1841-1893).
Réévaluations d'un itinéraire militant
et d'une uvre fondatrice, Actes du colloque de Précieux
(1999) présidé par Marc Vuilleumier, Saint-Etienne,
Publications de l'Université de Saint-Etienne, 2000.
-
Latta (Claude), La Commune de 1871.
L'événement, les hommes et la mémoire,
Actes du colloque de Montbrison et Précieux (2003)
présidé par Michelle Perrot et Jacques Rougerie,
Saint-Etienne, Publications de l'Université de Saint-Etienne,
2004.
-
Cordillot (Michel) et Latta (Claude), Benoît
Malon, le mouvement ouvrier, le mouvement républicain
à la fin du Second Empire, Actes du colloque
de Précieux (2006) présidé par Michel
Cordillot, Lyon, Jacques André, 2010.
-
Gâcon (Gérard), Latta (Claude) et Lorcin (Jean)
et Bourdier (René-Michel), Benoît
Malon et la Revue socialiste. Actes du colloque
de Saint-Etienne (2010), Lyon, Jacques André, 2010.
uvres
de Benoît Malon
Réédition
:
-
Spartacus, roman historique,
réédition, avec une présentation de Gérard
Gâcon, Lyon, Jacques André, 2008, 228 p.
Textes
inédits
-
Une jeunesse forézienne, textes rassemblés,
présentés et annotés par Claude Latta,
Lyon, Jacques André, 2009 (rééd.
de Fragment de mémoires
et édition de lettres de jeunesse inédites de
Benoît Malon ].
Commandes
:
Les Actes des deux premiers colloques : Publications de l'Université
de Saint-Etienne, Maison Rhône-Alpes des Sciences de
l'Homme, 35 rue du 11 novembre, Saint-Etienne
Les autres ouvrages :
Association des Amis de Benoît
Malon, chez M. Gérard Gâcon, la Volière,
42600 Précieux
Une jeunesse forézienne
textes
rassemblés, présentés et annotés
par Claude Latta, Lyon, Jacques André, 2009
gestion
du site : Joseph Barou
questions,
remarques ou suggestions :
s'adresser :
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