Jean-Joseph Barou
(1772-1855)
portrait tiré de la collection Delaroa
(bibliothèque de Saint-Etienne
)

 

Un grand vicaire de Lyon
originaire de Chalmazel


Jean-Joseph Barou

(1772-1855)

 


De l'histoire d'un diocèse les annales ne retiennent souvent que le nom des prélats titulaires du siège, négligeant les grands commis de l'Eglise que sont les vicaires généraux. Pourtant, ils assurent une bonne part, pour ne pas dire l'essentiel, du travail administratif de l'évêché et certains ont joué un rôle méconnu mais considérable à l'ombre de leur évêque. Ce fut le cas, dans l'Eglise de Lyon de Joseph Courbon (1), premier vicaire général du Cardinal Fesch et de Jean-Joseph Barou, grand vicaire pendant 32 ans auprès de Mgr de Pins puis du cardinal de Bonald.

Jean-Joseph Barou est né dans les monts du Forez, à Chalmazel, hameau du Supt, le 25 octobre 1772. Il est l'aîné d'une famille honorable où la foi et les vertus chrétiennes sont héréditaires (2). Son acte de baptême, daté du jour de sa naissance, nous indique q'il est le fils d'Antoine Barou et de Marie Fenon, laboureurs. Son père est surnommé Julien ; dans d'autres actes il est appelé Barou Piron. Son parrain fut messire Jean-Joseph Fenon, son oncle maternel, curé de Lérigneux et sa marraine Janneton Barel, sa grand-mère maternelle du hameau de Grossat, paroisse de Chalmazel. Les registres d'état civil nous donnent les noms de huit de ses frères et sœurs (3).

Très tôt il songe à devenir prêtre et en effet le milieu familial convient bien à l'épanouissement de sa vocation. Traditionnellement sa famille, tant du côté paternel que du côté maternel, fournit nombreux clercs. Citons, outre son oncle le curé de Lérigneux, un autre oncle, l'abbé Joseph Barou, deux grands-oncles, Joseph Fenon, aussi curé de Lérigneux et André Barel, curé de Châtelneuf, un cousin, Jean-Marie Joseph Fenon, curé d'Ailleux et un parent plus éloignée l'abbé Piron (4) .

Son oncle, "le pieux abbé Barou", l'appelle auprès de lui, dans le bourg voisin de Saint-Bonnet-le-Courreau où il est vicaire (5) afin de lui enseigner un peu de latin. Nul doute qu'il n'exerce sur lui une profonde influence en devenant son maître et son modèle.

Le jeune Jean-Joseph est ensuite placé au collège de Montbrison dirige par les Oratoriens. Il obtient là, paraît-il, des succès remarquables, fruit de son talent et de son application à l'étude (6) . Dès cette époque se dessinent les grands traits de sa personnalité ; c'est un garçon réfléchi et intelligent mais réservé, presque timide, au caractère tout à la fois doux et ferme.

Il suit le cours d'humanités quand la Révolution entraîne la fermeture du collège de l'Oratoire et interrompt du même coup ses études. Le collégien rentre alors à Chalmazel. Les persécutions se déchaînent contre la religion et le clergé resté fidèle. Jean-Joseph voit s'éloigner la perspective de devenir prêtre, cependant il ne renonce pas tout à fait à sa vocation, voulant néanmoins à tout prix travailler au salut des âmes, il promit de consacrer sa vie à l'instruction religieuse des ignorants (7) nous dit son biographe. Dans son village natal, il emploie ses loisirs à enseigner le catéchisme aux enfants en les réunissant sous un vieux chêne.

*
* *


En 1793, à 21 ans, Jean-Joseph est enrôlé avec plusieurs jeunes gens de Chalmazel dans l'armée républicaine. Il doit rejoindre l'armée de l'Ouest qui combat l'insurrection vendéenne. Les sympathies du conscrit vont naturellement aux vendéens :

Une triste pensée, disait-il, me préoccupait, celle de me trouver bientôt en ligne pour verser le sang des Français, dont tout le crime était l'attachement à la religion de leurs pères et à la monarchie (8).

Il déserte bientôt en compagnie de onze camarades. Après de multiples incidents, se cachant pendant la journée dans les bois ou les gerbiers et marchant la nuit, la troupe réduite de moitié arrive sur les bords de la Vienne.

Il n'y a ni gué ni bac pour franchir la rivière et aucun des déserteurs ne sait nager. La "légende dorée" de M. Barou nous dit qu'alors les fugitifs découvrent sur le rivage une chapelle ruinée dédiée à la Vierge Marie et qu'aussitôt ils se jettent à genoux pour implorer la protection de la mère de Dieu. A leur sortie du sanctuaire une barque guidée par un batelier muet attend près du rivage et permet au groupe de traverser la rivière sans encombre.

Arrivé à Chalmazel Jean-Joseph se cache quelques jours dans les jasseries et les granges puis trouve plus prudent de se rendre à Saint-Agnan, dans le Berry où habite un de ses oncles. Il y passe successivement plusieurs hivers revenant à la belle saison à la ferme familiale pour aider aux travaux des champs.

Pour Jean-Joseph s'estompe alors complètement l'espoir de devenir un jour prêtre et il consent même, sur le désir de sa famille à préparer un mariage que l'on a arrangé pour lui. Mais brusquement, à huit jours de la cérémonie, il change d'avis et le projet échoue :

Tout était prêt pour les noces ; mais voici qu'un incident fait ajourner cette union à huitaine. La nuit suivante, l'esprit de M. Barou est travaillé par cet incident qu'il prend pour un avertissement d'en haut ; il se proche sa démarche comme une faiblesse, comme un manque de fidélité à Dieu, auquel il avait voué son cœur. Dès le lendemain, il déclare à son père qu'il ne peut plus consentir au mariage et qu'il le prie de reporter sur son frère cadet la portion disponible dont il avait voulu le gratifier en qualité d'aîné (9).

Peu de temps après il reçoit une lettre de son oncle l'abbé Barou qui est alors missionnaire dans le canton de Tarare et qui l'invite à venir faire sa philosophie auprès de lui. Jean-Joseph reprend donc ses études d'abord chez son oncle puis ensuite à Lyon où l'abbé Linsolas (10) a organisé, en dépit de la terreur, un "séminaire ambulant" dirigé par M. Mermet, un ancien Sulpicien. Le système est le suivant : tous les grands séminaristes logent séparément chez des particuliers ; M. Mermet, qui est le directeur et l'unique professeur de ce séminaire clandestin, donne à la dérobée des cours à un élève bien doué. Celui-ci est ensuite chargé de les redire à ses condisciples. Jean-Joseph Barou, qui loge alors chez la mère du docteur Rapou, est ainsi choisi pour être le maître de conférence et agent de liaison du curieux établissement.

Avec l'avènement du Consulat (1799) ce séminaire en pointillés sort de l'ombre et s'établit à la Providence sous la direction de M. Piquet. Grand séminariste, Jean-Joseph Barou commence son travail pastoral en enseignant le catéchisme dans l'église Saint-Louis qui vient juste d'être rendu au culte.

En 1803, Jean-Joseph Barou est ordonné prêtre par Mgr d'Aviau, archevêque de Vienne. Agé de plus de trente ans, mûri par les épreuves, le jeune prêtre est déjà un homme solide, instruit et expérimenté, conciliant et ferme.

L'administration diocésaine le place immédiatement après son ordination à des postes difficiles. Il devient d'abord vicaire à Saint-Galmier auprès du père Piron son parent (11).

A cette époque la paroisse de Saint-Galmier est un foyer de jansénisme. Les deux curés précédents, Jean George dit Poissy (12) et Antoine Popin (13), sont parmi les chefs de l'église janséniste du Forez. Les fidèles sont divisés ; des pétitions, des mémoires circulent, quelque temps auparavant un miracle aurait eu lieu (14). Popin et Poissy sont arrêtés en octobre 1803 et détenus durant neuf mois à Montbrison. Ils laissent un climat peu favorable aux nouveaux pasteurs de la paroisse.

En octobre 1803, quelques mois après son arrivée à Saint-Galmier, l'abbé Barou, jeune prêtre de talent et d'avenir, selon ses supérieurs, est nommé curé de Saint-Médard en remplacement de M. Jacquemont (15). Celui-ci est le principal leader janséniste de la région. Il demeure à Saint-Médard et s'efforce de conserver la direction spirituelle de la paroisse qui est devenue, sous sa houlette, un bastion du jansénisme en Forez.

L'abbé Barou se tire bien, semble-t-il, de cette situation plutôt délicate :


François Jacquemont

Le zèle éclairé du nouveau pasteur, en rétablissant le bon ordre dans cette paroisse, put ramener au bercail bien des brebis égarées. Il fallait toute la prudence du nouveau curé pour prêcher en face d'un chef de parti, qui prenait à tâche tous les dimanches de se placer devant la chaire, comme pour guetter et surprendre l'orateur dans ses paroles. Jamais cependant le jeune curé ne donna prise au contrôle ni à la critique du vieux janséniste (16) .

Sans doute fut-il, dans ces circonstances, plus nuancé et bienveillant que son successeur que divers écrits venant des milieux jansénistes accusèrent de persécuter l'abbé Jacquemont (17) . D'ailleurs les deux prêtres, l'abbé Barou et l'abbé Jacquemont conserveront toujours dans leurs relations, sinon de l'estime, du moins un respect mutuel.

En 1809, à la demande de l'abbé Recorbet, supérieur du séminaire de l'Argentière, l'abbé Barou devient professeur de philosophie dans cet établissement. Son séjour à l'Argentière est bref bien qu'il réussisse remarquablement dans sa nouvelle tâche :

Ceux qui ont entendu les leçons si nettes, si lucides du professeur de l'Argentière, conviennent qu'il était impossible d'enseigner avec plus de succès (18) .

L'abbé Barou devient l'ami de M. Sommet, professeur de physique et, à son contact, complète ses connaissances en sciences naturelles, mathématiques et astronomie.

Ses qualités pédagogiques et son autorité sont remarquées car, en septembre 1809, l'archevêque de Lyon le nomme supérieur du séminaire de Verrières en remplacement du père Périer (19) . En 1804, ce dernier avait ouvert dans sa cure une école presbytérale, qui avait connu un rapide développement. Les locaux étaient exigus, en très mauvais état et le père Périer paraissait débordé par le trop grand nombre d'élèves (20).

L'abbé Barou devra donc faire refleurir la discipline et les études à Verrières et, en effet, sous sa direction la prospérité du séminaire se confirme, sa réputation s'établit. Ce fut le grand bâtisseur de l'ancien séminaire, faisant du vieux presbytère de Verrières et de ses dépendances un établissement capable d'accueillir plusieurs centaines de pensionnaires. Pour cela il sacrifia une grande partie du château du Soleillant et avec les matériaux récupérés fit construire plusieurs bâtiments au bourg (21).

En 1811, les quatre classes supérieures du séminaire de Roche sont réunies à Verrières. En novembre 1812, Verrières reçoit sous la direction de l'abbé Barou tous les élèves de philosophie des séminaires du diocèse ; parmi eux se trouvent Marcellin Champagnat et Jean-Baptiste Marie Vianney qui seront plus tard portés sur les autels. Le jeune supérieur, là encore, se tire fort bien d'affaire :

C'était une rude tâche pour le supérieur de maintenir la discipline parmi cette jeunesse : et pourtant le digne supérieur, secondé par des auxiliaires animés de son esprit, put réussir à faire fleurir avec la piété l'amour de l'étude (22).

Le Vieux collège de Verrières

lithographie communiquée par M. Jean Bruel et provenant des papiers
de l'abbé Louis Mavel (1821-1883) originaire d'Ambert et curé d'Eglisolles


En 1819, M. Chevalard, curé de Saint-Pierre à Montbrison, meurt. Cette paroisse est, selon un rapport préfectoral, le point névralgique du département, centre des notabilités religieuses et légitimistes (23). Il convient donc d'être habile dans le choix de son curé. Le Préfet, M. de Meaux et d'autres notables obtiennent en 1919 la nomination du supérieur de Verrières, homme de tradition mais modéré. La nouvelle d'un pareil choix fut une fête pour Montbrison. M. Barou gagna bientôt dans cette ville les sympathies non seulement du simple peuple, mais des principaux personnages qui, admirateurs des vertus, du beau caractère et de la modestie du nouveau curé, lui vouèrent une confiance sans bornes et un attachement inviolable...(24)

L'abbé Barou marque son passage dans la paroisse Saint-Pierre en installant les frères de la Doctrine Chrétienne et les sœurs de Saint-Charles qui ouvrent des écoles pour les garçons et les filles de la ville (25) .



Cardinal Fesch

Le cardinal Fesch étant parti en exil après la chute de l'Empire, le diocèse de Lyon connaît une nouvelle période difficile. Mgr d'Amasie (26) arrive à l'archevêché à la fin de l'année 1823. Il aura pour tâche de réunifier un clergé secoué par un nouveau changement de régime.L

'abbé Barou qui venait de refuser le grand vicariat de Châlons-sur-Marne est appelé au conseil de l'archevêché en qualité de vicaire général. Bientôt, à la mort de M. Recorbet (27), il devient premier grand vicaire aux applaudissements de tout le clergé (28) .

Pendant dix-sept ans l'abbé Jean-Joseph Barou sera le bras droit de Mgr de Pins qui lui donne toute sa confiance. Il montre de réelles qualités d'administrateur : homme d'ordre, homme de travail, d'une exactitude qui ne se démentit jamais, il possédait, dit le chanoine Cattet, au plus haut degré les principales qualités qui sont nécessaires dans une charge d'une telle importance. Il assure la plus grande partie de l'énorme correspondance de l'archevêché, Mgr de Pins se chargeant personnellement du courrier avec Rome, les ministères et les préfectures du Rhône et de la Loire.

L'abbé Barou, timide mais résolu, prudent mais néanmoins efficace, d'un abord facile mais ayant une réelle autorité personnelle, prend alors une place essentielle dans l'administration du diocèse, notamment à cause de sa connaissance du personnel ecclésiastique. Il visite inlassablement les séminaires et les paroisses, répond à une multitude de lettres et de mémoires, consacrant toute son énergie à sa tâche.

Dans les négociations avec les autorités civiles il fait preuve d'habileté, en particulier en 1834 où il réussit à sauver la maison des Chartreux que convoitait le gouvernement pour en faire un fort afin de contenir le petit peuple de Lyon.

Pourtant l'abbé Barou n'est pas favorable aux idées progressistes ; le paysan de Chalmazel, que la Révolution avait surpris au collège, restera toujours un homme de tradition, politiquement conservateur et très attaché aux vieux usages, spécialement à la liturgie propre au diocèse de Lyon.

On a comparé Joseph Courbon, grand vicaire du cardinal Fesch, à Jean-Joseph Barou et il est vrai que tous deux ont occupé une place essentielle dans l'administration du diocèse mais avec un style et dans des circonstances bien différentes. Joseph Courbon a de l'expérience et une autorité morale considérable, c'est un tempérament autoritaire jusqu'à la dureté (29) . Le cardinal Fesch, haut dignitaire de l'Empire, se trouve très souvent hors de son diocèse. Il laisse une grande liberté d'action à M. Courbon et parle ainsi de son vicaire général : collaborateur selon son coeur, le fidèle, utile et très cher M. Courbon (30) . Jean-Joseph Barou obtiendra la même confiance de la part de Mgr de Pins. Homme d'ancien régime, issu de la campagne, sans ambition personnelle, M. Barou convient parfaitement pour administrer le diocèse pendant l'exil du cardinal Fesch. L'administrateur apostolique a besoin d'un grand vicaire solide mais suffisamment réservé et prudent afin de ne pas susciter d'oppositions trop vives.

L'abbé Barou fut toute sa vie un homme modeste et désintéressé. Il refusa un évêché et son rêve eut été de devenir curé de campagne. Peut-être songeait-il alors à la cure de Verrières ou à celle de son village natal de Chalmazel. A sa mort il laisse à peine de quoi payer les frais de sa sépulture alors qu'il vivait à la table et l'archevêque et logeait au palais archiépiscopal.

Formé chez les Oratoriens qui pourtant comptèrent parmi eux des jansénistes notables, Jean-Joseph Barou fut un adversaire constant et, semble-t-il, efficace de l'hérésie dans la province. Il accomplit ses premières tâches pastorales comme prêtre à Saint-Galmier puis à Saint-Médard, deux foyers de jansénisme. Plus tard, il essaiera de ramener dans la communion de son archevêque l'abbé Jacquemont. Les lettres qu'échangent les deux hommes sont significatives. L'abbé Barou est sûr de lui, étranger au doute. Il témoigne autant de fermeté que de respect envers l'ancien curé de Saint-Médard :

Tout le diocèse, Monsieur, attend de vous cet heureux retour à la vérité. Vos plus chers intérêts, autant que l'édification publique demandent, que par votre exemple et par vos paroles, vous rameniez au bercail des brebis égarées, afin qu'il n'y ait plus qu'un seul troupeau sous la houlette du premier pasteur de ce diocèse (31).

Pour lui l'obéissance va de soi :

Rome a parlé, la cause est finie... Il me semble que j'ai l'évidence en ma faveur, et je m'étonne de vous voir penser différemment. J'ai de la peine à supposer que vous puissiez agir de bonne foi dans une affaire qui n'offre pas la moindre difficulté pour un catholique (32).

En 1840, Mgr de Bonald vient prendre possession de l'archevêché de Lyon et conserve comme grand vicaire Jean-Joseph Barou mais ce dernier, qui a alors 68 ans, n'a plus la première place dans le conseil. Pour lui commence une retraite active ; il conservera toutefois jusqu'à sa mort les fonctions de vicaire général chargé du personnel ecclésiastique.

Evidemment Jean-Joseph fait la fierté de sa famille. Il s'est vraisemblablement servi de ses pouvoirs pour placer les divers membres de sa famille, qui, à son exemple, étaient entrés dans les ordres. En 1820, son jeune frère et filleul, Jean-Joseph Barou (33) devient curé de Saint-Pierre à Montbrison, poste qu'il occupera jusqu'à sa mort en 1862. Justin Barou (34), leur neveu, né en 1815 à Chalmazel, va aussi à Saint-Pierre comme vicaire. La famille du père Barou compte encore l'abbé Verdier, curé de Sorbiers, et l'abbé Poyet, aumônier de l'hôtel-Dieu de Saint-Etienne.

Jean-Joseph Barou resta valide et actif jusqu'à sa mort qui survint le jeudi saint, 5 avril 1855 après une très courte maladie. Il avait 83 ans. Deux jours plus tôt, le 3 avril, il avait reçu l'extrême-onction en présence de Son Eminence le cardinal.

Le jour même de sa mort le cardinal de Bonald adresse au clergé du diocèse de Lyon une lettre circulaire témoignant de l'affection et de l'admiration pour le vicaire général :

M. l'abbé Barou, notre vicaire général, nous a été enlevé aujourd'hui après une courte maladie ; ce vénérable prêtre a été dans ses derniers moments, ce qu'il a toujours été, calme, patient, résigné à la volonté de Dieu.

Nous n'avons pas besoin de vous dire, nos chers coopérateurs, combien est grande l'épreuve que la Providence nous envoie ; combien est terrible le coup...

M. Barou était notre conseil, notre ami, notre modèle. Sa science ecclésiastique, la rectitude de son jugement, la pureté de ses intentions, sa connaissance profonde du personnel de son clergé, nous rendaient ses avis infiniment précieux et nous allégeaient le poids de la charge pastorale.

Dieu aura reçu dans sa miséricorde un prêtre qui ne vivait que pour Lui. La reconnaissance doit nous engager à prier pour le repos de son âme...
(35)

Ses funérailles eurent lieu avec solennité à la primatiale Saint-Jean, sous la présidence du cardinal de Bonald et de l'archevêque de Turin. Voici le compte rendu qu'en fit la Gazette de Lyon du 11 avril 1855 :
Hier matin ont eu lieu, à la primatiale, les funérailles de M. Barou, premier vicaire général du diocèse.

Le cortège se composait du petit séminaire de Saint-Jean, d'une députation du grand séminaire, MM. les curés des diverses paroisses de Lyon, du chapitre et d'un grand nombre de prêtres de la ville et du diocèse.

Les coins du poêle étaient tenus par MM. les chanoines Coignet et des Garets, M. le curé de Saint-Martin-d'Ainay et M. le supérieur du grand séminaire. Le deuil était conduit par la famille du vénérable défunt dans les rangs de laquelle on compte quatre prêtres : M. Barou, chanoine honoraire, curé de Saint-Pierre de Montbrison, son frère ; M. Verdier, curé de Sorbiers, M. Poyet, aumônier de l'Hôtel-Dieu de Saint-Etienne, et M. Barou, vicaire de Saint-Pierre de Montbrison, ses neveux. Suivait une nombreuse assistance composée d'ecclésiastiques et de laïques.

Au milieu du chœur entièrement tendu de noir, s'élevait un catafalque couvert de cierges allumés. Le corps y a été déposé, la grand-messe a été célébrée par M. Beaujolin, vicaire général, et l'absoute a été donnée par Son Eminence le cardinal-archevêque
(36).

En mai 1855 l'abbé Plantier est installé vicaire général en remplacement de l'abbé Barou (37).

*
* *

Fils de paysan, simple et affable, homme droit et ferme, on peut dire que Jean-Joseph Barou fut un grand serviteur de l'Eglise de Lyon, toujours destiné aux seconds rôles mais auxiliaire sûr et précieux des archevêques de Lyon pendant plus de trente ans.

Joseph Barou

Notes

(1) Joseph Courbon, né à Saint-Genest-Malifaux, au lieu-dit du Seuve, le 13 avril 1748. Elève de Saint-Irénée, prêtre le 4 avril 1772, chargé de cours à Saint-Irénée, chanoine comte de Lyon en 1779, custode de Sainte-Croix, vicaire général de Mgr de Marbeuf puis du cardinal Fesch, mort le 7 février 1824.

(2) L'abbé Vannel dit de lui : Il fut le véritable restaurateur du diocèse après le Concordat. Il l'a organisé, pacifié, uni.
Chanoine Cattet, Nécrologie de M. l'abbé Barou, n° 1536 et 1537 du Journal de Montbrison du 29 avril et du 3 mai 1855.

(3) Marie, André (né le 23-03-1775), Pierrette (née le 3-03-1,776), Jean-Marie (né le 9-09-1778), Jeanne (née le 8-03-1780), Joseph (né le 19-05-1782), Antoine (né le 2-01-1785), Jean-Joseph (né le 23-03-1789).

(4) Prêtres de la famille de Jean-Joseph Barou : Joseph Barou, Joseph Fenon, curé de Lérigneux, mort le 2 août 1769 et Jean-Joseph Fenon, aussi curé de Lérigneux en 1772 et en 1782. Jean-Marie Joseph Fenon, vicaire a Villechève en 1772, puis curé d'Ailleux. Barel, curé de Châtelneuf, vraisemblablement frère de Janneton Barel, et enfin l'abbé Piron, curé de Saint-Galmier en 1803 (selon le chanoine Cattet).

(5) Joseph Barou, né vers 1753, vicaire à Saint-Bonnet-le-Courreau vers 1782-1785, vicaire à Saint-Jean-Soleymieux, en 1802 missionnaire dans le canton de Tarare et desservant de Saint-Romain-de-Popey, talents, zèle, piété, a fait beaucoup de bien selon les appréciations du tableau Courbon (archives de l'archevêché de Lyon). Mort le 15 mai 1812 alors qu'il est curé de Saint-Jean-Soleymieux. Sa pierre tombale dans la chapelle gauche de l'église de Soleymieux porte l'inscription suivante :

CI-GIT M. JOSEPH BAROU CURE DE ST-JEAN- SOLEYMIEUX, CONFESSEUR DE LA FOI, LE PERE DES PAUVRES, MORT EN ODEUR DE SAINTETE LE 15 MAI 18I2, AGE DE 59 ANS, MODELE DU CLERGE ET DU PEUPLE, CE PRETRE VENERABLE A ETE L'UN DE CES HOMMES QUI ONT FAIT LE PLUS DE BIEN SUR LEUR PASSAGE SUR LA TERRE. DEFUNCTUS ADHUC LOQUITUR.
                                                                                                               (Chanoine Cattet)

(6) Chanoine Cattet.

(7) Chanoine Cattet.

(8) Chanoine Cattet.

(9)Chanoine Cattet.

(10) Jacques Linsolas, vicaire général de Mgr de Marbeuf, né en 1754, prêtre en 1779, prêtre austère, pieux et fervent, d'une intrépidité à toute épreuve, intransigeant et dur (Benoît Laurent, L'Eglise janséniste du Forez), mort le I3 octobre 1828 alors qu'il était chanoine de la primatiale.

(11) Selon Benoît Laurent, il y aurait eu deux abbés Piron ; celui de Saint-Galmier était apparenté à Jean-Joseph Barou ; les Barou du Supt de Chalmazel étaient surnommés Piron.

(12) Jean George dit Poissy, né à Veauche le 12 mars 1751, Oratorien.

(13) Antoine Popin, né à Boën le 11 avril 1738, 0ratorien.

(14) Guérison d'une fille hydropique en 1802 (B. Laurent, op. cit.)

(15) B. Laurent, L'Eglise janséniste de Forez.

(16) Chanoine Cattet.

(17) En 1818, les jansénistes se plaignent du successeur du curé Barou à Saint-Médard : M. Jacquemont y demeure dans une petite maison dont il est propriétaire... Le desservant ne cesse de l'invectiver quoiqu'il se conduise d'une manière très pacifique... Depuis plusieurs mois ce bon pasteur, persécuté, semble avoir pris pour son partage, de prier, se taire et souffrir (Benoît Laurent, L'église janséniste..., op. cit.)

(18) Chanoine Cattet.

(19) Pierre Périer, né à Saint-Marcellin en 1765 ; vicaire à Firminy puis curé de Verrières de 1803 à 1809, curé de Millery de 1809 à 1815, curé de Haute-Rivoire de 1815 à 1817, il séjourne ensuite dans le diocèse de Grenoble puis, en 1820, se retire à Firminy où il meurt le 13 janvier 1827.

(20) J. L. Duplay raconte qu'en 1806 il y en avait près de 400, logeant partout, dans toutes les maisons du bourg.

(21) J. Barou, "Le séminaire de Verrières (1804-1906)", Bulletin de la Diana, t. 46 et 47, 1980.
Chanoine Cattet.

(22) Chanoine Cattet. (23) Rapport du 20-11-1836 cité par B. Laurent, L'église janséniste..., op. cit.

(24) Chanoine Cattet.

(25) Ces écoles existent encore aujourd'hui : école Notre-Dame La Madeleine et école Saint-Aubrin.

(26) Mgr de PINS, archevêque d'Amasie, administrateur apostolique du diocèse de Lyon le 22 décembre 1823.

(27) Antoine Recorbert, né le 22 janvier 1770 à Neulise, supérieur de Roche puis de Saint-Galmier, vicaire général.
Chanoine Cattet.

(28) Chanoine Cattet.

(29) Benoît Laurent, l'Eglise janséniste du Forez, 1942.

(30) Ibid.

(31) Lettre de J.-J. Barou à M. Jacquemont (Benoît Laurent, op. cit.).

(32) Lettre de J.-J. Barou à M. Jacquemont du 25 juin 1835, trois semaines avant la mort de ce dernier (Benoît Laurent, op. cit.).

(33) Jean-Joseph Barou, né le 23 mars 1789 à Chalmazel, a comme parrain son frère Jean-Joseph né en 1772. Il devient curé de Saint-Pierre à Montbrison, chanoine honoraire et meurt à Montbrison le 24 août 1862.

(34) Justin Barou, né à Chalmazel le 3 octobre 1815, fils de Jean-Marie Barou et de Madeleine Roux, neveu des deux abbés Jean-Joseph Barou, vicaire à Saint-Pierre de Montbrison, curé de Neulise en 1673, chanoine honoraire en 1886, mort le 13 février 1892.

(35) Cité par le Journal de Montbrison et du département de la Loire du 12 avril 1855.

(36) Citée par le Journal de Montbrison du 12 avril 1855.

(37) Claude-Henri Plantier, né à Ceyrézieu (Ain) le 2 mars 1813, professeur d'hébreu et d'Ecriture sainte à la faculté de théologie de Lyon (à 25 ans), vicaire général du cardinal de Bonald puis évêque de Nîmes.


Autres sources : archives de l'archevêché de Lyon, archives départementales de la Loire (3 E 39 1, 2, 3,).



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