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1957,
Montbrison
n'a
plus de prison
Sur la
colline, au cur du vieux Montbrison, bien des lieux
rappellent le long passé judiciaire de la ville.
L'auditoire de justice et sa conciergerie ont disparu.
Mais il reste l'imposant couvent des Visitandines qui
abrita après la Révolution, tribunal, gendarmerie
et prison.
Déménagement
avant la Saint-Sylvestre
Minuit, 31 décembre 1957, fermeture officielle.
Le barreau de Montbrison a protesté avec vigueur.
Le maire de la ville a menacé de démissionner.
En vain ! La décision est prise. La vieille maison
d'arrêt de Montbrison disparaît, victime
de restrictions budgétaires, bien sûr.
Comme celle de Cusset,
dans l'Allier. Le 24 décembre,
les 24 détenus, dont une femme, sont transférés
à Saint-Etienne.
Le 27, les gardiens démontent les châlits,
secouent les paillasses. Tout est chargé sur
des camions. Une longue histoire s'achève. Elle
avait commencé à la Révolution
avec la transformation en prison du couvent
Sainte-Marie.
Dommage pour les prisonniers. Ils appréciaient,
paraît-il, l'ambiance de la maison. C'est
une véritable pension de famille confiait
l'un d'eux aux C.R.S. chargés du transfert. La
prison était petite. On se connaissait très
bien. Et parfois, des liens, presque familiers, s'établissaient
entre gardiens et gardés. Est-ce pour autant
une sinécure ? Certes non. Surtout pas quand
le quartier des condamnés à mort était
occupé. Et que le bourreau prenait pension dans
la ville. Le 10 février
1948, neuf ans plus tôt, avaient eu lieu
les dernières exécutions : celles de Lorente
et Rodriguez.
Une prison
qui coûtait peu
Les détenus étaient occupés. Déjà
en 1904, ils confectionnaient
des paillons de bouteilles pour les liquoristes et marchands
de vin de la ville. Dans les années cinquante,
trois industriels leur fournissaient de l'ouvrage. Ils
ponçaient des poupées, montaient des jouets
de plage, et avec du fil de fer fabriquaient
des
paniers à salade ! En 1956,
plus de 2,5 millions de F de salaires (52 000 euros
d'aujourd'hui) avaient été versés.
Près de la moitié de cette somme revenait
à l'Etat. Si bien que la prison de Montbrison,
sans être rentable - n'exagérons pas -
était parmi les rares à ne pas avoir un
budget en déficit.
Que vont devenir le gardien-chef et ses huit subordonnés
? Ils attendent un nouveau poste. Dans quelques semaines,
cinq iront à Lyon et quatre à Saint-Etienne.
L'aumônier, curé de Saint-Pierre,
reçoit une lettre de remerciement du Ministre
pour les services rendus.
Et Montbrison s'inquiète.
Le tribunal est menacé. De plus on parle aussi
du prochain départ de l'école
normale avec ses professeurs et 160 élèves.
Que va devenir la cité des comtes de Forez qui
a déjà perdu, cent ans plus tôt,
la préfecture ? Le maire André
Mascle s'inquiète. Si la centralisation
continuait nous transformerions
Montbrison en cité jardin, en ville touristique,
relais gastronomique déclare-t-il.
Une simple bourgade. Ah !
Dans les semaines qui suivent la
fermeture l'administration se décide à
faire des travaux dans la prison. On installe l'eau
courante dans les cellules vides ! Une équipe
de cinq détenus vient chaque jour de Saint-Etienne
avec un gardien. Ce qui incite le chroniqueur local
qui signe Jarjille
à faire un peu d'humour : Frais
d'essence, frais d'installation, frais de surveillance
Ah ! on peut dire qu'on y tend vers cette fameuse politique
d'économie !
Depuis l'eau a coulé sous les ponts du Vizézy.
La cour d'assises ne siège plus à Montbrison.
Mais le tribunal est encore là. Pour longtemps
encore, espérons-le. La prison s'est reconvertie
en école de musique. Enfants et jeunes gens y
font des gammes. C'est plus gai.
Joseph
Barou
Sources : presse
locale, année 1958.
Bibliographie : Claude Latta,
Michel Pabiou, " Rue des prisons ", Montbrison
, imp. Cerisier, 1984.
[La
Gazette du 28 septembre 2007]
Judas de la grande
porte
de la prison de Montbrison
(cliché du 26-02-94, J. Barou)
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Tentatives
d'évasion
On pouvait parfois s'évader de la prison de Montbrison.
1844
Journal
de Montbrison du 2
mars 1844
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L'Espoir,
en décembre 1947, relate l'arrestation
d'un prisonnier
qui avait fait la belle avec trois compagnons :
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Porte du quartier
des condamnés à mort
(cliché du 26-02-94, J. Barou)
Règlement
de la prison de Montbrison
en 1843
Journal de Montbrison
du 9 décembre
1843
Vers 1900
Prévenu
entre deux gendarmes au tribunal de Montbrison
(cliché sur plaque de verre, fonds
Tournaire (déposé aux archives de la Diana)
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